Pollution: les maires sauvent le nettoyage
La réunion de crise tenue hier soir à Ramatuelle a donné satisfaction aux élus. Le représentant du préfet est venu avec des garanties solides quant au maintien du dispositif de dépollution
L’ambiance était sérieuse et concentrée, hier soir, à 19 heures en mairie de Ramatuelle où était prévue une nouvelle grande réunion de crise dans le cadre du plan POLMAR. La veille, lors de cette même réunion du soir, le co-responsable du plan POLMAR, Eric Lefebvre, avait annoncé aux maires et à leurs représentants que le dispositif serait modifié dès lundi, avec arrêt des 170 personnels de secours mobilisés, lesquels seraient remplacés par 15 hommes d’une société privée financée par l’assureur du navire pollueur. Une nouvelle en forme d’assommoir et visiblement sans appel. La réunion s’était conclue là-dessus, mais avec des maires très, très remontés. Face au malaise, conjugué sans doute aux informations sur la persistance des nappes compactes d’hydrocarbure devant le littoral (confirmée par notre série de photos aériennes), la préfecture du Var a amorcé un rétro-pédalage dès le matin, indiquant que la dépollution durerait « autant de temps que nécessaire ».
Combien de temps ?
Cela n’excluait pas pour autant le remplacement des 170 agents mobilisés par l’Etat par une quinzaine d’employés privés. En fin de journée, une deuxième étape de rétro-pédalage était entérinée, un communiqué de la préfecture annonçant que le dispositif en place serait reconduit tout ce week-end « et dès lundi ». Dès lundi mais pour combien de temps ? Tout l’enjeu de la réunion d’hier soir était de le déterminer. Les maires du littoral du Golfe étaient quasiment au complet, bien décidés à se faire entendre, la députée était là, les responsables des opérations du plan POLMAR, mais aussi le chef de l’entreprise privée, Le Floch Dépollution, chargée d’assurer bientôt le relais, et mêmes les assureurs des deux navires entrés en collision.
« On a eu nos réponses »
La réunion a duré deux bonnes heures, sans la presse invitée à rester dehors. Pour quel résultat ? Satisfaisant de l’avis général des maires à l’issue de la réunion. C’est le directeur de cabinet du préfet, Emmanuel Cayron, pas venu les mains vides, qui a mené les débats. Il a expliqué avoir donné des garanties sur le maintien des moyens humains mobilisés, précisant néanmoins que les assureurs (à travers l’entreprise privée) allaient petit à petit prendre le relais en remplaçant progressivement par des employés privés les agents mobilisés par l’Etat. « La demande du préfet, a-til clairement précisé, est de maintenir l’effort public, le temps pour l’entreprise de réunir l’effectif nécessaire ». Parlant au nom des maires, Vincent Morisse, maire de SainteMaxime, a dit sa satisfaction : «On attendait des réponses, on les a eues. On attendait du concret, on a la promesse d’un dispositif qui va monter en puissance, adapté aux besoins ».
Le bémol de l’anticipation
Les assureurs de leur côté ont déclaré : « Nous sommes présents ce soir pour vous dire que nous prendrons bien nos responsabilités, et en traitant en priorité l’aspect de l’efficacité opérationnelle ». Quant à la grande question du jour : combien va-t-il falloir de temps pour effacer tous les stigmates de la pollution, c’est le pdg de la société privée Le Floch Dépollution qui y a répondu : « Il faudra plusieurs mois c’est sûr, avec un diagnostic que l’on aura bien affiné dans huit jours ». Une réunion positive en somme, avec un dispositif enfin clair : les 170 hommes mobilisés vont s’effacer peu à peu, remplacés par le personnel de la société spécialisée qui garantit qu’ils ne seront pas moins nombreux, en tout cas dans la phase initiale. Le seul bémol de la soirée a été soulevé par le maire de Cogolin, MarcEtienne Lansade, pour regretter à nouveau publiquement le manque d’anticipation de l’Etat, qui n’a pas du tout fait la bonne estimation du volume de fioul qui risquait de se déverser sur les côtes varoises.