Jours de fête
Les soirs d’Halloween, on s’amuse à se faire peur, mais on ne met pas la vie des autres en danger. Ça, c’était avant. La nuit du octobre n’est plus seulement celle des enfants, des bonbons, des citrouilles et des déguisements horrifiques. Mercredi soir, les scènes de violence se sont multipliées partout en France. Jets d’acide sur des policiers, commerces pillés, pompiers caillassés, voitures et poubelles incendiées : à Strasbourg, Rennes, Toulouse, Cannes, Grenoble, Poitiers, en région parisienne et jusque sur l’île de la Réunion, la soirée d’Halloween a pris des allures de nuit de la Saint-Sylvestre. À l’image du décembre, la violence s’impose comme une tradition les octobre. On l’a encore constaté au soir de la victoire des Bleus au Mondial de football le juillet, chaque fête populaire s’accompagne désormais de débordements, scènes de guérilla à la clé. Au-delà des carcasses calcinées, des équipements publics ravagés et
des colonnes de fumée dans les cités, c’est
la vie même des policiers et des pompiers qui est en jeu. L’appel à une « purge » des forces de l’ordre, lancé sur les réseaux sociaux, n’a rien d’une blague de potache. Dans l’Essonne, dans le Val-de-Marne, dans les Yvelines où faits de violences urbaines ont été recensés, des individus, arrêtés dans la nuit de mercredi à jeudi, ont reconnu avoir suivi cette incitation à la violence abondamment relayée sur Snapchat et WhatsApp. Masqués, ils étaient en train d’appliquer consciencieusement ces consignes visant à cibler les uniformes avec « toutes les armes » possibles. A peine nommé, le ministre de l’Intérieur, qui s’est attaché, hier, à minimiser les incidents de cette nuit d’Halloween, devra rapidement regarder la réalité en face. En décrivant une situation explosive dans les quartiers sensibles le jour de son départ de Beauveau, son prédécesseur, Gérard Collomb, a planté le tableau et esquissé la feuille de route de Christophe Castaner. Si ce gouvernement ne fait pas mieux que les précédents, laissant çà et là se développer des zones où les lois de la République ne s’appliquent plus, la purge ne sera pas seulement une menace. Et les soirs de fête deviendront des soirs de drames.
« L’appel à une “purge” des forces de l’ordre, lancé sur les réseaux sociaux, n’a rien d’une blague de potache. »