Nice-Matin (Cannes)

Dauphin roi Feuilleton

C’est à Barcelone (2007-2010), que «Titi» va gagner ses plus beaux titres dont une Ligue des champions avec Guardiola mais surtout avec Eto’o et Messi

- MATHIEU FAURE

Difficile de mesurer l’impact de Thierry Henry au FC Barcelone mais force est de constater que le nouveau coach de l’AS Monaco était au Barça au bon moment. Arrivé en , à  ans, « Titi » va être de la fabuleuse épopée de  du Barça de Guardiola. Cette saison-là, l’équipe catalane va tout gagner : Championna­t, Coupe d’Espagne, Ligue des champions, Supercoupe d’Espagne, Supercoupe d’Europe et Championna­t du monde des clubs, rien que ça. Collective­ment, le Barça était au-dessus de tout le monde, de quoi permettre au Français de remporter la C, le seul grand titre qui manquait à son palmarès. Contrairem­ent à Arsenal, où il était l’option offensive numéro , le Henry barcelonai­s sera, parfois, perçu comme la troisième lame derrière Samuel Eto’o et Lionel Messi. C’est surtout son dernier club en Europe avant son départ pour les Red Bulls de New York. C’est également à Barcelone qu’il arrêtera sa carrière en Bleu.

Thierry Henry n’a jamais caché son admiration pour le FC Barcelone alors quand, à presque 30 ans, le meilleur buteur de l’histoire d’Arsenal cherche un nouveau défi, la destinatio­n est toute trouvée. « J’ai toujours que si je m’en allais, je n’irais qu’à Barcelone. J’ai choisi Barcelone. Je vais y signer pour les quatre prochaines saisons. J’ai choisi ce club pour le football qu’il pratique, son histoire, son stade », déclaret-il à l’été 2007 à nos confrères de L’Equipe. Sept ans plus tard, à l’heure de sa retraite, il reviendra dans les colonnes de L’Equipe Mag’ sur ce départ d’Arsenal forcément

douloureux : « C’est une partie de moi qui est morte à ce moment-là. J’ai pleuré. Mais je devais partir parce que je suis un compétiteu­r ». Henry a tout gagné en Angleterre. Tout sauf le plus beau titre : la Ligue des champions. En 2006, il échoue en finale au Stade de France, battu par... le FC Barcelone. Alors en 2007, le Barça met 24 millions d’euros sur la table pour s’offrir Henry. Le Français débarque en Catalogne le même été que Yaya Touré et Eric Abidal. Quand il signe, la presse espagnole s’enflamme pour « Les Quatre Fantastiqu­es » : Ronaldinho, Eto’o, Messi et Henry. Sur le papier, c’est sexy, pourtant le Barça ne va rien gagner (3e en championna­t, demi-finales en C1 et Coupe du Roi). Après une demie perdue contre Manchester United en C1 (0-0, 0-1), Henry est pointé du doigt par la presse catalane : « En plus de ne pas être bon, il passait en zone mixte sans jamais s’arrêter » , rembobine Felip Vivanco, journalist­e du quotidien régional La Vanguardia dans des propos rapportés par So Foot. Malgré une saison aboutie (19 buts, 15 passes en 47 matches), Thierry Henry n’est pas encore totalement à l’ase avec le football barcelonai­s. « C’est dur de s’adapter au Barça quand tu n’as pas été formé au Barça… Tu dois tout désapprend­re, aller contre tes réflexes et réapprendr­e à jouer au football presque comme un nouveau sport », confie-t-il en 2014. Mais «Titi» va finalement se retrouver au bon endroit, au bon moment. Rijkaard éjecté, le Barça mise sur Josep Guardiola qui débute alors sa carrière d’entraîneur après une saison sur le banc de l’équipe adverse. Le même été, les Blaugrana rapatrient Gerard Piqué de Manchester United, misent sur Daniel Alves et Guardiola fait monter en équipe première un jeune de l’équipe B, un certain Sergio Busquets. Dans le même temps, Ronaldinho file à l’AC Milan. Henry retrouve alors de sa superbe et se met la Catalogne dans sa poche à travers certaines déclaratio­ns publiques : « La Catalogne, ce n’est pas l’Espagne, et ça, il faut le sentir. Il faut le vivre pour le comprendre. » A Barcelone, cela suffit pour se faire aimer. La légende raconte que le lendemain, dans le vestiaire, les joueurs catalans l’ont applaudi sous les chants de « Molve Catala », « Vive la Catalogne ». Hasard ou non, il réalise sa meilleure saison lors du fameux sextuplé de 2009 (26 buts, 13 passes en 42 matches). Henry encore : «La perfection collective, je l’ai atteinte avec le Barça. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les résultats. On a gagné en 2009 toutes les compétitio­ns auxquelles nous avons participé. Dans le football moderne, aucune équipe de club n’a jamais réussi un tel exploit. On parlait le même langage, celui du jeu, de la passe… C’était si parfait. » Et le 27 mai 2009, Thierry Henry touche enfin au but. Le natif des Ulis gagne la Ligue des champions avec le FC Barcelone face à Manchester United (2-0). Titulaire, Henry soulève le plus beau titre de sa carrière en club. Déjà vainqueur de la Coupe du monde et du Championna­t d’Europe, le Français a tout gagné. Tout est si parfait que le Barça décide de tout changer l’été suivant. Eto’o est envoyé à l’Inter Milan contre Zlatan Ibrahimovi­c et la formidable machine collective se crispe. Thierry Henry, qui vient de fêter ses 32 ans, n’est plus le même joueur non plus. Dans les faits, le Français réalise sa plus mauvaise saison d’un point de vue des statistiqu­es avec 4 petits buts en championna­t (7e buteur du club sur la saison, derrière Messi, Pedro, Ibrahimovi­c, Bojan, Xavi et Keita). Pis, il sort du onze en fin de saison, au profit de Pedro. Dans la dernière ligne droite, il ne dispute que 13 minutes en quart de finale de Ligue des champions et ne sort jamais du banc contre l’Inter Milan en demi-finale. Vexé de s’être fait piquer sa place par Pedro, jeune joueur qu’il avait pris sous son aile ? Pas du tout. «Vous pouvez demander à n’importe qui, j’étais le premier à lui donner des conseils. J’étais fâché, normal. Mais j’étais joueur du Barça et si je dois aider les mecs à me dépasser, je le fais, je l’ai fait », conclut-il. L’été 2010 sonne la fin de tout. C’est Knysna, où Henry traverse le Mondial comme une ombre, loin de son statut de meilleur buteur de l’Histoire des Bleus. Et c’est la fin de son aventure au Barça puisque «Titi» file aux Red Bulls de New York. Il a 33 ans. Le temps de passer à autre chose. En Europe, il n’a plus rien à prouver à personne.

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