West Nile: pas de restriction du don de sang dans la région
Pour éviter la transmission du virus, un test est effectué dans notre région avant chaque prélèvement. En revanche, les donneurs de la région doivent attendre 28 jours avant de donner leur sang hors Paca
Après l’information délivrée par nos confrères du Parisien selon laquelle le don du sang serait restreint à cause du virus du West Nile qui sévit dans notre région (23 cas autochtones depuis juillet), la panique s’est emparée des donneurs de la région. Le professeur Jacques Chiaroni, directeur de l’EFS (Etablissement français du sang) de Paca/Corse précise quelques points clés.
Depuis quand ces mesures ont-elles été mises en place ?
Dès le lendemain du recensement fin juillet début août des premiers cas humains de virus du West Nile (aussi appelé virus du Nil occidental) dans la région, deux mesures ont été prises. La première a concerné les personnes qui donnent leur sang en région Paca. Pour elles, a été mis en place un test de dépistage systématique du virus du West Nile pour déterminer si ces donneurs avaient été en contact avec le virus. Les donneurs en Paca ne sont nullement exclus du don puisque leur sang est systématiquement testé. La deuxième a concerné les personnes qui avaient séjourné au moins h en région Paca et qui souhaitaient donner leur sang dans les autres départements que ceux qui composent la région Paca. Ces donneurs ne peuvent donner leur sang pendant une période jours suivant leur séjour en Paca. Cette mesure s’applique déjà depuis longtemps pour les personnes qui ont séjourné en Grèce, dans les Balkans ou encore en Italie du nord, où le virus du West Nile est bien présent.
Quelle est la valeur du test utilisé ?
C’est un test parfaitement validé qui fonctionne bien et que l’on peut déclencher à la demande en fonction de la situation épidémiologique. On a utilisé l’an dernier des tests similaires après le recensement des cas autochtones de dengue et de chikungunya. Avec toujours le même objectif : dépister les sujets en contact avec le virus.
Pourquoi ne pas systématiser la réalisation du test partout en France, sachant les besoins en sang ?
L’exclusion pendant jours des personnes qui ont séjourné en Paca n’a pas d’impact sur les stocks. Si demain, cela en avait, on réfléchirait à systématiser la réalisation du test pour tous les dons de sang en France. Mais, l’activité entomologique est de moins en moins importante, et la probabilité de généraliser réduite.
Pourquoi des mesures aussi importantes ? Appliquez-vous le principe de précaution ?
Dans la majorité des cas, les personnes contaminées par le virus du West Nile ne manifestent aucun symptôme. Quelques-unes développent un syndrome grippal. Mais il reste quelques cas graves. Et le risque de développer une forme grave est accru lorsque le virus est transmis par transfusion ; c’est à la fois lié à la fragilité des receveurs, et à l’injection directe du virus dans le sang. Quelques cas graves de méningoencéphalite, ayant pu aboutir au décès ont ainsi été recensés aux Etats-Unis chez des patients transfusés. Aussi était-il impératif de mettre ce type de mesures en place ; il ne s’agit pas d’appliquer le principe de précaution, mais de répondre à un risque avéré.
Ces mesures ont-elles permis de dépister des personnes contaminées sans le savoir parmi les donneurs en Paca.
Oui. Courant août, un donneur positif pour le virus du West Nile a été identifié grâce au test.
Quelles auraient pu être les conséquences si le test n’avait pas été réalisé et donc ce don exclu ?
Sachant qu’à partir d’un don, on fabrique trois produits (un concentré de globules rouges, une poche de plasma et un concentré de plaquettes), trois receveurs auraient pu être contaminés par transfusion. D’où l’importance de réaliser ce test systématiquement.
Jusqu’à quelle date les mesures sont-elles maintenues ?
A priori jusqu’au er décembre. Mais cette période pourrait être prolongée selon les informations transmises par les professionnels qui suivent l’activité du moustique sur le territoire.
Une crainte aujourd’hui ?
On craint effectivement que les donneurs qui vivent et donnent leur sang en Paca ne se sentent concernés par la restriction, alors qu’en cette période de vacances, les besoins en sang sont encore plus importants. Une erreur d’interprétation pourrait, elle, impacter négativement les stocks de sang.