Gabriel Pravaz : « On ne fait pas une OPA ! »
Gabriel Pravaz, 50 ans, est le directeur général délégué de Vivaliance, branche non-lucrative du géant de la santé Vivalto.
En quoi consiste Vivaliance, cette émanation associative de Vivalto ?
Vivalto est un groupe de santé créé en par Daniel Caille, qui a constitué la Générale de santé en , et qui a été son p.-d.g. pendant quinze ans. Je connais Daniel Caille depuis une dizaine d’années. Je lui ai suggéré de constituer un groupe non-lucratif de santé hyperprofessionnel, avec les mêmes valeurs que dans l’associatif - traiter toutes les personnes, sans dépassement d’honoraire, avec une vraie approche humaniste -, mais régi par une rigueur de gestion et une crédibilité. Nous sommes une branche de Vivalto, pas une filiale.
Vivaliance a été créée de toutes pièces pour reprendre Sainte-Marie ?
Pas du tout ! Elle a été créée pour répondre un vrai besoin dans la santé associative en France, où les structures sont souvent vieillissantes. On s’inscrit ainsi dans la volonté du président Macron : contribuer à la stratégie de transformation du système de santé.
Pourquoi vouloir reprendre en main le centre hospitalier Sainte-Marie ?
Ne parlons pas de “reprendre”. On se propose d’accompagner les acteurs de la psychiatrie à Nice, de poursuivre la mission de Sainte-Marie avec l’aide de tous les opérateurs - y compris l’AHSM [association hospitalière Sainte-Marie, ndlr]. On verra si les autorités jugent notre intervention utile. On n’est pas en train de faire une OPA ! Ce n’est pas la culture de la maison...
Vous dressez néanmoins un constat d’échec de la situation actuelle ?
On constate qu’à Nice, la prise en charge de la psychiatrie n’est pas au niveau. La situation est connue et a été traitée par l’Inspection générale des affaires sanitaires (Igas) dans neuf rapports en dix ans ! Il y a beaucoup de dysfonctionnements, et un besoin de professionnalisme, de sécurité, de qualité dans la psychiatrie sectorisée.
Quelle est donc votre stratégie de relance pour Sainte-Marie ?
Notre urgence, c’est la sécurité des soins et le respect des droits des patients. Si on nous demande de reprendre la main, nous venons avec une équipe qui aura pour mission de les ramener rapidement à un niveau normal. La prise en charge, ensuite : nous pouvons venir avec un collectif de psychiatres, en renfort de l’équipe en place. Il faut aussi reconstruire les soins somatiques, en créant une maison de santé ouverte sur la ville. Il y a un gros travail à mener pour rétablir le lien entre le suivi intra et extra-hospitalier, éviter une approche trop asilaire. Le projet médical doit être réalisé en concertation avec les équipes médicales, et ce, par un comité scientifique de très haut vol présidé par le Dr Xavier Emmanuelli.
Quid de l’immobilier, pour ces bâtiments vétustes bâtis en ?
On peut reconstruire l’hôpital, réduire le nombre de places et compléter avec une prise en charge ambulatoire. Assurer une prise en charge hors les murs, ce n’est pas seulement pour faire des économies ; c’est aussi pour traiter les gens chez eux, où ils seront peut-être mieux traités qu’à l’hôpital.
Quel investissement représente un tel projet ?
Selon un avis d’expert, un projet dimensionné sur le site serait de millions d’euros, sur une durée de trois ans à partir du dépôt de permis.
Comment un groupe tel que Vivalto peut-il y trouver son compte ?
Il n’y a pas de lien. C’est un outil différent, même si on va bénéficier du professionnalisme de Vivalto. L’administration donne une dotation générale adaptée ; ensuite, c’est à la structure d’être bénéficiaire. Or tout établissement est rentable dès lors qu’il est bien géré. Il faut que cet établissement soit rentable et apporte de meilleurs services au territoire, mais il ne va pas s’amuser à reverser des royalties à Vivalto !
Votre projet ne semble pas susciter l’enthousiasme de l’ARS. Pourquoi ?
C’est difficile à comprendre... Et l’ARS a le droit de ne pas nous dire pourquoi. On note que l’ARS continue à travailler avec les acteurs en place. Nous créons un nouvel acteur, une offre avec nos certitudes et nos moyens ; à présent, c’est au directeur de l’ARS de décider.
Quel accueil vous ont réservé les syndicats que vous avez rencontrés ?
Nous ferons en sorte d’impliquer les représentants du personnel dans le projet médical et les mesures prises dès le départ. D’une manière générale la paix sociale est une priorité.