Revivez le e eRallye Monte-Carlo
Partenaire média du 3e eRallye Monte-Carlo, Nice-Matin a participé à cette course de voitures propres. Vécu à bord de la Renault Zoé n° 32 de votre journal et de Radio Vinci Autoroutes
1er étape La chance des débutants
24 octobre, 8 h. Sur le parc fermé installé face au Palais Ducal de Nevers, la Renault Zoé électrique grise de Nice-Matin et de Radio Vinci Autoroutes est fin prête. Ce n’est absolument pas le cas de l’équipage. « Vous avez l’habitude ? Une épreuve de régularité, c’est super compliqué. » « Vous maîtrisez bien la règle de trois ? » Avec Virginie, ma copéquipière, nous ne cherchons même pas à faire semblant. Nous sommes débutants à 100 % et aussi nuls en maths l’un que l’autre. Un handicap de taille dans un rallye zéro émission où les concurrents ne visent pas la vitesse, mais la régularité, au dixième de seconde près. Notre premier défi : boucler deux tours du circuit de Magny-Cours à 70,7 km/h de moyenne. Bête comme chou sur le papier, l’exercice est, en fait, particulièrement ardu. Verdict : une honnête 23e place sur 40.
2e étape l’erreur sa paye cash
Participer au eRallye Monte-Carlo ne s’improvise pas. La moindre erreur se paye cash. La nôtre, au cours de la deuxième épreuve chronométrée du jour, nous fait dégringoler de la 23e à la 30e place du classement général. Concentrés sur le chrono comme des pros que nous ne sommes pas, nous avons raté une bifurcation et accompli l’exploit de nous perdre en pleine spéciale au coeur de la campagne ardéchoise chère au « vrai » Monte-Carlo. Bilan : une énorme frustration et 1.800 points de pénalité.
3e étape Douche froide
Un iPhone en guise de chrono, des notes griffonnées au crayon, des calculs approximatifs : notre technique relève de la recette à l’ancienne. Si les « touristes » du eRallye comme nous ne remporteront certes jamais l’épreuve, cela ne les empêche pas de s’illustrer. C’est du moins ce que nous pensions en apprenant notre deuxième place dans la ZR 5 (zone de régularité), devant les meilleurs mondiaux. Performance aussi inattendue qu’incompréhensible, ce braquage à la niçoise nous a valu trois bonnes heures de gloire avant une magistrale douche froide. À la suite de réclamations concernant un point de règlement ambigu que nous aurions été les rares à comprendre, le classement a été totalement revu. Deuxièmes à 17 h, 34e à20h.Dur.
4e étape Le jeu des mille bornes
Moyenne et autonomie. Deux mots qui virent à l’obsession. Alors que certaines autos comme les Tesla, les Jaguar i-Pace ou les Toyota Mirai à hydrogène peuvent parcourir sans difficulté 400 km, les Renault Zoé, Volkswagen e-Golf ou Nissan Leaf ne dépassent pas 250 km. Avec ma copilote, à qui j’ai épargné le coup de la panne, nous nous sommes plutôt bien sortis de l’exercice. Samedi matin, la première borne où nous voulions aller nous brancher à Thoard (Alpes-de-HauteProvence) était inaccessible pour cause de... marché. La deuxième, perdue sur le parking d’un lycée agricole, n’attendait que nous mais n’était pas connectée au réseau électrique ! Après avoir envisagé de pousser jusqu’à Castellane, nous avons enfin trouvé notre bonheur à côté de l’Intermarché de Digne. Une autre forme de tourisme...
5e étape Nuit d’ivresse
« On a failli toucher un mur, non ? ». Dans l’habitacle à peine éclairé par la lumière blafarde du plafonnier, ma copilote serre les dents. Au beau milieu de la descente détrempée du Turini, la voix blanche, elle continue à égrener les temps de passage pour faire en sorte que nous collions le plus possible à la moyenne imposée de 39 km/h et des poussières. J’avoue que je préfère être à ma place, au volant, qu’à la sienne, dite du mort (de trouille). Pour être ballotté de cette manière d’un lacet à l’autre, conduit par un pilote amateur dans la spéciale la plus connue au monde, mieux vaut avoir le coeur bien accroché. L’estomac au bord des lèvres, Virginie est crispée mais assure. Ultime étape, la ZR 10 entre Lantosque et Sospel est interminable. Si la pluie s’est un peu calmée depuis notre départ de Monaco à 21 h 19, la visibilité est nulle. Il faut dire que notre Renault Zoé n’éclaire rien. Dans les épingles, c’est le trou noir. Dans les lacets, la cata. A chaque freinage appuyé, les murs qui inquiètent Virginie se rapprochent dangereusement. Sous le déluge, il faut en permanence déjouer les pièges. Les flaques, les ornières, les feuilles et les pierres (voire les rochers!) qui jonchent le bitume. Ma hantise, outre la sortie de route ou le gros câlin à un muret: heurter un caillou et crever, ce qui vient d’arriver à l’équipage d’une Tesla. Même à moins de 40 km/h de moyenne, disputer une telle spéciale de nuit est une épreuve. Imaginer que les pilotes de WRC montent et descendent le Turini à 100, 150 km/h, si ce n’est plus, dépasse l’entendement. Ces gens-là sont des dieux du volant. De notre côté, même si nous avons beaucoup appris depuis le départ de Nevers, nous ne sommes pas devenus en quatre jours des dieux du chrono. Nos moyennes sont désespérément médiocres. Nos approximations et nos erreurs d’orientation dans deux zones de régularité nous ont coûté cher et notre classement final (34e sur 37 classés et 40 au départ) ne nous destine pas à une glorieuse carrière dans le championnat du monde de la spécialité. Nous garderons, outre la plaque de rallye qui témoigne de notre épopée épique, des souvenirs intenses et des images inoubliables. Et resterons impressionnés par le niveau d’exigence d’un rallye organisé par des femmes et des hommes, bénévoles ou non, incroyablement professionnels, disponibles et humains. Mention particulière pour notre Zoé électrique n°32 qui ne nous a pas lâchés et que nous avons ramené à l’Automobile club sans une égratignure. Une vraie sportive qui s’ignore. Comme nous.