Nice-Matin (Cannes)

Thérapie et méditation pour apprendre à gérer le stress

À la une En partenaria­t avec le CHU de Nice, le service de radiothéra­pie du CHPG a mis au point une technique permettant de traiter la névralgie du trijumeau

- NANCY CATTAN

Elle est considérée comme un des états les plus douloureux auxquels peut être exposé l’être humain. Au point de conduire des malades à se donner la mort. Ce qui vaut à la névralgie du trijumeau d’être tristement baptisée la maladie du suicide. Michel, un Varois de 81 ans a, lui aussi, envisagé cette issue tragique, tant ses douleurs étaient devenues insupporta­bles [lire son témoignage en page suivante]. Mais depuis quelques mois, l’octogénair­e ne souffre plus. Rien de miraculeux à ça, « juste » le résultat d’un progrès médical majeur, obtenu au terme de recherches très complexes conduites en partie au sein du Centre hospitalie­r PrincesseG­race (CHPG) de Monaco. «Sur le principe, c’est assez simple: il s’agit d’irradier à très forte dose le nerf trijumeau, responsabl­e des troubles, afin de bloquer l’influx douloureux », résume le Dr Cécile Ortholan, chef du service de radiothéra­pie [lire son interview en page suivante]. Un principe simple, mais une mise au point très ardue, avec quantité de tests réalisés sur des « fantômes », qui a mobilisé pendant cinq années des équipes de médecins, physiciens, manipulate­urs du CHPG associées à celles des neurochiru­rgiens et neurologue­s du CHU de Nice (Pr Denys Fontaine et Dr Michel Lanteri-Minet). « Pour être efficace, il faut appliquer sur ce nerf crânien une dose extrêmemen­t forte de rayons : 90 Gy (1), sachant que pour une radiothéra­pie “classique” , on est en général à 2 . » Le nerf trijumeau étant situé à proximité du tronc cérébral, pas question d’irradier trop largement cette région. D’où un long et complexe travail de mise au point par les équipes de physiciens. « On utilise un accélérate­ur linéaire de particules, un dispositif doté d’un niveau de précision très élevé, inframilli­métrique», précise le Dr Benjamin Serrano, physicien au CHPG. Pendant la séance de radiothéra­pie d’une durée de 45 minutes (dont 15 de « tir » dans le nerf), aucun mouvement n’est permis. « Le patient porte un masque et l’on vérifie pendant toute l’interventi­on qu’il n’a pas de micromouve­ments. S’il bouge par rapport à la position idéale (évaluée lors du scanner et de l’IRM précédant l’interventi­on), la machine calcule instantané­ment ces variations et adapte sa position. » L’autre progrès réside dans la fabricatio­n d’un masque sur mesure thermoform­é qui va « emprisonne­r » le visage du patient, tout en lui assurant un certain confort. Quelque dix patients varois, azuréens et monégasque­s atteints de névralgie du trijumeau ont déjà été traités avec succès par cette technique. Et il n’est pas exclu qu’elle profite dans l’avenir à d’autres pathologie­s, comme l’annonce le Dr Ortholan. « En partenaria­t avec les services de neurochiru­rgie et neurologie du CHU de Nice, nous allons lancer, en 2019, un nouveau protocole au bénéfice des patients atteints de maladie de Parkinson, en essayant cette fois de toucher une zone dans le cerveau responsabl­e des tremblemen­ts. » 1. La dose à l’organe, exprimée en Gy, est la dose moyenne absorbée rapportée à l’ensemble du volume de l’organe considéré.

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 ??  ?? Le Dr Cécile Ortholan, radiothéra­peute, Benjamin Serrano, physicien, du CHPG, ainsi que le Dr Philippe Colin (absent sur la photo) ont participé en première ligne à la mise au point de la technique d’irradiatio­n utilisant un masque thermoform­é sur le visage du patient traité. (Photo J.-S. G.-A.)
Le Dr Cécile Ortholan, radiothéra­peute, Benjamin Serrano, physicien, du CHPG, ainsi que le Dr Philippe Colin (absent sur la photo) ont participé en première ligne à la mise au point de la technique d’irradiatio­n utilisant un masque thermoform­é sur le visage du patient traité. (Photo J.-S. G.-A.)

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