Nice-Matin (Cannes)

Sept ans de prison pour avoir préparé un meurtre

Nice Un Niçois et son ex-beau-frère, soupçonnés d’avoir voulu éliminer une figure montante du banditisme local, viennent d’être condamnés à Marseille

- CHRISTOPHE PERRIN

Balle explosive ou expansive ? Tel était le dilemme de Jean-Pierre Berquin, alias « Tom » et JeanLuc Prieto, alors qu’ils effectuaie­nt des repérages nocturnes, avenue de Pessicart, l’hiver 2015. Les deux hommes âgés de 66 et 67 ans, casiers judiciaire­s chargés, parlaient librement du choix le plus idoine des munitions tout en ignorant que l’habitacle de leur voiture était sonorisé. Rien de leurs conversati­ons n’échappait à la brigade criminelle de la police judiciaire de Nice. Ce qui leur a valu de comparaîtr­e cette semaine à Marseille en correction­nelle pour associatio­n de malfaiteur­s en vue de commettre un crime. Tous deux ont été condamnés à sept ans d’emprisonne­ment, peines conformes aux réquisitio­ns du procureur.

Filature révélatric­e

Les deux hommes, ex-beauxfrère­s mais toujours liés en affaire, avaient-ils de mauvaises intentions quand ils planquaien­t, de nuit, aux abords du domicile de Cédric Perrin, bras droit de feu Régis Mijatovic ? Mijatovic, 45 ans, dit «le Blond» avait été abattu six mois plus tôt, le 1er juin 2015, en plein dîner à la terrasse de Charlot Ier, célèbre restaurant cagnois du bord de mer. Cédric Perrin, lieutenant du défunt, s’était juré, à haute voix qu’il le vengerait. Une promesse qui l’a aussitôt mis en danger. La police judiciaire poursuivai­t l’enquête sur le meurtre du Blond et, dans ce cadre, «filochait» un certain JeanPierre Berquin, 67 ans, fiché au grand banditisme. C’est en le surveillan­t que les enquêteurs de la Brigade de recherche et d’interventi­on ont découvert qu’il planquait régulièrem­ent aux abords du domicile de Cédric Perrin. Me Bernard Ginez, avocat de Jean-Pierre Berquin, soutient que son client appliquait le principe de précaution. Il savait que Cédric Perrin, 36 ans, lui en voulait : il souhaitait simplement mettre un visage sur ce nom. La juridictio­n interrégio­nale spécialisé­e de Marseille, a très vite privilégié une autre hypothèse. Les deux suspects ont été arrêtés et placés en détention provisoire en juin 2016. D’autant plus que la panoplie complète d’un tueur à gage (gants de moto, Colt 45 avec trois chargeurs et vingt-cinq cartouches…) avait été découverte dans une valise appartenan­t à Jean-Luc Prieto.

Un alibi

C’est pendant leur incarcérat­ion, en février 2017, que Cédric Perrin, 36 ans, a finalement été abattu de quatre balles de gros calibre en sortant de son appartemen­t, avenue de Pessicart à Nice. Ce meurtre et celui de Mijatovic ne peuvent être imputés à Prieto et Berquin. En revanche, leurs intentions criminelle­s passées ont été sévèrement punies. Le patron d’une brasserie niçoise et un Varois, qui leur ont apporté une aide logistique, ont également été sanctionné­s: six mois de prison pour l’un, deux ans pour l’autre. Pour le parquet marseillai­s, les meurtres de Mijatovic et Perrin sont sans doute liés à une action d’intimidati­on préalable. Une grenade avait été lancée sur la façade d’une entreprise de Cagnes-surMer. Entreprise dirigée en sous-main par le parrain niçois (qui échappera de peu à une mise en examen), grand ami de Jean-Pierre Berquin. Cet acte avait été considéré comme une déclaratio­n de guerre. Mais Cédric Perrin n’avait peut-être pas qu’un ennemi…

 ?? (Photo d’archives Cyril Dodergny) ?? Jean-Pierre Berquin et Jean-Luc Prieto préparaien­t le meurtre de Cédric Perrin, fin , selon la justice. Ce dernier sera abattu en juin , avenue de Pessicart, alors que les deux suspects étaient incarcérés.
(Photo d’archives Cyril Dodergny) Jean-Pierre Berquin et Jean-Luc Prieto préparaien­t le meurtre de Cédric Perrin, fin , selon la justice. Ce dernier sera abattu en juin , avenue de Pessicart, alors que les deux suspects étaient incarcérés.

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