12 mois avec sursis pour le tueur de chien
Le jugement, prononcé hier par le tribunal correctionnel de Grasse a provoqué mouvement de colère et menaces de mort. Des policiers ont dû escorter le prévenu jusqu’à son arrêt de bus
Le tribunal correctionnel de Grasse a condamné hier après-midi M. P., 72 ans, ancien légionnaire d’origine allemande, à douze mois avec sursis. Une peine assortie d’une obligation de soins psychiatriques et d’une interdiction de détenir un animal. Il devra verser un euro de dommages et intérêts à chaque association partie civile, ainsi que cent euros à chacune pour les frais de justice. À l’annonce de la peine, deux femmes se sont levées dans le public, criant : « C’est une honte ». La présidente, qui avait prévenu qu’elle exigeait le calme à l’énoncé du jugement, a dû leur demander d’évacuer la salle. « Assassin d’animaux, fais bien attention à ne pas prendre une balle dans la tête», ont-elles alors lancé. La présidente, faisant consigner l’incident et les menaces de mort, a dû demander une protection pour que le prévenu puisse quitter la salle d’audience sans encombre. Poursuivi par un groupe de femmes, visiblement en colère — l’une d’elles le traitant de « salopard » — il a été raccompagné jusqu’à un arrêt de bus et encadré le temps de pouvoir quitter les abords du tribunal.
Actes de cruauté
M. P. était jugé pour actes de cruauté envers un animal. Le 28 juin, ce Grassois avait tué son chien dans la cave. Il avait expliqué lors de son procès qui s’est tenu le 25 septembre dernier que le Yorkshire appelé « Cacahuète » l’aurait, ce jour-là, « regardé, et fait ses excréments dans la salle ». M. P. avait alors pris un marteau, un sac, des serviettes, et était allé sauvagement en finir. L’autopsie révélera plusieurs coups de marteau. Une pétition en ligne avait été lancée. Elle a recueilli plus de 99 265 signatures. Adressée au procureur du tribunal de grande instance de Grasse, la pétition réclamait une « punition exemplaire » pour l’assassin du chien, passible de deux ans de prison. Dénonçant cette pression extérieure, le procureur de la République, Marie-Nina Valli, avait mis en garde le juge unique, Pascale Segrera : « C’est vous seule qui allez prononcer cette peine, ce n’est pas la clameur publique. » Elle avait requis un an de prison dont six mois avec sursis. Mais aussi une obligation de soins et une interdiction définitive de détenir un animal. Le prévenu, qui ne fera donc pas de prison sauf à recommencer dans les deux ans, n’a pas dit un mot à l’écoute du jugement.