Nice-Matin (Cannes)

« Un quotidien bien rempli »

- Le e-sport, c’est parce que vous êtes un gamer ? Vous avez arrêté les études à Paris-Dauphine après un semestre. Ce n’était pas fait pour vous ? Vous avez aussi beaucoup voyagé… Votre vie de nageur est définitive­ment derrière vous? Vous avez encore des ra

Champion olympique à 20 ans, retraité des bassins à 24. Yannick Agnel n’a que 26 ans et pourrait déjà écrire une autobiogra­phie riche et savoureuse. Mais l’ancien nageur de l’ONN repousse cette idée. Après des années d’entraîneme­nt intensif, le jeune homme veut surtout profiter de sa vie “normale”.

On a peu de nouvelles de vous… C’est volontaire. Quand j’ai arrêté la natation, j’avais envie de prendre du recul, de voir autre chose. Cette distance avec les médias m’a aidé.

Quel est le quotidien d’un retraité de  ans ? J’ai un quotidien bien rempli. Je vis à Paris, j’ai toujours des sponsors avec qui je travaille, sur les aspects créatif et événementi­el. Je fais aussi des conférence­s pour des entreprise­s, des administra­tions. J’aime ce partage. J’écris à quatre mains, avec un écrivain, une fiction que j’espère inspirante pour les jeunes. On m’a souvent proposé d’écrire une biographie ou une autobiogra­phie, mais à mon âge, j’aurais eu l’impression d’être déjà mort. Je suis aussi engagé dans différente­s fondations, comme celle de la princesse Charlène. Je vais aussi devenir directeur sportif d’une structure e-sport. C’est un milieu que je découvre avec joie et humilité. Et puis, je peux passer davantage de temps avec ma famille, mes amis et prendre du temps pour moi. Avoir un rythme plus “normal”. Oui, je l’ai toujours été. Après mes entraîneme­nts, j’aimais me poser devant un écran, me vider le cerveau et jouer avec mes amis du bout du monde, que ce soit à League of Legends ou Counter Strike. Après -h d’entraîneme­nt, c’était un exutoire comme la musique ou la littératur­e. C’est sympa d’avoir aujourd’hui l’opportunit­é de faire de sa passion un projet concret. Si un jour j’ai des gamins, je les pousserai à aller à Dauphine. Enormément. En France déjà, pour aller voir la famille. En Europe pour voir les amis, notamment à Londres où j’avais l’impression d’arriver en terrain conquis. Mais je suis surtout tombé amoureux de l’Asie. Je suis allé au Japon, en Corée, en Chine, c’était passionnan­t. Quand on en a marre des Français qui râlent tout le temps et grillent les feux rouges, ça fait du bien de voir cette autre culture, avec davantage d’ordre. Oui, j’ai l’impression d’avoir arrêté depuis dix ans. Je me suis mis en retrait du sport de haut niveau car ça ne s’est pas super bien passé pour ma fin de carrière aux JO (à Rio en  ). Mais, aujourd’hui j’ai envie de regarder devant. C’est important de rendre ce qu’on m’a donné. Je ne suis pas pressé, mais je serais prêt à aider des gamins. Au moins, je n’ai pas besoin de me mettre “minable” pour transpirer. J’ai un rêve à moyen terme, c’est de faire l’Ironman. Le problème, c’est que je suis une “buse” monumental­e en course à pieds. J’ai les pieds plats, les genoux cagneux. Les sportifs de haut niveau se subliment pour les JO. Le peu que j’ai vu de Glasgow, où j’ai quand même regardé les courses de Charlotte (Bonnet), c’est que l’équipe de France fonctionna­it bien. Elle m’a fait penser à celle de Budapest , qui a lancé Londres . Je lui souhaite le même succès deux ans plus tard à Tokyo, où je viendrai, peu importe le rôle que j’aurai. me traverse pas du tout l’esprit. Je pensais ressentir un manque à un moment. Cette adrénaline. J’attends encore. Au début oui. Depuis que j’ai passé le quart de siècle, nettement moins. Ceux qui le font sont ceux qui me connaissen­t peu. La natation a été tellement énergivore, surtout sur la fin, que j’ai eu besoin de changer d’air. Et puis, j’ai eu la chance de gagner tout ce qui était gagnable. Je me dis qu’il y a tellement d’autres choses à explorer. Aujourd’hui, ma vie est plus fun et je suis plus équilibré. de la natation. J’ai eu une période compliquée à Nice. Avec mon entraîneur (Fabrice Pellerin), on a eu pas mal d’engueulade­s. Je sentais que je me mettais en danger, alors j’ai préféré changer pour découvrir une autre façon de concevoir le sport. Partir (en ), c’était une seconde chance. J’étais bien au bout du monde. Mais là-bas, je me suis donné à fond, sûrement trop.

Quels sont vos liens aujourd’hui avec Fabrice Pellerin ? Il s’est passé tellement de choses... A une période, il ne se remettait pas en question. Aujourd’hui, il a changé. Notre histoire lui a servi, car ça se passe bien avec Charlotte, il est bienveilla­nt. Je l’ai vu au mariage de Clément Lefert (en août), ça s’est bien passé. Maintenant, je suis prêt à prendre un café avec lui, ou déjeuner, pour mettre les choses à plat. C’est dommage de rester sur cette brouille. Evidemment, car ça ne se fait pas tout seul. Il y a eu plein de bons moments ensemble, avec Camille (Muffat), Clément (Lefert) ou Charlotte (Bonnet). C’était une belle période, avec plein de titres. J’aimais me retrouver sous l’eau, cette sensation de glisse. Je m’imaginais comme dans le Grand Bleu. J’étais seul avec moi-même. Et puis j’ai toujours aimé la compétitio­n. Comme je n’étais pas mauvais, cette vie est venue à moi naturellem­ent. Il y a beaucoup de moments cool, mais j’ai toujours souffert de ne pas avoir de temps à côté quand on s’entraîne h par jour.

 ??  ?? Yannick Agnel s’investit pour la Fondation de la princesse Charlène de Monaco, comme ici au Water Bike Challenge, en juin dernier.
Yannick Agnel s’investit pour la Fondation de la princesse Charlène de Monaco, comme ici au Water Bike Challenge, en juin dernier.

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