Nice-Matin (Cannes)

Depuis  ans, Jean-Paul cultive la terre roquettane

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Chez les Campana, on a de la terre roquettane sous les ongles depuis 1829. En effet, pas moins de quatre génération­s se sont succédé entre les murs de cette exploitati­on agricole. Adossé contre les murs de l’exploitati­on familiale, Jean-Paul Campana 66 ans, raconte : «Dans les années soixante-dix, la vallée était pleine de producteur­s, aujourd’hui, nous ne sommes plus que trois. » Celui qui a commencé à monter sur les tracteurs dès l’âge de quatorze ans le reconnaît : «Le métier est dur, on travaille au gré des intempérie­s et la main-d’oeuvre manque. » Mais chez les Campana, la culture agricole, on a ça dans le sang. « À 92 ans, mon père était encore là à trier les oignons. Il disait toujours vouloir donner un coup de main » se souvient Jean-Paul. Au XIXe c’était Pierrot, le patriarche de la famille, qui exploitait la terre. « Quand mon grand-père a repris, on avait des vaches, Saint-Jean c’était tout en prairie ! », une verdure que Jean-Paul a connue étant enfant. « Quand mes parents ont voulu reprendre on a fait beaucoup de jasmin (plante à parfum, Ndlr) et petit à petit on s’est mis à faire du légume ».

Tout à bout de bras Autre temps, autres moeurs, et autre façon de faire: «À l’époque c’était tout à bout de bras. Mes parents et moi mettions des planches en bois le long des rangs pour arracher les poireaux pendant les hivers très pluvieux » se souvient le maraîcher. Aujourd’hui, l’exploitati­on agricole a fait du chemin. « Nous servons les cantines de La Roquette et de Cannes. On sait que les enfants mangent relativeme­nt bien, avec un produit local, cultivé sur place, du producteur au consommate­ur sans intermédia­ire. Hier matin on a récolté des choux, livrés le jour même, c’est de la fraîcheur, de la qualité et surtout une agricultur­e raisonnée » explique Olivier, 41 ans et fils de l’exploitant. Jean-Paul y tient, il faut faire naturel autant que faire se peut. Selon lui, « on voit un retour de plus en plus fort vers le produit local. On sait que quand on plante, la production est déjà vendue. Fenouil, salade, radis, blette, c’est tous les jours. C’est une relation gagnant-gagnant avec la Ville.»

« Avant on faisait les graines » Pourtant, cette modernité n’est pas sans quelques regrets. « Gamins, on voyait mon père récupérer les graines de tomates ou de haricots. Petit à petit on a eu des variétés hybrides qui tenaient mieux.Plus de production mais moins de graines. Aujourd’hui, on travaille avec les marchands de graines, difficile de les faire nous-mêmes comme à l’époque de nos grand-parents.» Pour autant, Jean-Paul n’est pas contre le progrès quand il est intelligen­t : « À l’époque, ce n’était que du plein champ, en faisant des serres on peut travailler et avoir de la production toute l’année. »

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