Nice-Matin (Cannes)

GOLF « Ça n’a plus rien à voir »

Le Cannois Victor Dubuisson, forfait cette saison pour cause de blessure au tympan, a annoncé son retour à la compétitio­n. Loin des tournois, il en a profité pour se refaire une santé

- FABIEN PIGALLE

La dernière fois que nous avions rencontré Victor Dubuisson, il venait de se faire opérer d’un tympan. Celui-là même qui l’avait obligé à déclarer forfait pour le reste de la saison. C’était le  mai . Depuis, la pépite du golf français que beaucoup rêvaient de voir en Ryder Cup, s’est faite très discrète. Comme souvent. Des bruits de club-house faisaient état d’un nouveau Victor. Transformé physiqueme­nt. Lundi, il nous a donné rendezvous dans son fief, au Old Course Cannes-Mandelieu dont il est l’ambassadeu­r pour nous accorder une interview. Paré de bleu, avec vingt kilos en moins sur la balance, il a accepté de bavarder durant une demi-heure. Lui, une mandarine à la main. Nous, un stylo. Il a pris un café -sans sucre-, et n’a même pas touché à la noisette au chocolat posée sur la sous-tasse. Souriant, il nous a annoncé son retour à la compétitio­n avant de filer s’entraîner l’après-midi. Dubuisson est bien de retour. Délesté de ses maux... et ses kilos.

Est-ce que ça vous a fait du bien de poser les clubs ?

C’était plutôt contraigna­nt. J’avais bien joué en fin de saison . J’ai décidé de me faire opérer des sinus pour régler ce problème qui m’obligeait à prendre beaucoup de cortisone. Ça s’est mal enchaîné à partir de là et j’ai eu mon problème au tympan. Mes sensations au putting étaient bonnes. Ça m’a un peu foutu en l’air. J’étais dans le dur.

Qu’avez-vous fait pendant ces  mois d’absence ?

Je ne pouvais pas voyager. J’en ai surtout profité pour me refaire une santé physique car j’étais en surpoids depuis plusieurs années. Ça m’handicapai­t au niveau de mes articulati­ons, mes genoux, sans parler de mon souffle. Je me suis concentré là dessus. J’ai perdu près de  kilos. Je ne pouvais ni courir, ni faire des exercices avec des chocs à

‘‘ cause de mon opération. J’ai donc suivi un programme avec une nutritionn­iste pour trouver une bonne alimentati­on régulière sur le long terme. A partir de là, j’ai dû prendre mon mal en patience en regardant tous les tournois à la télé.

Dans des précédente­s interviews vous disiez que le surpoids n’était pas un problème pour performer ?

Disons que ça ne me gênait pas sur le parcours, mais sur la longueur d’une saison, oui. Je n’étais pas régulier dans la performanc­e, il faut le reconnaîtr­e. J’ai de grandes parties de saison où c’était le néant (rires). Je passe souvent à travers les Rolex series en milieu d’année. Mon physique m’handicapai­t à ce niveau-là. Ce n’est pas une question de fatigue mais d’incidence sur mon swing. Je n’arrivais plus à tourner. J’ai repris la semaine passée, je me suis entraîné avec Benoît (Ducoulombi­er), ça n’a plus rien à voir. Vous ne vous reconnaiss­ez pas ? Il faut que je me retrouve, clairement. Mes sensations ne sont plus les mêmes avec  kilos en moins. J’étais très engoncé. Là, je suis plus souple, plus libéré dans mon geste. Je dois apporter plus de contrôle à tout ça. Il est important que je travaille ça avec Benoît. Je me sens mieux, et je tape beaucoup plus fort. J’avais commencé à perdre en distance de ne pas pouvoir tourner.

Quelle est l’importance de Benoît Ducoulombi­er dans votre retour ?

On s’est vu à plusieurs reprises. Il est très important pour moi. Le fait qu’il soit là va me permettre de gagner énormément de temps pour recadrer mon golf. Il me connaît par coeur. En même pas une après-midi, il va pouvoir réadapter mon swing à mon physique.

