Nice-Matin (Cannes)

« Mbappé mérite le Ballon d’Or »

-

‘‘ Balotelli c’est un grand talent mais je ne peux pas dire un grand joueur, car il faut avoir la qualité fondamenta­le pour ça, et c’est la continuité... ” Quand tu prends une équipe avant-dernière, on ne peut pas te demande de gagner le championna­t ! ’’ ‘‘ Sur certains joueurs, l’entraîneur va avoir % d’influence, sur d’autres, à peine % ... ”

Il a conservé cette élégance toute transalpin­e. Le costume lui sied à merveille, comme à l’époque les maillots glorieux qu’il a endossés, qu’il s’agisse du Milan AC (- :  matchs,  buts), du PSG (- :  matchs,  buts) ou de l’AS Monaco ( :  matchs,  buts). Vous l’aurez compris, Marco Simone, petit par la taille (,m) mais grand par le répondant dans la surface dite de vérité, était un ‘‘serial-buteur’’. La dernière fois que nous l’avions croisé, il était venu à Nice-Matin pour un ‘‘Face à la rédaction’’ alors que Monaco, en Ligue , venait de remercier Laurent Banide, pour lui confier les rênes de l’équipe... On se souvient de cette phrase, dont la rédaction des Sports avait fait le gros titre : « Mon rêve, rester  ans à Monaco » Marco Simone, entraîneur, n’a hélas pas eu cette opportunit­é. Et à bien dire, son parcours sur les bancs jusqu’ici, est loin de rivaliser avec celui qu’il a accompli crânement en crampons. De tout cela, et sans fard, il a bien voulu nous parler, lors de son passage au Sportel. Marco, on vous croyait à Milan, où vous deviez entraîner l’équipe B... Aujourd’hui non, même si ils viennent de m’appeler tout à l’heure pour discuter de certaines choses.

C’est à cause du fair-play financier qu’ils n’ont pas pu monter de réserve (*) ? On a travaillé deux mois pour ce projet, et d’ailleurs j’ai signé un contrat de deux ans au Milan avec mon staff... Le problème, c’est qu’on est arrivés dans un moment ou le croisement de divers intérêts pour être le propriétai­re du Milan sont mal tombés (Ndlr, le Chinois Li Yonghong a finalement dû quitter le club qu’il avait racheté à Silvio Berlusconi). Du coup, Elliot (fonds d’investisse­ment US) a repris le club et on s’est retrouvés avec trop de contrainte­s de la part de la Fifa pour continuer ce projet...

C’est reporté ?

Oui, seule la Juventus a poursuivi cette idée. C’est repoussé, pas seulement pour Milan, mais pour l’Inter, Naples, Rome, la Fiorentina. C’est bien qu’au Milan, on fasse appel aux anciens ? Je crois que Milan, comme tous les clubs, ont une histoire écrite par des hommes. Et certains joueurs ont tracé des lignes tellement profondes, que c’est

‘‘ impensable qu’ils n’aient plus leur place. J’ai dit depuis des années que le Milan sans Paolo Maldini, ce n’est pas le Milan. Maintenant il est de retour. Baresi n’est jamais sorti, c’est bien. Ils font ressentir le parfum de l’histoire.

Un mot sur Gattuso, qui a du mal, sur le banc ?

Gattuso, c’est quelqu’un que je connais très bien, autant comme joueur que comme ‘‘mister’’. On a passé ensemble nos diplômes d’entraîneur. C’est toujours la légende. C’est lui qui a poussé pour qu’on me donne l’équipe B. Je lui ai envoyé un message car il faut souligner qu’il est en train de faire un bon travail. Mais quand tu perds un match comme le derby (l’Inter a battu le Milan - àlae) , tu es tout de suite massacré...

On parle de vous, Marco, l’entraîneur. Si vous deviez vous donner une appréciati­on, pour votre parcours depuis six ans, ce serait ‘‘Bon’’, ‘‘Moyen’’ ou ‘‘Mauvais’’ ?

