Nice-Matin (Cannes)

Prévisible ?

- Reportage : Alice ROUSSELOT arousselot@nicematin.fr Photos : Jean-François OTTONELLO

NLe maire de Menton, JeanClaude Guibal, affichait une mine grave, hier, lors de la (tardive) conférence de presse organisée en mairie pour dresser un état des lieux des dégâts après le passage de la tempête Adrian, dans la nuit de lundi à mardi sur le littoral azuréen. Au centre de toutes les attentions : le musée Jean-Cocteau–collection Séverin Wunderman. Vitrine culturelle de la ville dont le sous-sol a été sévèrement inondé. Le niveau d’eau ayant rapidement atteint 1,50 mètre après que des vitres ont cédé sous le poids du courant, aidé par un vent défavorabl­e. Quid des oeuvres ? Pas de réponse définitive tant qu’elles n’auront pas toutes été exfiltrées de l’établissem­ent. Mais les craintes sont réelles. Entre autres parce que sur les 1 500 pièces conservées au musée, beaucoup sont des dessins. Très sensibles à l’eau.

« Il faut sauver tout ce qui peut l’être »

«Le travail de récupérati­on et de traitement des oeuvres est notre préoccupat­ion. Il faut sauver tout ce qui peut l’être », clame le maire. Faisant écho au désarroi lisible sur tous les visages, hier matin, à l’entrée du musée. À la fatigue de tous ceux qui ont travaillé pour éviter le pire, obligés de constater que le musée avait pris l’apparence d’un château entouré de douves bien remplies. Parmi eux, des agents de la Ville mobilisés de bon matin pour évacuer, à l’aide de raclettes, les eaux résiduelle­s du rez-de-chaussée – où les oeuvres de l’exposition Valerio Adami n’ont, elles, pas été dégradées. Ainsi que la soixantain­e de pompiers « engagée de façon massive » au musée, dès minuit, après avoir fait au préalable des reconnaiss­ances dans toute la ville. « Une centaine d’oeuvres ont été décrochées et mise à l’abri dans la nuit. Des nageurs spécialisé­s ont assuré une chaîne d’extraction. En parallèle, nous avons mené une opération de pompage pour que le niveau de l’eau ne monte pas. Le fait de pomper jusqu’à 120 m3 par heure a permis de le stabiliser, voire de le diminuer », commente le chef de groupement du pays mentonnais chez les sapeurs-pompiers, Daniel Allavena. Précisant que l’opération de sauvetage, qui a occupé toute la journée d’hier, devait se poursuivre durant la nuit, avec une cinquantai­ne de pompiers et agents de la Ville.

Les oeuvres déplacées au Palais de l’Europe

Les oeuvres sauvées des eaux doivent être progressiv­ement déplacées dans le salon de Grande-Bretagne du Palais de l’Europe, où elles seront disposées sur des surfaces planes en vue de sécher. Pour ce faire, des spécialist­es en art, et notamment des équipes de musées niçois, sont venus prêter mainforte. Et dès 19 h, le premier bal des sauveteurs a pu démarrer. Quant à la Drac (Direction régionale des affaires culturelle­s), elle devrait être présente sur place dès aujourd’hui pour aider, et permettre d’envisager la restaurati­on des oeuvres encore sauvables. « L’ampleur des dégâts sera connue quand on aura extrait toutes les oeuvres et qu’elles auront séché – dans 48 h au minimum, résume JeanClaude Guibal. Il n’est pas impossible qu’on annule les prochaines exposition­s. Mais il faudra attendre de connaître l’étendue de la catastroph­e Le musée Cocteau, si proche du rivage, n’étaitil pas enclin à subir un phénomène de vaguesubme­rsion ? La question est sur beaucoup de lèvres mentonnais­es. Mais pour le maire, la réponse est claire. Non. « Il a été conçu pour tenir compte des événements climatique­s les plus catastroph­iques, sur une base historique. Or nous avons eu affaire à un phénomène d’une ampleur rarement connue. Nous ne pouvions prévoir une telle puissance de la houle.» Et de préciser qu’un travail sera mené avec un bureau d’études pour connaître les mesures à prendre à l’avenir. « Mais je vous préviens, on ne va pas faire un mur de l’Atlantique... »

avant de s’avancer. » Une première estimation devrait être connue aujourd’hui. Les héritiers de Séverin Wunderman – à qui appartenai­t la riche collection d’oeuvres de Cocteau – ne devraient être prévenus que lorsque l’état des lieux sera définitif. Et le nombre d’oeuvres perdues connu.

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Un bateau abandonné depuis longtemps s’est progressiv­ement enfoncé dans l’eau.

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