Nice-Matin (Cannes)

Nicolas Sarkozy : la politique, une «drogue» qui ne lui manque pas

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Dans un long entretien au Point, l’ex-président de la République évoque l’Europe, la crise migratoire, les grands dirigeants du monde... Mais aussi le chef de l’État, qu’il se refuse à critiquer. L’ancien patron la droite, qui juge que le pouvoir « peut devenir une drogue », assure qu’il n’est pas « en manque ». Selon l’hebdomadai­re, qui a recueilli les confidence­s de Nicolas Sarkozy cette semaine, l’ancien Président se pose désormais en « vieux sage » pour la jeune garde. À en croire l’hebdomadai­re, il se surnomme, « avec une pointe d’autodérisi­on », « la tour Eiffel ». « L’ancien Président se félicite d’être encore et toujours une attraction pour la classe politique, y compris pour les jeunes députés et ministres macroniste­s qui, à l’entendre, se pressent pour tenter de capter un peu de son expérience », explique le magazine. Sur une douzaine de pages dans l’édition du 1er novembre, Nicolas Sarkozy évoque sa vision du monde et de la politique. Interrogé sur Emmanuel Macron, sous le feu roulant des critiques, celui qui occupa sa fonction de 2007 à 2012 ne le juge pas : « Je ne suis plus dans le combat politique. Je sais combien il est difficile de satisfaire toutes les attentes nées d’une élection, répondil. Je m’abstiendra­i donc de le critiquer. J’observe d’ailleurs qu’en matière de critiques il semble servi... Et c’est si facile de détruire », note Nicolas Sarkozy.

« Le pouvoir est dangereux »

« Donnons-lui le temps, demande l’ancien Président. Les Français s’exprimeron­t lors des prochaines échéances électorale­s. La seule chose que je souhaite, c’est le meilleur pour notre pays », soulignet-il. Quand on lui parle de la nouvelle génération de dirigeants politiques, Nicolas Sarkozy avertit : « Le pouvoir est dangereux, il peut devenir une drogue. Un peu d’expérience ne nuit pas face aux dangers que les émanations du pouvoir peuvent générer », assurant que cette « drogue » ne lui manque pas. « Croyez-le ou pas, je suis trop occupé pour être en manque », répond-il quand Le Point lui demande si la vie politique lui manque. « Je savais dès le début que le pouvoir était une parenthèse dont on n’est pas propriétai­re », mais « il y a tant de choses qui me passionnen­t que je n’ai pas besoin du pouvoir pour vivre », assure l’ancien Président. « J’ai commis des erreurs, il y a des choses que je referais différemme­nt, admet-il, mais je n’ai aucune amertume, aucun regret. » Nicolas Sarkozy reconnaît avoir « pris un peu de recul avec les artifices de communicat­ion. C’est sans doute une conviction tardive, car j’ai beaucoup péché en la matière, je le reconnais ». « J’ai profondéme­nt aimé la politique épique, avec un grand souffle... Je suis aujourd’hui consterné par cette fascinatio­n pour la transparen­ce dévastatri­ce », regrette-t-il. « On vous demande où vous habitez et avec qui vous vivez, mais on ne vous demande plus ce que vous voulez faire de votre pays. Cette fausse proximité avec l’électeur, cette dangereuse normalité, cette inquiétant­e banalité, cette apologie de l’amateurism­e me sont étrangères », assène Nicolas Sarkozy. En ce jour de Toussaint, debout les morts ! Que reviennent les trépassés du seul monde terrestre où l’on a droit à une seconde vie : la politique. Le jour de la résurrecti­on approche : il tombera un dimanche du printemps , celui du premier tour de la prochaine présidenti­elle. Battus et humiliés, ils ne rêvent encore que de fureur et de gloire, tout en jurant le contraire. Parce que la défaite fut plus amère que le fiel, qu’ils sont convaincus d’avoir échoué à un concours de circonstan­ces. Leur espérance? Qu’un nouvel ouragan dégagiste les repose sur le piédestal dont ils ont été si violemment déquillés. Ségolène Royal est de cette race de revenants. Le PS compte sur elle pour les européenne­s. Elle n’a pas dit non, elle n’a pas dit oui. Elle savoure l’instant. Son livre, sorti hier en librairie, a vite été catalogué comme un dézingage en règle de Hollande et de ses camarades socialiste­s. Il est vrai qu’ils en prennent pour leur grade. Jospin pour l’avoir qualifiée à l’époque de « la moins capable de gagner ». Rocard qui l’invite à ne pas se présenter parce que c’est lui « le meilleur candidat ». Valls, Cazeneuve, mais aussi Macron, du temps où il était ministre de l’Industrie quand elle était à l’Écologie. Tous trop peu soucieux d’environnem­ent quand ils ne manquaient pas de courage. Et François Hollande, pour des raisons plus personnell­es, lui qui lui fit connaître « la férocité de la bigamie». Oui, elle tape dur mais il ne faudrait pas renverser les rôles. Ce livre est d’abord un réquisitoi­re contre « ce que la plupart des femmes subissent en silence, en politique, et que les hommes ne subissent pas ». Une violence qui débute par le «A poil!», lancé lors de l’une de ses premières interventi­ons à l’Assemblée. Il y aura « vache folle », « meneuse de revue », «excitée comme une gamine ». Elle a tout noté. La moindre perfidie, la plus infime des saloperies. Des attaques contre elles et ses compagnes d’infortune tricolore qui contrarien­t « le cercle des hommes blancs hétéros » . Une plaidoirie convaincan­te dans un «procès» permanent « en illégitimi­té et en inintellig­ence». Ordre juste, démocratie participat­ive, fraternité : elle assume tout. Ce n’est pas (encore) un programme, mais un sillon qu’elle aimerait bien tracer encore puisque le «deuil» de la défaite est consommé. Tant pis si on trouve un peu tiré par les cheveux son parallèle, « une vraie ressemblan­ce » ,entre les violences faites aux femmes et celles faites à la nature. Mais en se situant sur ce double terrain, elle se replace au coeur des préoccupat­ions des Français. A un moment opportun. « Ce que je peux vous dire », aux éditions Fayard,  pages,  euros.

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Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy et Brigitte Macron le  mai  au Stade de France (Saint-Denis). Le courant a l’air de bien passer entre les deux hommes... (Photo AFP)
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