(silence... puis il sourit) Pour expliquer mon parcours, il faut rentrer dans le contenu. Et pour cela, il va te falloir beaucoup de lignes à écrire ! Cela n’engage que nous, mais à Monaco, il nous semble que vous ne méritiez pas d’être remercié... Comme tu dis, j’ai pris l’équipe qui était e de Ligue . Je crois pouvoir dire, le Monaco le plus pauvre économique­ment de l’histoire (avant l’arrivée des Russes, Ndlr), avec  M€ de dettes et zéro euros pour recruter. Après est arrivé M. Rybolovlev, on a pu faire le marché et on a eu des résultats. Je respecte leur choix de ne pas m’avoir gardé en fin de saison, mais comme vous le dites, je pense avoir eu des résultats.

Pour résumer Marco, vous êtes quand même resté très peu dans chaque club, que ce soit Lausanne, Tours, Laval ou le Club Africain (Tunisie). Vous avez fait de mauvais choix ?

(ferme) Non. Pour résumer, j’ai été viré une seule fois en pleine saison à Laval. Monaco, c’était un choix des dirigeants que je respecte car après moi est arrivé un grand entraîneur (Ranieri, Ndlr). Tours, j’ai fini la saison et c’est moi qui suis parti car c’était compliqué avec le président Ettori. A Lausanne, pareil. Et au Club Africain, ils ne nous ont pas payé durant les cinq mois où on y était avec mon staff ! J’ai saisi la Fifa pour qu’on me règle mes deux ans de contrat (. euros, Ndlr). Je reconnais que c’était des contextes compliqués à chaque fois. Mais quand tu prends une équipe avant-dernière, on ne peut pas te demander de gagner le championna­t !

Ça vaut pour Thierry Henry.

Oui, s’il finit e ou e, je pense que ce sera déjà très bien. Je crois qu’il a la connaissan­ce et les capacités pour réussir. Pas l’habitude d’être en première ligne et c’est mon seul doute, mais il a les capacités de transmettr­e ses idées.

Vous avez été joueur et entraîneur : quel impact a l’entraîneur sur le match ?

Beaucoup. Fondamenta­l. Sur certains joueurs, tu vas avoir % d’influence, sur d’autres à peine %... Ça dépend des qualités de chacun, à certains joueurs, tu n’as pas besoin de dire beaucoup de choses. Benitez a été dégagé du Real Madrid parce qu’il disait à Ronaldo comment tirer les coupfrancs... Donc, voilà. Entraîner ça s’apprend, ou ça vient naturellem­ent quand on est joueur ? Les deux. On passe les diplômes bien sûr, mais il y a une qualité que tu dois avoir, qui n’a rien à voir avec les diplômes, c’est la crédibilit­é. C’est de là que découlent tes rapports avec les joueurs. Aujourd’hui, n’importe qui est capable de jouer à trois, à quatre, les sytèmes de jeu on les connaît tous, les contre-systèmes aussi. C’est quoi la différence ? C’est la crédibilit­é que tu as, la confiance que tu donnes. Tout l’aspect psychologi­que, chose qui malheureus­ement, quand tu passes les diplômes, n’est pas enseignée. Dommage ! Vous avez joué à Nice aussi : un mot sur Balotelli ? Beaucoup de qualités, grand talent. Je ne peux pas dire forcément grand joueur, car un grand joueur doit avoir une qualité fondamenta­le, la continuité.

La France, championne du monde, vous avez aimé ?

Disons que je n’ai pas forcément apprécié le jeu, mais j’ai aimé l’équipe et le choix des joueurs qu’il y avait dans l’équipe. L’équipe de France, c’était la plus forte au niveau individuel. Une équipe plus forte que le Brésil, que l’Argentine.

Mbappé, c’est le meilleur ?

Mbappé, il mérite le Ballon d’Or sans problème !

Un clin d’oeil pour finir, la marque du gel pour les cheveux, c’est quoi ?

(il rigole) Je peux pas. Je ne peux pas parce que c’est moi qui dois le payer !

Et comment faites-vous pour donner cet aspect, on va dire savamment destructur­é ?

Ah, ça, c’est de l’art ! Vous ne pouvez pas demander au sculpteur Fontana comment lui venait son inspiratio­n. Une chose est sûre, c’est jamais pareil ! (*) Les réserves des équipes de Serie A évoluent dans un championna­t réservé aux - 21 ans (Primavera). L’idée est de créer de véritables équipes B, qui permettrai­ent aux jeunes de se confronter à davantage d’adversité.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France