Nice-Matin (Cannes)

VALLAURIS-GOLFE-JUAN La majorité lave son linge en plein conseil municipal

Sur fond de tension entre l’ex-premier adjoint, Michel Bertrand et le maire, Michelle Salucki, les élus de la majorité se sont déchirés et ont donné un triste spectacle. Avec décibels en prime

- VINCENT BELLANGER vbellanger@nicematin.fr

Une minute de silence, une démission (voir encadré), une nouvelle élue, un réglement de compte entre le maire et son ex-premier adjoint. Le conseil municipal de Vallauris-GolfeJuan, lundi, a été houleux. Presque surnaturel tant certains élus de la majorité se sont livrés à une guerre de mots. Et ont montré à un peu plus d’un an des élections municipale­s, un triste spectacle. Et une équipe... divisée. Après la démission de Michel Bertrand de son poste de 1er adjoint et les échanges tendus dans nos colonnes (éditions du 6 et 7 septembre), les Vallaurien­s s’attendaien­t à un 3e round. Ils n’ont pas été déçus.

Un déménageme­nt vécu comme une trahison

Après avoir déploré le « déballage » public, Michelle Salucki est la première à monter sur le ring en livrant (enfin) sa version de l’histoire. « Cet adjoint a été affecté à Valbonne [il est directeur d’école, NDLR]. J’ai été informée en juillet. Il a décidé de déménager de la commune. Je ne l’ai pas su suffisamme­nt tôt pour lui informer des conséquenc­es de ce départ. Sachant que le 1er adjoint a été choisi selon des critères très stricts : il doit travailler autant que le maire et être toujours sur le territoire [...] J’ai appris le déménageme­nt le jour même. Je lui ai donc indiqué qu’il n’était plus possible, du fait de son éloignemen­t, de lui laisser ses délégation­s .» Et Michelle Salucki de préciser que ce retrait va de pair avec les indemnités idoines : « Ma morale m’interdit d’en verser pour une mission qui n’est pas effectuée. » S’estimant être trahie, l’élue n’a, selon elle, « jamais demandé sa démission. » Elle viendrait d’une grande partie des élus de la majorité : « Ils me l’ont demandé. J’ai refusé car pour moi tant qu’il ne percevait plus d’indemnités...» « Je trouve votre argument falacieux, réagit l’opposant Jean-Noël Falcou. Puisqu’aujourd’hui il est toujours membre de la majorité. Donc à ce titre, il est indemnisé... » « Pas du tout, répond tout de go le maire. Vous êtes indemnisés seulement si vous avez une subdélégat­ion. Il est le seul à ne pas en avoir. » « Considérez-vous M. Bertrand comme faisant partie de la majorité ? », questionne Jean-Noël Falcou. « C’est à lui de le dire... », répond le maire.

Bertrand :« Vous voulez aller dans le caniveau »

Cela tombe bien, Michel Bertrand demande le micro. « Même si vous m’avez attaqué, je reste dans la majorité, assure l’ex-adjoint des finances avant de débuter une longue tirade. Parlant de sa rencontre avec Michelle Salucki, évoquant leur amitié (passée), leurs campagnes communes, la fierté d’être élus et les projets qu’ils ont mené ensemble. Voilà pour le bon. Pour faire entendre les explicatio­ns sur son départ, Michel Bertrand devra s’y reprendre à de nombreuses reprises. « Vous parlez souvent des valeurs de la République, commencez par les respecter en m’écoutant », lance-t-il à Michelle Salucki qui l’interrompt. «Vous aimez vous mettre en scène, rétorque le premier magistrat. Je ne suis pas là pour me prendre une leçon de quelqu’un qui a essayé de m’entraîner dans une faute morale grave. » « Je veux donner ma vérité. Vous voulez qu’on aille dans le caniveau. On va y aller ! menace Michel Bertrand. Il y a eu trois actes dans ma démission. En décembre [...] vous m’avez enlevé les arbitrages. Sans raison. Si on enlève les arbitrages à un adjoint aux finances, que lui reste-t-il à faire ? [...] » Au tour de Marie-Claude Moitry de le couper, provoquant les huées du public et un important brouhaha entre les élus. L’occasion pour Michelle Salucki de mettre fin aux débats. Erreur. Le conseiller municipal Patrick Le HoangBa se fâche : « Laissez-le parler ! Si vous lui coupez la parole, je quitte la salle ! » « Je me suis fait virer, s’emporte Michel Bertrand, désormais debout. « Je veux qu’on connaisse vos méthodes. Vous m’avez enlevé mon travail. » « Pourquoi avez-vous supplié pour avoir une subdélégat­ion. Le problème ce sont vos indemnités ! », tacle Michelle Salucki. « Je voulais connaître mon sort, répond Michel Bertrand. Je peux apporter quelque chose. Vous avez essayé de m’exterminer. De me tuer.» « Michel arrête, supplie de son côté l’adjoint aux sports, Didier Daniele. Tu crois que Vallauris a besoin d’un cinéma pareil. » En vain. Michel Bertrand poursuit, évoque un texto envoyé par la maire, une réunion où il n’a pas été convié. Tout ça entrecoupé par de nombreuses vociférati­ons. On retiendra les derniers mots de l’adjoint, Pierre Salmon : « Je regrette le débat de ce soir qui n’est pas à la hauteur de la commune [...] Les gens ne se respectent pas. [...] Les choses ont été dites, parfois trop dites, parfois mal dites. Il est bon de passer à autre chose. Il est bon de continuer les délibérati­ons. Et de poursuivre notre travail. »

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(Photos Philippe Depetris) Joutes verbales au menu du conseil municipal...

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