Grosse fatigue
Le mythe du surhomme a vécu. Ce Président qui enchaîne les déplacements, les sommets, les réunions, les dîners et les voyages officiels sept jours sur sept, ne dormant que trois heures par nuit, aurait donc besoin de quatre jours de repos à la Toussaint, comme tout Français moyen. Quelle histoire ! Pour la première fois, nous dit-on, un chef de l’Etat décale un Conseil des ministres pour « convenance personnelle ». Il n’en faut pas plus pour que les commentateurs spéculent déjà sur son teint blafard, ses tempes qui commenceraient à s’éclaircir ou sa maigreur supposée. Cela n’a rien de nouveau, la fonction présidentielle est éreintante. A l’Elysée, on se fait des cheveux blancs, au propre comme au figuré. Qu’un Président, même tout juste quadra, s’accorde quelques jours de vacances n’a rien d’une affaire d’Etat. A la fin de son mandat, François Hollande s’avouait épuisé par un rythme infernal. Même Nicolas Sarkozy, lapin Duracell « Depuis cet été, de la rien ne va plus dans politique, admettait après son malaise le monde merveilleux pendant un de la macronie. » footing en juillet avoir eu « une panne d’essence ». Si Emmanuel Macron a sûrement besoin de recharger les batteries avant son « itinérance » de six jours à travers onze départements à partir de dimanche, cette grosse fatigue concerne davantage la présidence Macron que l’homme. Depuis cet été, rien ne va plus dans le monde merveilleux de la macronie. Le rocambolesque feuilleton Benalla, les démissions des poids lourds du gouvernement, l’épisode interminable du remaniement, les plans reportés, les dérapages verbaux, les mauvais sondages, le selfie désastreux en compagnie d’un braqueur et de son doigt d’honneur : au tournant des dix-huit mois de présidence, tout va à vau-l’eau. Les Français qui attendaient tant de lui le trouvent désormais arrogant. Oublient les bonnes nouvelles pour ne retenir que les mauvaises. Zappent la disparition progressive de la taxe d’habitation pour se focaliser sur la hausse du prix de l’essence. Or, « les gars qui fument des clopes et roulent au diesel » ,selon la formule aussi maladroite que méprisante de Benjamin Griveaux, méritent d’être respectés. Les fustiger et les matraquer n’aidera pas Emmanuel Macron à se remettre de son coup de pompe. Et continuera à donner du carburant de premier choix aux populistes de tous poils.