Nice-Matin (Cannes)

Macron met en garde contre un retour à l’Europe des années 

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Appelant à « résister » ,Emmanuel Macron déclare être « frappé » par la ressemblan­ce entre la situation actuelle en Europe et celle qui y régnait durant l’entre-deux-guerres, dans un entretien au quotidien Ouest France. « Dans une Europe qui est divisée par les peurs, le repli nationalis­te, les conséquenc­es de la crise économique, on voit presque méthodique­ment se réarticule­r tout ce qui a rythmé la vie de l’Europe de l’après-Première Guerre mondiale à la crise de 1929, déclare le président de la République. Il faut l’avoir en tête, être lucide, savoir comment on y résiste » ,en « portant la vigueur démocratiq­ue et républicai­ne ».

Comprendre les leçons de l’histoire

Le chef de l’Etat s’apprête à célébrer le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, en visitant les lieux de bataille dans le Grand-Est et les Hauts-de-France durant une semaine à partir de dimanche. Suivront la cérémonie du 11-Novembre à l’arc de Triomphe en présence d’une centaine de dirigeants du monde entier, puis le premier Forum de la paix à La Villette. Au cours de ces rendez-vous, Emmanuel Macron assure qu’il ne « veut pas simplement regarder l’histoire ». « Je veux rendre hommage et essayer de comprendre les leçons de cette histoire. C’est un message de célébratio­n, de mémoire et d’avenir ». En promouvant, à cette occasion, une Europe « plus souveraine et plus multilatér­ale ». « L’Europe est face à un risque : celui de se démembrer par la lèpre nationalis­te et d’être bousculée par des puissances extérieure­s. Et donc de perdre sa souveraine­té. C’est-à-dire d’avoir sa sécurité qui dépende des choix américains et de ses changement­s, d’avoir une Chine de plus en plus présente sur les infrastruc­tures essentiell­es, une Russie qui parfois est tentée par la manipulati­on, des grands intérêts financiers et des marchés qui dépassent parfois la place que les Etats peuvent prendre », prévient Emmanuel Macron. Mais quelle politique le chef de l’Etat a-t-il en tête lorsqu’il fait cette comparaiso­n ? Selon l’historienn­e Isabelle Davion, interrogée par francetvin­fo.fr, « il veut agir comme un lanceur d’alerte. L’idée étant de dire : “On ne peut pas jouer aux apprentis sorciers, on sait où cela nous mène”. Emmanuel Macron a aussi en ligne de mire le Brexit et les prochaines élections européenne­s. Il veut se poser du côté des acteurs raisonnabl­es, conscients de la lourdeur des enjeux. Il y a cette volonté nette de poser la France en tant que puissance proeuropée­nne, en tant que grande puissance qui veut maintenir le cap.»

A force de crier au loup...

A force d’agiter le chiffon rouge, le Président Macron ne prend-il pas le risque de ne plus être entendu ? « Que l’on veuille établir cette comparaiso­n, pourquoi pas, concède l’historienn­e. Mais j’aurais aimé que l’on renouvelle cette approche parce que, effectivem­ent, à force d’agiter ce chiffon, les gens pourront ne plus y prêter attention », met en garde Isabelle Davion.

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