Nice-Matin (Cannes)

Feuilleton Mister France

Meilleur buteur de l’Histoire des Bleus, Thierry Henry a tout gagné avec la France malgré une conclusion difficile. Un clap de fin qui aurait mérité un autre scénario...

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Difficile pari que de résumer treize ans de Thierry Henry en équipe de France en une seule page. Henry, c’est  buts chez les Bleus. C’est simple, personne n’a fait mieux puisque Platini est à dix longueurs. Henry, c’est une Coupe du monde et un Euro sur le CV.  caps, un brassard, des buts dont tout le monde se souvient comme celui contre le Brésil en quart de finale du Mondial , le plat du pied enroulé de Dublin en éliminatoi­res de ce même Mondial, ou un pion décisif contre le Portugal en demi-finale de l’Euro . Malgré tout, Henry chez les Bleus c’est aussi la fameuse main lors du barrage contre l’Eire pour aller en Afrique du Sud où, sans jamais prendre la lumière, le joueur quittera les Bleus après Knysna. Par une toute petite porte. Thierry Henry aurait mérité une autre sortie. Car l’homme aux  sélections aura tellement apporté à la France. C’est simple, il aura tout donné. Tout.

Le football est parfois injuste. Meilleur buteur de l’équipe de France avec 51 buts, Thierry Henry n’aura jamais eu la cote de popularité d’un Zinédine Zidane ou d’un Michel Platini. Pourtant, les faits sont implacable­s. Meilleur buteur des Bleus lors du Mondial 98, en jouant ailier, et sans une seule titularisa­tion à partir des quarts de finale. Meilleur réalisateu­r de la France lors de l’Euro 2000, toujours en jouant ailier. Encore meilleur buteur des Bleus lors du Mondial 2006 en jouant enfin en pointe. Le tout sans jamais tirer ces penaltys qu’il obtenait, comme contre le Portugal en demifinale du Mondial 2006.

Henry est le meilleur buteur de l’équipe de France mais c’est à Londres qu’il a sa statue. Ironique quand on sait qu’au début des années 2000, on parlait des « Frenchies » d’Arsenal. Entre le football français et Thierry Henry a toujours existé ce lien si atypique. Entre le rejet et l’incompréhe­nsion. Étonnant de critiquer celui qui a tout donné, tout gagné, tout joué et tout vécu avec le maillot tricolore. Formé à Monaco, son seul club en France, Henry n’a jamais pu bénéficier dans l’Hexagone, de facto, d’un soutien populaire massif. « En France, on n’avait pas le coeur assez grand pour aimer Zidane et Henry, détaille Pierre Ménès, consultant vedette de Canal Plus mais également proche du joueur. Il y en avait que pour Zidane mais il n’a pas souffert de ça. La reconnaiss­ance, il l’avait en Angleterre, ça lui allait très bien ». Pourtant, les Bleus lui doivent une fière chandelle. Henry et les grands rendezvous, c’est un sans-faute. Ménès encore : « L’Euro 2000 et la Coupe du monde 2006, ce sont ses sommets en équipe de France. A l’heure où on parle, c’est encore le meilleur attaquant français de tous les temps. On verra par la suite avec Mbappé, mais c’est toujours lui ». Henry, lui, ne s’en est jamais ému publiqueme­nt. Par fierté, sans doute. Certains ont toujours

‘‘ avancé son ego surdimensi­onné comme compagnon de vie. En réalité, Henry est avant tout un compétiteu­r. Un travailleu­r. « On ne te donne jamais rien, il faut aller le chercher. Et je suis toujours allé chercher ce que j’ai eu, par le travail » ,détaille-t-il à Emmanuel Petit dans un entretien diffusé sur L’Equipe TV en 2012. Au début de sa carrière, Henry se définissai­t lui-même comme « un type qui n’avait pas de pied gauche et qui ne savait pas tirer les coups francs ». Ou comment le jeune ailier supersoniq­ue de 1997 est devenu le numéro 9 le plus complet et le plus moderne du football français entre 2000 et 2010. Pourtant, Henry a dû cohabiter avec Zidane pendant la majorité de sa carrière en Bleu. « Avec Zidane, ça marchait moins bien mais il y avait une explicatio­n technico-tactique. Titi se déplaçait de l’axe vers la gauche, Zidane faisait l’inverse. Ils étaient trop près », détaille Ménès. Leader technique, leader offensif comme ce soir de victoire à Nantes, en octobre 2007, où d’un doublé il dépasse les 41 buts de Michel Platini chez les Bleus. Une légende. Mais comme Zidane, qui quittera le football sur un coup de tête, Henry finira sa carrière en Bleu sans la moindre main tendue. Tout commence un soir de novembre 2009 au Stade de France lors du barrage retour contre l’Eire. Dans la prolongati­on,

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