Nice-Matin (Cannes)

Le bruit et la fureur  : le retour

- L’ÉDITO de CLAUDE WEILL Journalist­e, écrivain et chroniqueu­r TV edito@nicematin.fr

A en croire Jean-Luc Mélenchon, Sofia Chikirou, qui fut sa directrice de la communicat­ion pour la présidenti­elle, est une très grande profession­nelle. Une as de la com. On le croit volontiers, si l’on en juge par la correction d’image spectacula­ire opérée en - pour faire oublier le Mélenchon du « bruit et de la fureur », métamorpho­sé le temps d’une campagne en humaniste débonnaire. Peut-être aurait-il été bien inspiré de faire appel à ses services pour préparer la conférence de presse d’hier, destinée à reprendre la main, après la calamiteus­e séquence de la perquisiti­on. Ou peutêtre en a-t-il été empêché du fait que Sofia Chikirou, à la même heure, répondait des soupçons de surfactura­tion qui pèsent sur elle. Le fait est que l’on voit mal comment la longue, l’interminab­le diatribe du leader de la France insoumise pourrait être de nature à gagner l’opinion à sa cause. En trois jours, d’ordinaire, la colère a le temps de retomber. Là, non. Ce furent trois quarts d’heure d’imprécatio­ns, une philippiqu­e furibonde contre le pouvoir macronien, épicée d’attaques ciblées contre la ministre de la Justice, le rapporteur de la commission des comptes de campagne (« être vil et dégénéré »), tels journalist­es traités de « Jean-foutre », telle autre de «plumeàgage­s» . Même les socialiste­s et les écologiste­s eurent droit à leur paquet, coupables d’avoir manqué à la solidarité. Mélenchon, « tribun du peuple », contre les forces coalisées du système. Aucun échange ne fut possible, aucun mea culpa esquissé. Des arguments factuels touchant aux procédures furent avancés. Des questions soulevées – sur la protection des données des partis, par exemple – qui ne sont pas illégitime­s. Mais tout cela roulait comme des cailloux dans le torrent sans qu’on ait le temps de les examiner. Ne surnageait qu’une thèse, ressassée : il n’y a pas « d’affaire ». Rien d’autre que « l’offensive politique » d’un pouvoir « entré en agonie » qui instrument­alise la police, la justice et les médias pour tenter de « faire tomber la France insoumise ». Manquaient les preuves d’un si noir et vaste complot… Les convaincus s’en passeront. Sur le coeur de cible, les réseaux sociaux en témoignent, la rhétorique mélenchoni­enne porte. Et plus largement, chez ceux qui, d’un bout à l’autre de l’arc politique, vomissent la macronie. Mais au-delà ? En considéran­t le leader de la France insoumise, ses excès, ses emportemen­ts, les faiblesses qu’ils révèlent, on ne pouvait s’empêcher de penser que pour Macron, la chute de la maison Mélenchon ne serait pas une si bonne affaire.

« Sur le coeur de cible, les réseaux sociaux en témoignent , la rhétorique mélenchoni­enne porte. »

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