« Avec Shakespeare, il n’y a pas de demi-mesure »
Frédérique et Jean-Pierre Francès mettent en scène une version décalée de la comédie du dramaturge, Le songe d’une nuit d’été, à voir dès ce soir à Antibea
Joyeux, exubérant, contagieux. Il était tout ça à la fois, Shakespeare. C’est en partie pour cela, mais aussi pour son côté intemporel, que l’auteur britannique fascine Frédérique et Jean-Pierre Francès, qui mettent en scène Le songe d’une nuit d’été, à partir de ce soir à Antibea. Une comédie sur fond de monde féerique et de querelles amoureuses, le tout dans un décor du Paris underground.
Pourquoi avoir mis en scène cette comédie de Shakespeare ?
Pour nous, Shakespeare est vraiment le théâtre dans toute sa splendeur, dans tout son état… ça nous a permis, en tant que metteurs en scène, de conserver une grande part d’imagination et de nos rêves, puisqu’il s’agit ici d’un songe. C’est ce qu’on a voulu inscrire dans notre mise en scène.
C’est l’univers de l’auteur britannique qui vous séduit ?
De toute façon, en tant que metteur en scène, il est difficile de ne pas être séduit par Shakespeare. Et quels que soient nos goûts, avec Shakespeare on peut faire ce que l’on veut. C’est quelque chose que l’on retrouve d’ailleurs chez tous les grands auteurs. Ils ne s’en doutaient pas à l’époque mais ils proposent des univers que l’on peut complètement s’approprier. Et c’est ce que l’on a fait.
C’est une oeuvre qui n’a pas pris une ride…
C’est le moins que l’on puisse dire. Avec Le songe d’une nuit d’été ,on est dans les rêves des gens. Dans leurs jeux, dans leurs idées tortueuses aussi… tout ce que l’on peut avoir de bizarre en nous. On a tous des choses un petit peu extraordinaires. Et cette pièce nous permet vraiment de pouvoir mettre tout ça en scène.
C’est une version très urbaine, qui tranche beaucoup avec le décor initial…
Le décor a été conçu par JeanPierre. Et ce sont des artistes de rue qui l’ont animé. On leur a demandé de mettre en lumière, en couleurs, nos éléments de décor. Donc ça donne au final quelque chose d’un peu trash et très urbain. Normalement, Le songe d’une nuit d’été se passe dans une forêt, dans une ville grecque antique que l’on a complètement modernisée. Avec nous, ça se déroule plutôt dans les bas-fonds d’une ville comme Berlin ou Paris underground.
Pourquoi un tel décalage ?
Un tel décalage existe parce que c’est le monde de tous les possibles. C’est le monde où peuvent se rencontrer des univers tellement différents… que l’on s’est dit que pouvaient se rencontrer à la fois un monde féerique puisque les fées sont très présentes, un monde des jeunes et des amoureux, un monde des artistes et de ceux qui aimeraient être artistes.
Comment on fait pour opérer une telle transformation, une telle magie ?
Shakespeare, c’est très très trash. C’est très décalé et très jouissif. On est tout le temps dans une forme d’exubérance, de jouissance, dans l’envie de profiter de la vie. Avec Shakespeare, il n’y a pas de demimesure. Donc ça correspondait à ce qu’on avait envie d’exprimer en ce moment.
Le tout, avec des textes qui restent contemporains…
Aucune ligne n’a été modifiée. Mais c’est vrai que quand on l’entend, on se pose des questions. On peut cro ire que le texte a été modifié tellement ça semble actuel. Mais non. Seule la rythmique du dialogue fait que l’on arrive à le rendre extrêmement contemporain.
C’est ce qui est fou avec Shakespeare : son oeuvre reste actuelle cinq siècles après…
C’est le lot des très grands auteurs. Quelle que soit l’époque, on se retrouve dedans. On se rend compte, aussi, que le monde n’évolue pas tant que cela finalement.
Savoir +
Le songe d’une nuit d’été, mis en scène par Frédérique et Jean-Pierre Francès au théâtre Antibea, 15 rue Georges-Clémenceau à Antibes. Ce soir et demain à 20h30, dimanche à 16h30, vendredi 9 novembre et samedi 10 novembre à 20 h 30 et dimanche 11 novembre à 16 heures. Tarifs entre 14 et 16 euros. Rens. au 04.93.34.24.30.