JUSTICE Trois ans de prison pour le SDF voleur de bague qui menait grand train sur la Croisette
Norman 71 ans, un riche Américain en vacances sur la Côte d’Azur avait loué avec sa compagne une belle villa à Saint-JeanCap-Ferrat pour la bagatelle de 75 000 € (*). Pensant couler des jours tranquilles dans la somptueuse résidence avec accès direct à la mer, ils sont victimes d’un cambriolage dans la nuit du 7 au 8 août dernier. Pour le voleur, il s’agit d’un butin inespéré : une bague avec un diamant de 14 carats pour une valeur de 355 000 €, une montre Ebel (17 000 €), une montre (4000 €) et deux sacs Chanel, 2 ordinateurs portables, 1000 € en cash et une carte American Express. Préjudice estimé : 395 335 €. Ce cambrioleur, chanceux grâce à la carte de paiement volée qui ne nécessite pas de code, s’empresse de faire quelques emplettes à Cannes. Une paire de lunette de soleil à 500 euros et 10 paires de chaussures de luxe, dont cinq commandées à venir retirer en magasin !
vols au total
Le grand chic… Mais c’est dans sa chambre d’hôtel que Ben Ali Fellag, SDF de 43 ans, se fera pincer par la police. Identifié au préalable par des traces ADN laissées sur les lieux du cambriolage, et repéré au magasin par des caméras de vidéosurveillance, il reconnaîtra immédiatement les faits. Il comparaissait vendredi devant le tribunal correctionnel de Grasse présidé par Pierre Kuentz. Et ce n’est pas la seule affaire dans laquelle Ben Ali serait mis en cause. À la recherche d’argent frais pour assouvir son addiction à la cocaïne, il est impliqué dans 27 vols aggravés, écumant tout le département entre fin juin et fin août. Un sacré palmarès pour des vols ou tentatives de vols à Tourrettessur-Loup, Saint-Paul-de-Vence, Vence, Antibes, Biot, Villeneuve, La Colle-sur-Loup. « Qu’avez-vous à dire sur ces faits ? » lui demande le président. Assis, se tenant la tête entre les mains, on lui demande de se lever pour répondre : «Je suis fatigué, j’ai pas eu mon traitement». Le magistrat avait demandé lors d’une précédente comparution une expertise psychiatrique, qui ne relève pas de troubles de bipolarité ou de tendance dépressive comme il le prétendait. Néanmoins, l’individu est peu réadaptable, souligne le rapport contesté par le prévenu qui semble reprendre des forces en déclarant, debout cette fois, «faire une analyse en cinq minutes, chapeau ! » et il ajoute «si je me drogue c’est pour avoir une vie ! »
Où est la bague ?
Pour la partie civile, défendue par Me Marie Lambert, le plus important c’est de savoir « où est la bague en diamant du cambriolage de Saint-Jean-Cap-Ferrat ? » Après un semblant de réflexion il avoue : «Je l’ai vendu pour 400 euros sur un marché oriental sur la route de Carros, on m’a dit que c’était du zirconium(**) ». L’avocat insiste : «On vous a vu avec votre butin essayer d’acquérir une montre Cartier chez un bijoutier de Cannes, puis tenter de lui vendre la bague et les montres, c’est vrai?» Il répond vaguement par l’affirmative soutenant que le bijoutier sentant l’embrouille l’avait chassé de son commerce. Pour le procureur de la république, Manon Duthoit rappelle que le but de Ben Ali « c’est d’être tranquille dans un logement social comme il le demande. En fait c’est un parasite social qui se victimise ! » Elle requiert 5 ans de prison dont un avec sursis mise à l’épreuve pendant 3 ans et mandat de dépôt. Aux intérêt de son client Me Sophie Rebaudengo on le décrit « comme un idiot. Il s’est excusé, a reconnu les faits et même une des victimes a déclaré à la barre : il a été très correct avec moi!» Le Tribunal condamnera Ben Ali à trois ans de prison avec mandat de dépôt, obligation de dédommager 24 de ses victimes pour un total de 408 795 € dont 395 335 € pour préjudice matériel et 3 000 € pour préjudice moral envers Norman le touriste Américain qui conserve un très mauvais souvenir de son séjour. À tel point qu’il jure de ne plus remettre les pieds sur la Côte ! Quant à la bague, en vrais diamants, elle n’a toujours pas été retrouvée. JEAN STIERLÉ * http://www.nicematin.com/a/258967 ** L’oxyde de zirconium appelé zircone ou baddeleyite (en) permet de fabriquer des imitations de diamant..