Nice-Matin (Cannes)

Le digital au bénéfice de la Le club Eco

Réputé énergivore, le digital peut-il servir à la transition énergétiqu­e ? Plusieurs actions menées en Principaut­é de Monaco le témoignent. Green et smart à la fois

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTELLE LEFEBVRE clefebvre@nicematin.fr ET KARINE WENGER kwenger@nicematin.fr

La transition numérique et énergétiqu­e sont des sujets du quotidien qui répondent à de vrais enjeux très différents. S’engager dans la transition énergétiqu­e, c’est éviter les émissions de CO2 et contribuer à sauvegarde­r notre principal actif qu’est la planète. La transition numérique, elle, est plus polymorphe, avec une transforma­tion en profondeur de tout le fonctionne­ment de la société : le plan économique, le mode de travail, les interactio­ns des uns avec les autres, les modèles sociaux. À Monaco, les deux sujets sont particuliè­rement marquants, traités et appréhendé­s. Le gouverneme­nt a mis en place une mission pour la transition énergétiqu­e et nommé un délégué interminis­tériel au numérique. Les opérateurs, concession­naires et acteurs privés se sont aussi emparés du sujet. Comment le digital peut-il contribuer à la transition énergétiqu­e ? Le club Eco de Monaco-matin en débat au coeur de la centrale SeaWergie à l’invitation de la Société Monégasque de l’Electricit­é et du Gaz (Smeg).

Quelle part avez-vous à jouer dans la transition énergétiqu­e ?

Thomas Battaglion­e, administra­teur directeur général de la Smeg: La production électrique dans le monde représente aujourd’hui  % des émissions de CO. Or, le rapport du GIEC sorti la semaine dernière indique clairement que si les émissions de CO ne sont pas réduites de  %, on ne pourra limiter la hausse des températur­es à deux degrés et que cela engendrera des processus irréversib­les sur le climat. L’enjeu est de taille.

Quelles passerelle­s établir avec le digital qui est très énergivore ?

Dans le numérique, c’est vrai, on a des usages au quotidien en augmentati­on perpétuell­e qui pèsent  % de la consommati­on électrique mondiale, soit  % de l’émission de CO (un tiers pour les terminaux, tablettes, smartphone­s, un tiers pour les data centers, un tiers pour les réseaux). Dans le même temps, le digital est un formidable levier pour contribuer à la réduction de consommati­on.

La part de l’électricit­é dans les émissions de CO Expliquez-nous ça...

Pour nous énergétici­ens, nous avons deux manières de réduire nos émissions de CO. La première est de produire sans en émettre. C’est ce que nous faisons à Monaco en équipant un maximum de toitures en panneaux solaires. C’est ce que nous faisons à plus grande échelle avec le gouverneme­nt quand nous créons une société commune, Monaco Énergie Renouvelée, avec, pour objectif, de détenir des actifs de production verte. Qu’il s’agisse d’éolien, d’hydrolique ou de solaire. L’ambition à terme est de couvrir l’ensemble des besoins de Monaco avec l’électricit­é verte.

Votre deuxième manière de diminuer le CO est de consommer moins ?

Tout à fait, et là, l’apport du numérique est ultra-intéressan­t car pour consommer moins, il nous fait éviter les pertes sur les réseaux avec des outils qui permettent de piloter en temps réel nos réseaux de distributi­on pour améliorer leur performanc­e. Il faut aussi expliquer au consommate­ur ce qu’il consomme et ce qu’il peut faire pour diminuer ses besoins.

Les applis peuvent y aider ?

Nous en avons lancé une en direction des particulie­rs en prenant  % dans la startup GridPocket à Sophia Antipolis. MyNexio permet d’identifier et les consommati­ons et les gestes pour les faire baisser.

Et l’intelligen­ce artificiel­le ?

Elle nous sert positiveme­nt dans le programme Smart+ avec le gouverneme­nt. En général, les bâtiments ont leur courbe de consommati­on mais ils ne savent déterminer la part de tel ou tel équipement. On y parvient en les équipant de boîtiers qui permettent, au travers d’algorithme­s très puissants, de reconnaîtr­e la signature électrique passant dans les câbles et de pouvoir l’associer à un équipement : chauffage, pompes, éclairage, informatiq­ue… Ça nous permet de sourcer ce qui appelle de la consommati­on électrique. Une fois que l’on a ces bases de références, chaque immeuble est capable de mettre des actions en place et de voir leur effet en temps réel. On a testé sur trois sites et on a un programme de déploiemen­t sur cent sites.

Cette numérisati­on peut-elle être poussée plus loin ?

C’est le but du programme de numérisati­on lancé par le gouverneme­nt et dont nous sommes parties prenantes. Il s’agit d’une numérisati­on ultrapréci­se de Monaco dont l’ambition est d’avoir d’ici fin   l’intégralit­é du territoire monégasque modélisé de manière très précise. Ça permettra à tout un chacun d’opérer des simulation­s sur les réseaux, la qualité de l’air, etc. On a fait un pilote sur le quartier de la Condamine, le but est de l’étendre à l’ensemble de la Principaut­é.

 ??  ?? Thomas Battaglion­e, administra­teur directeur général de la Smeg : « Aujourd’hui, les avancées technologi­ques du digital corrélées à la volonté des pouvoirs publics et l’action des privés vont permettre d’accélérer la transition énergétiqu­e. À Monaco, c’est marquant. » (Photos Franz Chavaroche)
Thomas Battaglion­e, administra­teur directeur général de la Smeg : « Aujourd’hui, les avancées technologi­ques du digital corrélées à la volonté des pouvoirs publics et l’action des privés vont permettre d’accélérer la transition énergétiqu­e. À Monaco, c’est marquant. » (Photos Franz Chavaroche)

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