« Comme disait Coluche, c’est frustrant d’avoir un grand bagage et de ne pas savoir où le poser »
Pour réaliser cette interview, il a d’abord fallu trouver un créneau. Au téléphone, une voix chaleureuse : «Je suis en réunion, on peut se voir vers
15 heures? » Cette phrase, Célia Peretti, pétillante Niçoise de 33 ans, rêvait d’avoir à la prononcer. Elle a enfin signé un CDI en juillet, au terme de six mois de chômage. Le Graal. «À 33 ans, les gens commençaient à me regarder bizarrement», sourit-elle. Célia est du type très diplômée. Khâgne et Hypokhâgne, deux licences de lettres, trilingue, bac +5 : excusez du peu. «Mais comme disait Coluche, c’est frustrant d’avoir un grand
bagage et de ne pas savoir où
le poser.» Ses valises, Célia les a donc finalement posées chez Tamaris Sécurité, boulevard du Mercantour à Nice.
CDD sur CDD...
La société a vu en elle les compétences qu’elle cherchait pour un poste «d’assistance de direction en charge de l’événementiel, coordinatrice
d’événements». Après ses études, et ne sachant selon son propre aveu pas trop quoi faire de tous ses diplômes, Célia s’était orientée vers le tourisme. Elle a enchaîné les CDD, dont un contrat à la sécurité de l’événementiel à l’office de tourisme de Nice, pour le carnaval. Une référence. CDI en poche, Célia fait donc partie de cette vague record de Français embauchés en contrat à durée indéterminée au dernier trimestre [lire cidessus]. Record, pas record, elle se dit juste soulagée. «Être en CDD, c’était très pénalisant. J’ai par exemple rencontré de grosses difficultés pour obtenir des crédits. Être en CDD, c’est aussi ne pas pouvoir faire d’enfants. Et puis ces gens qui te regardent en te disant : “Alors, toujours pas de poste?”» Une vie entre parenthèses mais au pas de course, de contrat en contrat. Alors non, Célia n’est pas commissaire-priseur comme elle en rêvait dans sa jeunesse. Elle s’est vu proposer tant de boulots sous qualifiés, en dessous du Smic horaire, qu’elle ne les compte plus. Mais elle s’est acharnée à chercher par elle-même, sur les réseaux sociaux, via ses contacts. Le nez dans le guidon. «Pôle emploi ne trouvait rien qui corresponde à mes compétences.»
Aujourd’hui, Célia regarde son avenir personnel et professionnel avec confiance, et ça se voit. Il est des sourires qui racontent plus qu’un CV. G. L.