SAINT-JACQUES : PÉNURIE DE MÉDECINS
Dans ce quartier, il ne reste plus que deux médecins généralistes, saturés de patients, contre sept il y a vingt ans. Des cabinets sont vacants et certains sont à louer… gratuitement !
Les médecins généralistes ne sont plus que deux à exercer dans le quartier grassois, contre sept il y a quelques années. Premières victimes de cette carence, les habitants les plus fragiles.
L’accès à la médecine générale devient compliqué à Saint-Jacques. Des sept médecins généralistes présents il y a une vingtaine d’années, il n’en reste plus que deux. Départs à la retraite, décès ou déménagement, ils n’ont pas été remplacés. « Je sais que mon médecin ne prend plus de patients
supplémentaires » glisse Marie, 56 ans, une habitante du quartier, tandis qu’une autre nouvelle habitante, elle, se voit contrainte de conserver son médecin de la Roquette. Car les deux médecins restants, saturés, ne peuvent absorber de patients supplémentaires. Des pédiatres ? Il n’y en a plus un seul à Saint-Jacques. Alors que les écoles maternelles et élémentaires et le collège Canteperdrix cumulent plus de 1 300 jeunes dans le secteur.
« La galère des patients »
Cette pénurie, Pierre-Henri Bardouillet, la vit au quotidien dans sa pharmacie de Saint-Jacques. « Tous les jours, on me demande un médecin. J’ai des personnes âgées qui ont du mal à se déplacer qui ne trouvent personne pour venir à domicile » souffle le pharmacien installé en 2002. Propriétaire de deux locaux de 65 m2 au-dessus de son officine, occupés auparavant par deux médecins partis à la retraite il y a quatre et sept ans, il ne parvient pas à trouver de successeur. Et ce malgré les petites annonces à la faculté de médecine et dans les journaux spécialisés. Du coup, pour trouver une solution, Pierre-Henri Bardouillet est même prêt à louer gratuitement! « Au moins pendant les premières années de l’installation, sachant qu’il y a de la place pour trois médecins. » Mais même cette offre plus qu’avantageuse n’a attiré aucune candidature ! « C’est un problème général en France. L’exercice en libéral, avec les contraintes du tiers payant et la paperasse à gérer, n’est plus attractif. Les jeunes médecins préfèrent exercer à l’hôpital. Les seules personnes susceptibles de venir s’installer sont étrangères » analyse PierreHenri Bardouillet. Évidemment, la décrue médicale a impacté économiquement son officine, qui compte dix salariés. « Ona moins de prescriptions. Les gens consultent ailleurs donc ils prennent leur traitement ailleurs. J’ai perdu 300 000 € de chiffre d’affaires depuis 2008. Alors on a cherché à se diversifier, à rendre du service dans le maintien à domicile ». Responsable des achats à la pharmacie, Arnaud Barthélémy s’inquiète aussi du suivi médical de certains clients fragiles : «Je ne suis pas sûr que tous aient un médecin traitant et un suivi médical de qualité ».