Syrie : un sommet inédit à Istanbul
Les dirigeants de Turquie, Russie, France et d’Allemagne étaient réunis hier à Istanbul pour un sommet inédit sur la Syrie visant à préserver une trêve fragile dans le nord-ouest et avancer vers une issue au conflit. Lors de cette rencontre, les présidents russe Vladimir Poutine, turc Recep Tayyip Erdogan, français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel doivent chercher des passerelles entre leurs initiatives concurrentes pour mettre fin à la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011. « Les yeux (...) du monde sont rivés sur nous aujourd’hui », a déclaré M. Erdogan : « J’espère que nous avancerons de manière sincère et constructive et que nous serons à la hauteur des attentes ».
« Essayer d’avoir une position partagée »
Cette rencontre survient alors que la situation dans la province rebelle d’Idleb (nord-ouest) reste explosive : des frappes du régime y ont fait sept morts vendredi, le bilan le plus élevé depuis l’entrée en vigueur mi-septembre d’un accord russo-turc ayant imposé un relatif silence aux armes. L’accord entre Moscou, allié du régime, et Ankara, parrain des rebelles, prévoyait notamment la mise en place d’une « zone démilitarisée » de 15 à 20 km de large pour séparer les territoires insurgés d’Idleb des régions gouvernementales. MM. Erdogan et Poutine avaient conclu cette entente in extremis alors que le régime était sur le point de lancer une offensive de grande ampleur sur cet ultime grand bastion de l’opposition, au risque d’une catastrophe humanitaire. Lors du sommet, les quatre dirigeants chercheront également à insuffler une nouvelle impulsion au processus politique pour mettre fin à ce conflit complexe qui a fait plus de 360 000 morts et des millions de déplacés, selon Ankara. Sur ce point, la formation sous les auspices de l’ONU d’un Comité constitutionnel censé élaborer une nouvelle loi fondamentale s’annonce comme l’un des principaux défis en raison du blocage du régime. L’émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura,
qui a déploré vendredi la paralysie de son plan, était lui aussi présent. Selon la présidence française, l’un des sujets abordés lors du sommet est celui d’un «calendrier pour essayer d’avoir une position partagée »surle fait d’avoir une première réunion du Comité constitutionnel «avant la fin de l’année», ce qui serait « une nette avancée».