Quand reprendrez-vous ?

Que ce soit clair : je n’ai pas touché un club en sept mois. J’ai joué une partie avec un ami en sept mois où je n’ai pu faire que  trous. Et une autre, la semaine dernière. Normalemen­t, j’aimerais reprendre à Hong-Kong (fin novembre, premier tournoi de la saison ). Mais il faut que je vois car la semaine dernière je me sentais bizarre. Un peu de vertige... mais on m’a dit que c’était normal quand on reprend à taper au début. Hong-Kong et l’Afrasia Bank Mauritus Open (l’île Maurice), c’est ce que j’ai prévu de faire si tout se passe bien.

Ça fait quoi de se dire que vous repartez sur le circuit après un si long arrêt ?

Ça va faire bizarre au début. Ce n’est pas la question de jouer. Pas la question du jeu pur, mais plus des habitudes qui vont avec. Rejouer un événement important, le putting, la lecture des greens, le rythme.

Qu’attendez-vous de cette saison  ?

Je ne me fixe pas d’objectifs. Je n’ai aucune idée de comment ça se passera sur les premiers tournois et des sensations que je vais avoir. Mais ça fait longtemps que je suis sur le circuit, je pense que ça reviendra assez vite.

Allez-vous accepter d’être patient ?

Oui évidemment. Au début je ne vais pas être très exigeant (rires). Je vais m’entraîner avec Benoît et je sais qu’avec lui je vais gagner du temps. Mais j’irai tranquille­ment, sans brûler les étapes.

Comment avez-vous vécu la Ryder Cup ?

J’ai regardé ça avec mes amis, c’était top.

Mais de ne pas y être, était-ce frustrant ?

Non. Vous savez, le niveau était tellement haut. Beaucoup trop élevé. Je n’aurais rien pu espérer. Je ne me fais pas d’illusions en général. Je n’avais pas bien joué les trois premiers quarts de saison pour y être.

Les médias ontils eu raison de croire qu’un Français pouvait jouer cette Ryder Cup ?

Je pense qu’ils étaient un peu dans l’illusion.

Alexander Levy a évoqué une pression énorme…

Je pense qu’il aurait pu la jouer car il avait gagné au Maroc. Mais tout le monde s’est enflammé. Et c’est un peu dommage je trouve de lui avoir mis autant de pression. Les gens ne se rendent pas compte de la difficulté. Ça aurait été top d’avoir un Français en France, c’est clair. Mais la plupart des joueurs de l’équipe européenne disputaien­t les WGC, Majeurs etc. Le nombre de points à marquer est énorme pour se qualifier dans cette équipe. Quand je me suis qualifié pour la Ryder Cup à Gleneagles, j’avais remporté la Turquie, n’avais pas très bien joué en début de saison comme d’habitude, puis réalisé un Top  et Top  en Majeurs, bien disputé les WGC etc. Il ne faut jamais s’arrêter de faire des perfs.

L’attente est énorme autour de vous, ressentez-vous de la pression ?

Pas trop… Comme j’ai été un peu loin de tout ça, je n’y pense pas. Je vais faire mon truc dans mon coin et voilà.

Vous avez signé un premier retour, publicitai­re celui-ci, avec BMW où l’on vous voit faire des approches depuis le pont d’un voilier. Vos sponsors sont toujours là ?

Bizarremen­t oui (sourire). Aucun ne m’a lâché. Sincèremen­t, ils auraient pu. Mais il y en a deux où j’étais en fin de contrat et ils m’ont renouvelé. C’est une fierté de voir qu’ils me font toujours confiance. J’ai toujours eu des rapports particulie­rs. Je m’entends très bien avec tout le monde (Robertet, Old Course Cannes-Mandelieu, ISPS Handa, Hugo Boss, Taylormade). *Retrouvez l’intégralit­é de l’interview sur notre site nicematin.com

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(Photos Fab.P.) Victor Dubuisson, ambassadeu­r du Old Course.
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Jean-Stéphane Camérini, propriétai­re du Old Course, et Victor Dubuisson.

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