Avec Europa Somptuosa, la croisière va vous amuser

Auteur de sa seconde pièce de théâtre, Alain Portier et sa compagnie Quai N°1 présentent pour la première fois cette allégorie d’une Europe qui manque cruellement d’empathie

Alain Portier est un amoureux des planches qui ne monte sur scène que pour assouvir une passion dévorante. C’est la même envie qui l’a poussé à écrire sa seconde pièce de théâtre, Europa Somptuosa, dont la première représentation se joue dimanche, à 15 heures, au théâtre du Tribunal d’Antibes. Avec la compagnie Quai N°1 qu’il a monté il y a deux ans, cet enseignant de français et d’allemand jette cette fois un pavé dans la marre. En abordant des sujets comme l’Europe, l’écologie ou bien les migrations de populations auxquelles nous faisons face avec une empathie remplie de… dédain.

Pour votre seconde pièce en tant qu’auteur, la mise en scène est assurée par un pro !

J’ai rencontré Jacques Bellay lorsqu’il dirigeait un atelier à Anthéa au départ. Un atelier pour lequel j’avais écrit le texte, à la base, justement. Il m’a dit qu’il voulait bien m’aider à la mettre en scène. Nous, petite compagnie (), on était ravis qu’un metteur en scène professionnel veuille rejoindre l’aventure. C’est donc devenu un véritable projet l’an dernier. Ça fait  mois que l’on est dessus.

C’est un projet qui a été long à mettre en place…

Ça a été long pour tout le monde, oui. Lorsqu’on est dans une comédie pro, on bosse comme des fous tous les jours, sept heures par jour et pendant des semaines avant la première représentation. Tandis que nous, amateurs, nous travaillons sur la pièce trois heures, deux fois par semaine. Tout ça prend forcément du temps. Mais le travail de Jacques Bellay a été, en fonction des comédiens et de l’histoire, de faire évoluer la pièce en permanence. Il a fallu réécrire des passages du texte, en effacer d’autres, etc. Toutes les semaines je devais réécrire le texte, c’est beaucoup de travail. Lui est très méticuleux, très précis, et on y a tous gagné. Même si ça a été très dur pour beaucoup de comédiens car c’était plus de travail que ce que l’on imaginait. En arrivant il a posé ses conditions : il nous aide mais on travaille comme des pros. La barre était plus haute et le sujet de la pièce faisait que, justement, on voulait le faire.

Le sujet, justement, c’est quoi ?

L’idée de base est simple : Europa Somptuosa est le plus gros bateau de croisière de la Méditerranée. J’ai fait beaucoup de recherches et je l’ai imaginé en m’inspirant de ce qui se fait aujourd’hui, de tous ces bateaux qui ont un peu des noms de café comme le Fascinosa, par exemple. Donc je l’ai appelé Europa Somptuosa.

L’histoire est celle de croisiéristes en Méditerranée…

Il y a effectivement sept croisiéristes européens, d’horizons différents, sur les douze comédiens qui participent à la pièce. Tous embarquent en tant que V.I.P. sur le bateau. Il y a aussi un capitaine, une hôtesse, un guide et une femme de chambre. Ainsi qu’une narratrice. La croisière démarre très bien et puis, évidemment, tout ne va pas se passer comme prévu…

Votre pièce est une allégorie de l’Europe ?

Mais sans parler de politique. Des questions comme le tourisme de masse, avec les catastrophes écologiques que cela peut engendrer sans que l’on ne s’en rende compte, sont abordées. Et puis il y a la véritable idée de départ de cette pièce : j’étais à la plage et j’ai réalisé que la mer dans laquelle on se baigne est la même que celle dans laquelle des gens se noient tous les jours. Tout ça, dans une forme d’indifférence totale…

Savoir +

Europa Somptuosa, écrit par Alain Portier et mis en scène par Jacques Bellay, dimanche à 15 heures au théâtre du Tribunal, 5 place Amiral-Barnaud à Antibes. Tarifs entre 8 et 18 euros. Rens. au 06.43.44.38.21