Nice-Matin (Cannes)

SAINT-VALLIER DE THIEY Le Souvenir Français, gardien de la mémoire

- Résurgence­s, CORINNE JULIEN BOTTONI J. DIEREN

Avec la rubrique notre historienn­e et guide, Corinne Julien-Bottoni vous emmène dans les souvenirs de notre patrimoine GrassoCann­ois.

la fin du siècle des Lumières, Grasse qui occupe une place prépondéra­nte dans le domaine de la parfumerie, compte un nombre important d’ateliers disséminés intra-muros. Parfumeurs de père en fils En 1768, Antoine Chiris fait figure de pionnier en passant de l’artisanat à l’industrie. Sa nouvelle fabrique se situe près de la Porte Neuve Très vite, son commerce devient florissant et passée la Révolution, ses affaires reprennent de plus belle. Sentant ses forces défaillir, le vieil homme initie son fils Anselme à ses futures responsabi­lités. Ce dernier prend les rênes de l’usine en 1816 et développe aussitôt les marchés extérieurs tout en poursuivan­t des recherches dans le domaine de la compositio­n.

L’apogée sous Léon et Georges

Son fils Léopold lui succède en 1862, puis ses deux petits-enfants, Edmond et Léon. Le premier se consacre à la fonction publique, abandonnan­t à son frère la direction de la société. Léon Chiris reprend alors les projets d’extension de son père en implantant des succursale­s dans plusieurs colonies françaises. En 1868, pour le centenaire de la société, il transfère l’usine dans l’ancien couvent des Capucins, laissé vacant depuis la Révolution. Pour optimiser l’extraction par solvants volatils, il décide d’ériger un immense bâtiment, à l’image de celui de Boufarik en Algérie. Par sa conception de l’aération, l’architectu­re mauresque s’adapte remarquabl­ement au gigantesqu­e atelier où sont manipulés les produits inflammabl­es. «La Mosquée», appelée ainsi par les Grassois, est inaugurée en 1889 et classée par la suite à l’inventaire des monuments historique­s. À la mort de Léon Chiris, son fils Georges, se retrouve à la tête d’un immense empire. En 1922, l’usine de Grasse s’agrandit encore avec la création de nouveaux comptoirs en Chine et la fondation d’une compagnie de navigation sur le Yang-Tsé-Kiang. Georges étend son emprise en Europe, surtout en Italie et en Bulgarie. À la veille du second conflit mondial, l’usine Chiris a atteint son apogée. Très social, l’industriel fait construire la première piscine de Grasse, réservée à ses salariés et à leur famille, ainsi qu’une salle de gymnastiqu­e, une cantine et une crèche.

De la gloire au déclin

La guerre génère une situation catastroph­ique coupant à la fois l’industrie des pays producteur­s de plantes à parfum et de ses principaux clients. À l’issue du conflit, les Chiris parviennen­t à sauver leurs usines et leurs ouvriers. Cependant, tout doit être réorganisé et il faut désormais compter avec la concurrenc­e étrangère. Grâce à leur savoir-faire ancestral, les établissem­ents Chiris conservent et renforcent leur place en s’imposant encore pendant une trentaine d’années. En 1953, Léon-Antoine reprend la direction de l’usine. La guerre et la perte des colonies portent alors un coup fatal à l’entreprise qui doit se séparer de la fabrique de Boufarik. L’industriel est alors contraint de vendre l’entreprise familiale en 1967. Les repreneurs successifs qui n’ont, pour la plupart d’entre eux, aucune connaissan­ce du contexte économique grassois, précipiten­t le déclin de l’usine. In fine, les anciens bâtiments sont vendus à la ville en 1984. Détruits à la fin des années 1990, ils ont laissé la place à l’imposante cité judiciaire dessinée par l’architecte Christian de Portzampar­c. Seuls, l’ancien bâtiment des hydrocarbu­res, devenu l’Espace Chiris, ainsi que la base de l’ancien distilloir ont été conservés. Ils évoquent encore le souvenir d’un des fleurons de la parfumerie grassoise. Chaque année, le 1er novembre, le Souvenir français honore la mémoire de ceux morts pour la France. Une gerbe est déposée devant les monuments aux morts et un bouquet de fleurs est posé sur leurs tombes dans les cimetières des villages de France. Le comité du Souvenir français vallérois, présidé par André Dolla a accompli cette mission, en présence du maire Jean-Marc Délia, de membres du conseil, des Anciens combattant­s, des Sapeurs pompiers et de la population. Les personnes engagées dans le Souvenir français sont les gardiens de la mémoire, des hommes et des femmes qui se sont donnés pour mission de transmettr­e l’histoire, d’honorer la mémoire de ceux morts pour la France. Avec le temps et la disparitio­n des génération­s de la guerre, le Souvenir français oeuvre pour que la transmissi­on se fasse au travers des nouvelles génération­s. Il propose depuis 2008 que les enfants soient associés aux cérémonies commémorat­ives en y allumant une bougie. Les porte-drapeaux se faisant plus rares, le Souvenir français les confie à d’autres associatio­ns, le comité vallérois a confié le sien à la section des Jeunes Sapeurs Pompiers.

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(Photo DR) L’ancien couvent des Capucins abrite l’usine Chiris.
 ?? Un bouquet de fleur sur la tombe des anciens combattant­s. (Photo J.Dieren) ??
Un bouquet de fleur sur la tombe des anciens combattant­s. (Photo J.Dieren)
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