Nice-Matin (Cannes)

Mémoire de Grassois Jean-Pierre Casabianca

- CORINNE JULIEN BOTTONI

Retrouvez cette rubrique qui donne la parole à un habitant de la cité des parfums ou du pays grassois. Aujourd’hui, Jean-Pierre Casabianca évoque la « basse ville » et le quartier des usines.

Au coeur du siècle dernier, dans le quartier des usines, la vie n’est pas la même que dans les autres secteurs de la cité. Pour la plupart des citadins, surtout ceux issus des catégories sociales les plus aisées, l’endroit s’apparente à une « Basse Ville », avec tout ce que cette appellatio­n peut recouvrir de méprisant, voire d’effrayant. Ces faubourgs accueillen­t pourtant les grandes fabriques de parfumerie, autant de fleurons économique­s, qui emploient pour la plupart, des centaines d’ouvriers. Cet univers où, là plus qu’ailleurs, a battu le coeur de la cité, JeanPierre Casabianca l’a bien connu. Employé chez Lautier, une société fondée à la fin du XVIIIe siècle, aujourd’hui disparue, il se souvient de l’atmosphère particuliè­re qui régnait alors au sein du quartier. « L’avenue Chiris pentue et peuplée était une véritable ruche. Tout au long de la journée, ce n’était qu’un va-et-vient incessant de camions, voitures et piétons qui rejoignaie­nt les différente­s usines. J’étais chef de service commercial, au départemen­t des arômes et je côtoyais de nombreux clients. »

Le parfum de Marielle Goitschel

Et Jean-Pierre de se souvenir de la skieuse Marielle Goitschel, qui voulait créer un parfum pour la jeunesse. Un projet qu’elle ne pourra jamais réaliser, à cause d’un grave accident de voiture qui faillit lui coûter la vie. Les sirènes scandent les journées de travail. Le soir, les employés emportent avec eux des effluves entêtants qui se répandent dans les ruelles de la vieille ville, là où habitent la majorité d’entre eux. Dans les années 1970, l’usine Lautier emploie plus de deux cents personnes. Il règne au sein de l’entreprise une ambiance conviviale.

Un univers de fumées et d’enivrantes odeurs

« Il y avait un arbre de Noël pour les enfants du personnel, mais aussi pour les retraités. On se retrouvait tous ensemble pour partager ces moments festifs où chacun évoquait ses souvenirs. » Le quartier compte aussi d’autres firmes. Tous les employés se connaissen­t et le personnel de Bertrand Frères vient déjeuner au réfectoire de Lautier car il n’en existe pas au sein de leur entreprise. En contrebas, s’élève Chiris, installé dans l’ancien couvent des Capucins, sur l’emplacemen­t de l’actuelle cité judiciaire. À proximité, Roure offre ses façades altières et composites. Les hautes cheminées qui déchirent le ciel, rejettent de fumées que le vent rabat sur le quartier. « J’ai vécu des années au milieu des parfumerie­s, au coeur des odeurs suaves et pesantes qui faisaient partie de notre quotidien. »

La Ferrari du parfumeur

Mais il n’y a pas que de grandes structures. À proximité de Lautier, se tient la petite fabrique du parfumeur Rodrigue Romani. « C’était un personnage haut en couleurs, talentueux et au demeurant fort sympathiqu­e. Il possédait une Ferrari et prétendait qu’il était souvent arrêté pour excès de vitesse, alors qu’il roulait tranquille­ment. Mais à l’époque, conduire une Ferrari sous-entendait que l’on se déplaçait toujours à une trop vive allure ! Il avait toujours quelque anecdote truculente à nous raconter. » Aujourd’hui Jean-Pierre et son épouse Danielle demeurent à Peymeinade. Très proches de leurs six petits-enfants et de leur arrièrepet­it-fils, ils restent fort actifs et toujours impliqués dans la vie associativ­e. Depuis longtemps déjà, Jean-Pierre est le président des Artistes du Pays Grassois, une associatio­n créée dans les années 1950. Peintre talentueux, il manie avec le même brio l’aquarelle, le fusain et l’encre. Toujours passionné par l’histoire de la cité des Parfums, il va souvent cheminer dans l’avenue Chiris et la traverse Font-Laugière. Si la démolition des anciennes usines a modifié le parcellair­e du quartier, le réseau viaire est resté le même et l’on retrouve l’emplacemen­t des fabriques d’antan, dont certains vestiges subsistent toujours. Une occasion de se souvenir de l’époque où Grasse était un grand village peuplé de puissantes fabriques.

Hommage à Martin Luther-King

– Une exposition consacrée à Martin Luther-King est à découvrir jusqu’au jeudi  octobre, dans le hall du Palais des Congrès. Horaires : de 10 à 12 h et de 14 à 19 h. Entrée libre. –Cemardioctobre,à  h, une conférence­débat, Martin LutherKing et son combat en faveur des droits civiques dans une Amérique ségrégatio­nniste sera animée par Eddy Nisus, historien et pasteur, à la chapelle Victoria. , avenue Victoria. Libre participat­ion aux frais.

Dispositif Cliiink : animations pour les familles

Cemardioctobre,de àh,aupointde collecte des déchets des résidences Capucins Marigarde seront proposées des animations festives et gratuites de découverte du dispositif Cliiink pour les parents et les enfants. Au programme : démonstrat­ion sur le fonctionne­ment et l’utilisatio­n de Cliiink, jeux éducatifs sur le tri et le recyclage du verre, remise des badges utilisateu­rs et aide à la création des comptes, tirage au sort et cadeaux à gagner, goodies... Goûter offert. Entrée libre. www.paysdegras­se.fr/cliiink

Cours de latino reggaeton

Avec Youlita, tous les mardis, à partir de  h, dans la salle municipale de Plascassie­r, chemin du Servan. Tarif : 5 euros le cours. Rens. 07.80.37.28.46. ou 07.85.39.32.75. you-lita-danse-asso@hotmail.com

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Hier : Jean-Pierre Casabianca, dans un des laboratoir­es de Lautier où l’ambiance conviviale prévaut. Aujourd’hui : Jean-Pierre regarde toujours avec plaisir les anciennes photograph­ies du quartier des usines.
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(Photos DR et C.J.-B.)

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