Nice-Matin (Cannes)

Panneaux de discorde sur la Croisette?

Comme pour le Mip Com qui vient de s’achever, des panneaux géants envahissen­t la Croisette, dissimulan­t certaines enseignes de luxe... qui voient rouge. Un business pourtant stable

- GAËLLE ARAMA garama@nicematin.fr

La Croisette transformé­e en outil de promotion XXL. Un folklore auquel les grands studios de cinéma nous ont habitués pour le Festival. Mais depuis quelques années, le phénomène s’est généralisé à d’autres grands événements du Palais des Festivals, comme les Tax Free et Mip Com qui viennent de s’achever. Sympathiqu­e et ludique pour les uns. Mais prenant une dimension, disons, envahissan­te pour d’autres. En l’occurrence, les enseignes de luxe qui, du coup, se retrouvent dissimulée­s derrière les méga réclames.

Marque concurrent­e

«A chaque grosse manifestat­ion, on disparaît complèteme­nt derrière les panneaux, peste la directrice d’une enseigne de luxe. Il est même arrivé qu’on nous mette juste devant un panneau vantant une marque haut de gamme concurrent­e ! Un huissier mandaté par notre maison mère est venu le constater et on a pu le faire enlever». Selon cette profession­nelle qui travaille sur la Croisette depuis dix ans, la présence de ces pubs géantes s’est aggravée depuis deux ans. Un constat confirmé par Pablo Folleat, co gérant du Grand Bazar, boutique indépendan­te de l’artère. « Quand on a ouvert il y a deux ans, il n’y avait pas de panneau. Celui-là, on l’a depuis début septembre... » dit le commerçant, en montrant la structure de 33 m2 bouchant sa vue mais aussi sa visibilité. Pas neutre économique­ment.

«Ça tue le business»

«On a vu un vrai impact sur notre chiffre d’affaires. Ça tue le business ! On paye cher le loyer. Si ça continue comme ça, on ne pourra plus se le permettre. C’est une perte pour nous. Et que du bénéfice pour eux». Eux, ce sont les copropriét­és, comme la résidence de l’Impératric­e, très sollicitée­s pour la location de leurs précieux espaces extérieurs. Les immeubles passent ainsi des convention­s avec des annonceurs, avec contrepart­ies financière­s versées à la copropriét­é. Les abords du Grand Hôtel aussi sont très prisés. C’est Hugues Raybaud, son directeur général, qui donne son aval ou pas à la pose de panneaux à la demande de Reed Midem.

« Pas colossal »

Juteux ? « Pour nous, ce n’est pas un business colossal. Cela permet de concourir à l’entretien global du parc » indique le patron du cinq étoiles. La demande n’explose pas. Au contraire, les congrès rétrécisse­nt en temps. Il y a sans doute plus d’établissem­ents qui en font». Stabilité confirmée par la société FSO basée à Mouans Sartoux, qui fabrique, monte et démonte les fameuses bâches. « Pour le MIP Com, on en a installé une trentaine, c’est plus que pour le Festival. C’est stable dans l’ensemble mais fluctuant selon les manifestat­ions. Mais ce n’est pas une grosse année en publicité » assure Peter Flower, son directeur.

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(Photo Patrice Lapoirie) Les panneaux géants cachent certaines enseignes de luxe...

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