Nice-Matin (Cannes)

Le ROG dans la peau

Il est le fleuron de la formation. Ultra-talentueux, l’arrière de 22 ans fait les beaux jours du ROG

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Le rugby, cette évidence. « Petit, quand on jouait au football, il prenait le ballon à la main et partait en courant, se souvient encore son père, Frédéric Lopez. Cette passion pour le rugby est ancrée en lui depuis toujours. » Issu d’une famille de sportif, «mon grand-père jouait déjà au rugby, mon père est professeur de judo et mon petit frère est ceinture noire depuis ses quinze ans », il était écrit que Franck Lopez, « Francky », pour les intimes, embrassera­it une carrière sportive. « Un jour, avec mon père, nous sommes descendus faire un foot à Perdigon. C’est là-bas que j’ai découvert le rugby. Je devais avoir huit ans. J’étais derrière les grilles du stade, je regardais les plus grands jouaient, je ne bougeais plus. Mon père m’a demandé si je voulais essayer. Une semaine plus tard, je faisais mon premier test avec le ROG. » Le Rugby Olympique de Grasse, il ne le quittera plus. Sauf le temps d’une saison, à ses dix-neuf ans, pour découvrir le monde profession­nel, au sein d’un monument : le Racing Club de Narbonne, à l’époque en Pro D2. « Nous sommes arrivés la même année. On a tout de suite accroché, rembobine Alexis François, trois quarts-centre narbonnais, qui n’a jamais perdu contact avec « Francky ». Quand il est arrivé, il était assez timide. Mais avec le temps, il s’est complèteme­nt lâché. On a bien rigolé ensemble. C’est dommage que le club ne lui a pas donné sa chance en équipe première. Aujourd’hui, il aurait largement sa place dans l’équipe. » De retour dans la cité des parfums à l’été 2017, après cette brève parenthèse d’un an sur les bords du canal de la Robine, le Grassois ressasse quelques regrets, sans pour autant s’abattre sur son sort. « Je me suis entraîné toute la saison avec l’équipe première, mais je n’ai pas eu l’occasion de faire une feuille de match en Pro D2. Si j’avais eu cette chance, si j’avais été bon à ce moment-là, j’aurais peut-être pu m’imposer et passer profession­nel. Mais avec des si… » Depuis, le gamin du ROG, pur produit de la formation grassoise, a repris le fil de son histoire avec les siens, son club, déjà à jamais gravé dans son coeur. « J’ai tout connu ici. Le ROG, c’est tellement de souvenirs. C’est mon enfance, mon adolescenc­e. Je suis profondéme­nt attaché à cette équipe. » Lors de la saison 2014-2015, son destin bascule. A seulement dix-huit ans, après dix années à écumer les catégories de jeunes, l’enfant de Perdigon est lancé dans le grand bain, celui de la Fédérale 2, par Gérard Fraser, l’entraîneur de l’époque. « Si le joueur le mérite, s’il peut apporter un plus à l’équipe, il ne faut pas hésiter à le lancer. Même s’il n’a que dix-huit ans, énonce le Néo-Zélandais, qui n’a pas hésité, au moment de placer le jeune Lopez à l’aile ou à l’arrière de son XV. Franck a mis un peu de temps à s’adapter, mais il a terminé la saison dans la peau d’un joueur clé de l’équipe. » Une saison ponctuée d’une montée en Fédérale 1, marquée par l’avènement d’un artiste, au talent inné. « Depuis que Gerard l’a lancé en équipe première, Franck n’a plus jamais quitté l’équipe de départ (excepté son année passée à Narbonne en 2016-2017, N.D.L.R.), se souvient Damien Vacher, l’actuel entraîneur de la première, témoin privilégié de l’essor du jeune champion. « Ses qualités sont exceptionn­elles. Ce que j’aime, chez lui, c’est sa vitesse, son accélérati­on, sa vision du jeu et son insoucianc­e. Franck arrive toujours à s’en sortir. Il n’a pas peur de l’échec. N’hésite pas à tenter. C’est le genre de joueur qu’un entraîneur a besoin dans son effectif. Un très bon finisseur, qui n’a que la ligne dans le viseur. » Chasseur d’essais aux jambes de feu, « Francky », surveillan­t à mi-temps au lycée Léon Chiris de Grasse, a toujours cette envie, ce rêve, dans un coin de la tête. « Passer profession­nel ? J’y pense encore. » Pour son entraîneur, pas de doutes, le gamin a les épaules. «Je l’imagine plus à l’aile qu’à l’arrière. Mais Franck a les qualités pour évoluer un jour en Pro D2. » Et quitter son nid, une deuxième fois ? « Je n’ai pas peur de repartir. Et si ça se passe mal, je sais que le ROG sera toujours là pour moi. » Lui aussi.

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