Nice-Matin (Cannes)

Que risque Mélenchon pour son impétuosit­é ?

- OLIVIER SCLAVO

Des perquisiti­ons ont eu lieu mardi matin au siège de La France insoumise (LFI) et du Parti de gauche, ainsi que chez Jean-Luc Mélenchon [photo AFP] et d’anciens assistants du député LFI. Plusieurs vidéos ont tourné en boucle hier sur les chaînes d’info en continu montrant des comporteme­nts de la part du fondateur du parti LFI qui pourraient lui valoir des poursuites judiciaire­s. Dans le cadre des enquêtes préliminai­res sur ses comptes de campagne de 2017 et sur les emplois présumés fictifs au Parlement européen, une perquisiti­on a été menée par l’Office central de lutte contre la corruption et les infraction­s (OCLCIFF) à son domicile parisien et dans les locaux de La France insoumise. Sur des images tournées par les caméras de l’émission Quotidien et par le journalist­e Rachid Laïreche de Libération, JeanLuc Mélenchon se montre agressif avec un policier et pousse le procureur de la République venu encadrer l’opération. Il appelle ses partisans à enfoncer la porte des locaux de FI que les policiers bloquent pendant leur interventi­on. Ces altercatio­ns contraigne­nt les enquêteurs à mettre précipitam­ment fin à la perquisiti­on. Que risque un citoyen, Jean-Luc Mélenchon le premier, en se comportant de la sorte face à des personnes dépositair­es de l’autorité publique ? Me Adrien Verrier, avocat au barreau de Nice et spécialist­e de droit pénal, a repéré deux délits potentiels. « Quand on fait l’objet d’une perquisiti­on on doit laisser passer les autorités, livre Me Verrier. Il faut une personne qui puisse vérifier le bon déroulemen­t de la perquisiti­on, mais personne ne peut s’y opposer. » Dans le cadre d’une enquête préliminai­re, l’autorisati­on de perquisiti­on a d’abord dû être approuvée par un juge des libertés et de la détention. « Ce que l’on voit sur les images pourrait être qualifié d’actes d’intimidati­on pour obtenir d’une personne dépositair­e de l’autorité publique qu’elle s’abstienne d’accomplir un acte de sa fonction. Ce délit peut coûter au coupable jusqu’à un maximum de 10 ans de prison. » Et « pousser un dépositair­e de l’autorité publique, même légèrement c’est une violence, poursuit Me Verrier. Si l’on se trouve jugé coupable de violence légères sur une personne dépositair­e de l’autorité publique, on encourt jusqu’à 3 ans maximum de prison. »

Convoqué aujourd’hui

« Si les agents des forces de l’ordre constatent un délit incident, ils peuvent tout à fait interpelle­r et conduire en garde à vue, le ou les individus responsabl­es », conclut Me Adrien Verrier. Il est à noter qu’hier, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminai­re pour « menaces ou actes d’intimidati­on contre l’autorité judiciaire » et « violences sur personnes dépositair­es de l’autorité publique ». Hier soir, peu après 22 h 30, on apprenait par BFMTV que Jean-Luc Mélenchon serait entendu, aujourd’hui à 11 h, à l’Office central de la lutte contre la corruption. Mais le mandat de député permet à JeanLuc Mélenchon de se prévaloir de l’article 26 de la Constituti­on qui lui accorde l’immunité parlementa­ire, c’est-à-dire qu’il est protégé de toute mesure coercitive comme la garde à vue (sauf en cas de crime ou de flagrant délit). Il appartiend­ra donc au juge de demander au bureau de l’Assemblée nationale cette levée éventuelle d’immunité. De son côté, le parti de La France Insoumise a dénoncé le « caractère politique » de la perquisiti­on et le « deux poids deux mesures » de la justice.

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