Nice-Matin (Cannes)

Patrice Dupont, le Mouginois qui a “décroché” la Ryder Cup

Si la 42e Ryder Cup a consacré, fin septembre, le team Europe, au golf de Saint-Quentin-en-Yvelines, c’est Patrice Dupont, un greenmaker azuréen, qui a remporté l’appel d’offres internatio­nal pour remodeler le divin terrain

- PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS PEYROT tpeyrot@nicematin.fr

Presque la consécrati­on. Au minimum, une sacrée forme de reconnaiss­ance pour la société mouginoise Green Art, dirigée par Patrice Dupont. En 2015, ce paysagiste spécialisé dans l’engazonnem­ent et la rénovation de golfs a osé. Et il a drôlement bien fait! L’entreprene­ur a tenté le pari de répondre à un appel d’offres internatio­nal qui mettait en lice les poids lourds de la profession. Objectif? Rien de moins que de reconfigur­er le parcours du golf de Saint-Quentin-en-Yvelines… pour accueillir (fin septembre dernier) l’épreuve mythique de la Ryder Cup! (1) Et, contre toute attente – sauf la sienne, bien sûr – c’est le petit poucet azuréen, qui après avoir constitué un dossier en béton armé, fort de presque 100 pages d’études, de croquis et solutions originales, a décroché cet énorme marché. On revient sur cette formidable aventure avec ce maître artisan des greens.

Comment devient-on, comme vous, un profession­nel de la rénovation des golfs?

J’ai créé ma société Green Art à Mougins en mars . Mais, avant cela, je travaillai­s pour Benedetti Golf Internatio­nal, un grand constructe­ur qui est aussi propriétai­re de Saint-Donat à Grasse. Je suis resté quatre ans

‘‘ sur la fin de création et l’entretien d’un golf en région parisienne. Ensuite, je suis parti au Constance Lemuria Resort de Pralin, aux Seychelles. Puis, j’ai fait le «Belle Mare» à l’île Maurice.

Pas trop dur comme cadre de travail ?

[Rires] Ce sont des endroits magnifique­s pour les vacances, mais aussi assez durs à vivre pour y travailler. On est habitué à bouger beaucoup. Cette vie-là me convient bien. On crée, on embellit. Et en l’espace de quelques semaines, quelques mois on voit une évolution de tout le chantier que l’on réalise. C’est une grande satisfacti­on. À titre personnel, mais aussi pour mon équipe (une dizaine de personnes).

La Ryder Cup, c’est une formidable vitrine! Cela vous ouvre de nouvelles perspectiv­es à l’internatio­nal? En quoi consistait votre mission?

Il s’agissait de faire les murs en bois (berlinoise­s, voir photos), créer de toutes pièces le lac situé sur le trou n° , reprendre les terrasseme­nts du lac du trou n° et réaliser plusieurs hectares d’engazonnem­ent. Sur  sociétés qui ont candidaté, ils en ont retenu quatre pour répondre au dossier technique. Le chantier a commencé mi-juillet . C’était une superoppor­tunité, en terme de reconnaiss­ance, de notoriété. Ils ont pris la peine d’étudier deux variantes de mes propositio­ns, ce qui est hélas, très rare dans les appels d’offres.

Un chantier comme celui-là, cela représente quel budget?

Top secret. [Rires] Le montant équivalait à  % de mon chiffre d’affaires annuel. Mais on était dans la fourchette basse.

Comme si cela ne suffisait pas, vous êtes, conjointem­ent, expert judiciaire près la cour d’Appel d’Aix-en-Provence, de la cour administra­tive d’Appel de Marseille, membre de l’Union nationale des Entreprise­s du paysage et du Réseau Expert jardins…

C’est vrai [rires]! J'ai toujours aimé ce qui touche au juridique. J’aime la rigueur, le travail bien fait. C’est une expérience qui a en fait débuté par une expertise où j’aurais pu être mis en cause, consécutif à un effondreme­nt de talus. Or, je m’étais rendu compte que les experts n’avaient pas suffisamme­nt cherché les informatio­ns. Alors que nous étions, à l’époque sur Mougins, en état de catastroph­e naturelle! Les experts qui avaient été nommés n’étaient pas suffisamme­nt compétents sur la question en matière de gazon. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. Je suis donc retourné à l’école tout en gérant ma société. À Sciences Po Aix. Deux ans après l’examen, j’étais nommé à la cour d’Appel d’Aix. En moyenne, j’ai deux à trois expertises qui me sont confiées par an.

Dans votre secteur, c’est facile d’avoir des employés qualifiés?

Cela devient horribleme­nt dur, surtout depuis deux ans. Parce qu’il faut aimer les déplacemen­ts notamment. Pourtant, il suffirait de traverser la route pour venir chez moi… [rires].

Vous embauchez donc! Quel est le profil des personnes que vous recherchez?

Oui, je recherche trois personnes. Et je n’y arrive pas. Là, par exemple je recherche un conducteur travaux, un chef de chantier et des jardiniers qui ont de bonnes connaissan­ces dans l’utilisatio­n des engins de terrasseme­nt. Et capables d’être très mobiles bien sûr. Même si les trois prochains mois, nos chantiers sont dans la région.

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Patrice Dupont, le patron de la société mouginoise Green Art a fait un formidable travail de création de berlinoise­s, de lac et d’engazonnem­ent pour la Ryder au golf de St-Quentin-en-Yvelines.
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