«La pérennité des communes passe par le Département »
« Le Département est la collectivité de la solidarité territoriale. Sa disparition scellerait, à terme, celle des communes.» Charles-Ange Ginésy n’en démord pas et il l’a redit hier : les départements conservent à ses yeux toute leur pertinence dans notre maillage territorial. Le président des Alpes-Maritimes était à Paris pour une réunion autour de Dominique Bussereau, le patron de l’Association des départements de France. Ce dernier avait notamment convié les responsables de cinq collectivités (Alpes-Maritimes, Loire-Atlantique, Haute-Garonne, Gironde et Nord) susceptibles de faire l’objet d’une fusion avec une Métropole. Des échanges en ce sens ont été amorcés depuis cet été par Emmanuel Macron, avec Christian Estrosi en particulier, en vue d’un projet de loi qui pourrait être dévoilé début 2019.
Contexte explosif
Dans les Alpes-Maritimes, le contexte est plus explosif encore qu’ailleurs, les enjeux territoriaux étant largement parasités par la querelle personnelle entre Christian Estrosi et Eric Ciotti. Charles-Ange Ginésy s’est efforcé d’en faire abstraction pour se concentrer sur l’essentiel, avec honnêteté. « Il faut pousser les métropoles, mais pas au détriment des départements, en les laissant dans leur rôle. Elles ont une vocation plus urbaine, plus économique. » De poursuivre: «La spécificité des Alpes-Maritimes fait que la Métropole y a un réel intérêt, on l’a vu pour la réalisation du stade ou du tram, mais ce n’est pas pour autant que le Département doit perdre tout ou partie de ses compétences. Et il n’est pas possible de dire non plus qu’il ne doit garder que le social, avec des financements réduits. On ne peut pas lui enlever le bon et lui laisser le mauvais.» Le président du Département a aussi défendu le pôle métropolitain, regroupant quatre communautés d’agglomération, qui s’est constitué en parallèle à la Métropole NCA et « travaille sur des synergies en matière de déchets, de transports ou de tourisme, sans que cela coûte un euro de plus aux contribuables».
« Il faut une volonté »
«Oui à l’intercommunalité, jusqu’à la métropolisation, pourquoi pas, a posé CharlesAnge Ginésy, mais cela ne pourra se faire sous la contrainte. Il faut que se manifeste une volonté réelle. » Ce qui n’est pas le cas pour l’instant dans les Alpes-Maritimes, pas plus que du côté de Lille et de Nantes, où les projets de métropolisation sont en passe d’être abandonnés. «Ce n’est pas parce que l’actuel président de la Métropole Nice Côte d’Azur est sensible au sort
des communes que ce sera toujours le cas, a conclu CharlesAnge Ginésy. Leur pérennité passe par le Département.»
Lors de cette réunion à Paris, Dominique Bussereau a effectué un plaidoyer similaire en faveur des départements, tandis que Christophe Guilloteau, président de ce qu’il reste du Rhône, a dressé un bilan plus que mitigé de l’expérience du Grand-Lyon, qui a fusionné le Département et la communauté urbaine lyonnaise depuis 2015.
Dans l’attente de parler à Macron
Le président du Sénat, Gérard Larcher, a d’ailleurs annoncé qu’une mission sénatoriale allait être créée pour évaluer cette expérience. Gérard Larcher et Dominique Bussereau déjà reçus par le chef de l’Etat, Charles-Ange Ginésy espère que les présidents de départements susceptibles de faire l’objet d’une métropolisation vont l’être très rapidement à leur tour. Pour expliquer notamment à Emmanuel Macron qu’une pause dans le tohu-bohu territorial incessant ne serait peut-être pas mal non plus, pour la sérénité de tous…