Pas de mission, sans maintenance
Déployés très rapidement après la fin des hostilités entre Israël et le Hezbollah, les chars Leclerc français, plutôt dissuasifs avec leurs tonnes de blindage, ne seront finalement restés au Sud Liban que quatre années. « Ils abîmaient le réseau routier du pays », déclare le capitaine Florian, officier maintenance, pour expliquer leur retour au pays. Nos casques bleus ne sont pas pour autant contraints de se déplacer à pied. Le contingent français de la Finul dispose d’un parc de véhicules, dans lequel on trouve aussi bien de vieux tout-terrain P que des véhicules de l’avant blindé, en passant par des dépanneuses ou encore des engins de chantier. Les routes du Sud Liban ont beau s’être considérablement améliorées, les véhicules sont mis à rude épreuve. Surtout sur un terrain qui ressemble davantage à des montagnes russes qu’au plat pays cher à Jacques Brel. Pour entretenir ce parc, le sous-groupement maintenance adapté au théâtre (SGMAT) s’appuie sur une équipe de mécaniciens et techniciens en tout genre. Outre la mécanique automobile, il faut aussi pouvoir réparer les différents équipements et systèmes d’armes installés à bord des véhicules. Missile filoguidé antichar Milan, appareils de vision nocturne, système de transmission radio… la liste des compétences nécessaires à la mission de maintien de la paix au Sud Liban est longue. Et si ces mécanos restent des soldats, ils ont plus souvent un tournevis ou une clé plate à la main qu’un fusil d’assaut.
Soyez les bienvenus les amis ! » Propriétaire du Super Marché Aoun, à Rmeich, petite commune située à l’extrême sud du Liban, Edmond aime visiblement les casques bleus. Surtout s’ils achètent dans son magasin. « Leur présence a encouragé le commerce. C’est bien », se réjouit, dans un français hésitant, celui qui se présente comme un cousin de l’inoxydable Michel Aoun, le général chrétien devenu président de la République du Liban. Les affaires marchent tellement bien qu’Edmond a pu s’agrandir en 2010. Et pas qu’un peu : il a doublé la surface de son magasin, qui atteint désormais les 1700 m2!
‘‘ L’information a de quoi surprendre quand on regarde une carte du pays du cèdre. Rmeich, dont le nom est écrit en grosses lettres à flanc de colline, est en effet situé à 2 kilomètres à peine de la frontière avec Israël. La fameuse Blue Line. Autant dire qu’en 2006, lors de l’offensive de Tsahal, en représailles à l’enlèvement de deux soldats israéliens par le Hezbollah, la commune était en première ligne. Pourtant, « Rmeich a globalement été épargné par les bombardements israéliens », affirme Anna, qui travaille comme interprète pour la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) depuis une dizaine d’années. Ce miracle, Rmeich le doit sans doute en partie à la confession de sa population. Dans un Sud Liban très majoritairement chiite, « le village de Rmeich est 100 % chrétien », assure Anna. Et il l’affiche ! Partout ailleurs dans la région les drapeaux verts du mouvement Amal et les bannières jaunes du Hezbollah, frappées d’un poing brandissant une kalachnikov, sont omniprésents sur le bord des routes. Quand ce ne se sont pas les portraits de Moussa Sader, Hassan Nasrallah, Ali Khamenei (1), ou encore de quelques martyrs qui ornent les carrefours. Ici à Rmeich, et dans deux ou trois villages alentours, ce ne sont que croix et statues de la Vierge Marie. Seule représentation profane autorisée : celle du général François El Hajj, tué dans l’explosion de sa voiture à Beyrouth en 2007…