Nice-Matin (Cannes)

Sa Lettre à l’humanité ce soir sur M6

Fares, lycéen de 16 ans, participe ce soir à l’émission de télévision sur M6 La France a un incroyable talent. Le rappeur interpréte­ra sa Lettre à l’humanité

- PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

Dur dur de se présenter, à peine 16 printemps au compteur, devant un jury composé de célébrités comme Marianne James, Hélène Segara, Eric Antoine et Sugar Sammy, qui vont juger votre performanc­e. Le tout, devant les caméras de M6 pour l’émission La France a un incroyable talent. Fares, Antibois et jeune rappeur originaire de La Fontonne, tentera ce soir à 21 heures de décrocher son billet pour le prochain tour du télé crochet. Avec pour seule ambition de séduire le plus grand nombre avec sa Lettre à l’humanité.

C’est comment, à  ans, de rapper sur scène devant un jury et des caméras ?

Je ne sais pas si j’ai totalement réalisé encore. Mais depuis que je suis tout petit je regarde La France a un incroyable talent àla télévision. Et j’aime vraiment le concept. C’est vrai que c’est très bizarre, au départ, de se retrouver devant le jury de l’émission. Ça me permet, à mon âge, d’avoir déjà une super expérience. C’est quelque chose dont je suis très content. C’était aussi une opportunit­é, pour moi, de transmettr­e un message à un public plus large que d’habitude.

Le message, vous l’adressez à travers une lettre que vous écrivez à l’humanité…

Le morceau s’appelle Lettre à l’humanité. Le message que je veux transmettr­e, globalemen­t, c’est de mettre son art et ses passions au service de l’humanité.

Le rap, c’est une passion mais ce n’est pas votre seul centre d’intérêt, non ?

J’aime beaucoup de choses. J’essaie de toucher à tous les thèmes et toutes les mélodies qui peuvent

‘‘ m’inspirer. Je chante aussi, j’ai fait  ans de piano au conservato­ire de musique d’Antibes. Et je fais aussi du théâtre.

Depuis quand rappez-vous ?

Ça a commencé en CM. Quand j’étais petit, avec des copains, on adorait le groupe Sexion d’assaut. On essayait de faire comme eux. On avait créé le groupe Wati J, comme leur label Wati B mais avec un J pour junior. Ce n’était évidemment pas sérieux, c’était plus pour les recopier parce qu’on était tous fans. Au collège, je suis le seul à avoir continué d’écrire et de rapper. Mes parents, en e, ont commencé à me prendre au sérieux parce que je ne faisais que ça. J’ai participé, en rappant, à un programme qui s’appelait Résister par l’art et la littératur­e. C’est là que j’ai écrit mon premier vrai texte de rap, sur une mélodie au piano que j’ai composé moimême. Le thème me tenait beaucoup à coeur.

Qui sont les artistes qui vous inspirent et vous influencen­t ?

J’aime beaucoup Abd Al Malik. Beaucoup disent qu’il fait du slam mais luimême se considère comme un rappeur. Il suit vraiment les codes du rap. Mais en même temps, c’est un rappeur qui s’inspire par exemple de Jacques Brel, que mon père me faisait écouter quand j’étais petit. Ou encore d’Albert Camus, l’écrivain. C’est grâce à lui que je me suis dit que le rap était quelque chose de très complexe avec énormément d’influences qui peuvent venir de partout. Après, des rappeurs comme Youssoufa, Kerry James, Medine, Lino ou MHD, qui mélange des sonorités de son pays d’origine et du rap, m’influencen­t aussi. Je regarde les nouveaux mais aussi les anciens comme Sniper, NTM, Iam…

Pourquoi le rap en particulie­r, pour l’émission, si vous chantez aussi ?

Je n’essaie pas d’incarner un personnage. Je suis juste Fares. Et Fares, c’est un jeune de  ans fan de rap qui essaie chaque jour de s’approcher de la perfection quand il rappe. Cette émission, c’est l’occasion de me jauger dans ce que j’aime le plus.

Mais qu’est-ce qui vous plaît, particuliè­rement, dans le rap ?

Je considère que le rap c’est de la poésie, mais avec le langage propre de l’artiste. C’est ça que je trouve très beau. Le rap, au fond, c’est une conséquenc­e, un dérivé de plusieurs arts. Au départ, ça vient du jazz. Aujourd’hui, avec la variante qu’on appelle le trap, ça se rapproche parfois du rock’n’roll. Il y a aussi des mélodies afro… c’est beau, en fait, de pouvoir mélanger tous ces styles et de mêler ça à la liberté d’expression. Il y a le fond, avec les paroles, et la forme, avec le flow, le rythme et la mélodie. En fait, je goûte à énormément d’arts. Je vais à des concerts de musique classique, je vais voir des pièces de théâtre… mais c’est vraiment le rap que j’aime le plus. C’est ce que j’écoute toute la journée et je ne me voyais pas faire autre chose pour l’émission.

On entend souvent dire que le rap n’est pas de la musique…

C’est aussi une question de génération. La manière de s’exprimer de certains rappeurs ne plaît pas à tout le monde. Si on compare une chanson et un texte de rap avec de la poésie du XVIIe ou du XVIIIe siècle, ce n’est pas le même langage. C’est ça qu’ils n’apprécient pas. Mais pour moi, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, on doit considérer le rap comme un art à part entière. Le rap respecte les codes artistique­s s’ils existent.

Tu fais aussi partie d’un groupe ?

Je rappe en duo avec mon cousin, dont le nom de rappeur est Gkiller. Le duo s’appelle Fusion. On est tous les deux de la Fontonne, à Antibes.

Pourquoi Fusion?

Parce que pour nous la force vient de l’union. On adore tous les deux le rap. Et quand on compose à deux, ça prend tout de suite forme parce qu’on s’entend super bien artistique­ment et humainemen­t. On est très complément­aires. On rappe ensemble à la MJC Picaud de Cannes, notamment.

Quels thèmes et sujets inspirent le plus vos textes ?

On écrit sur l’humanité, donc, mais aussi l’amitié avec par exemple une chanson qui s’appelle Frérot. On parle aussi de notre déterminat­ion. On fait aussi beaucoup d’ego trip. C’est une performanc­e technique pour démontrer que même si les autres rappeurs sont très chauds, nous aussi on peut se défendre. C’est un jeu pour vanter son côté technique.

Est-on convaincu d’avoir un incroyable talent lorsqu’on participe à cette émission ?

Je ne pense pas car je n’en suis pas convaincu moi-même. Je ne sais pas si c’est du talent, en fait. Mais c’est beaucoup de travail. Je n’ai pas un incroyable talent, j’ai surtout une incroyable passion. C’est grâce à cette passion que je travaille des heures et des heures, seul ou avec mon cousin. Et aujourd’hui je suis fier de venir défendre mon rap sur la scène de l’émission. Et notamment de représente­r la ville d’Antibes et plus globalemen­t le rap du sud, parce qu’il en a besoin.

Je n’essaie pas d’incarner un personnage ” Considérer le rap comme un art à part entière ”

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(Photo Lou Breton/M) Fares, en re ES au lycée Audiberti d’Antibes, est passionné de rap.

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