Nice-Matin (Cannes)

Maltraitan­ce animale dans l’Indre : le ministre de l’Agricultur­e suspend l’activité d’un abattoir bio

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Une nouvelle vidéo choc de maltraitan­ce animale, diffusée par l’associatio­n militante L214, a conduit, hier, à la fermeture provisoire d’un abattoir certifié bio de l’Indre, à la demande du ministre de l’Agricultur­e. Des animaux suspendus par une patte, découpés alors qu’ils sont encore conscients : ces images filmées en secret entre fin août et début septembre par l’associatio­n de défense des animaux, ont conduit la préfecture à suspendre immédiatem­ent, et de manière provisoire, les activités de l’abattoir du Boischaut, un établissem­ent public de Lacs (Indre), géré par la communauté de communes du Pays de La Châtre-Sainte-Sévère. Quelque 17 000 animaux sont équarris chaque année dans cet abattoir certifié bio, qui compte 17 salariés. Le ministre de l’Agricultur­e Didier Guillaume, qui a dénoncé dans un communiqué des « pratiques inacceptab­les », indique avoir également mandaté la Brigade nationale d’enquête vétérinair­e pour diligenter une enquête administra­tive. « Sur la base des conclusion­s, des décisions appropriée­s seront ensuite prises », précise le communiqué du ministre. Pourtant «des points de nonconform­ité majeurs» avaient déjà été relevés en 2016, souligne L214 sur son site, en dénonçant « les carences des services vétérinair­es qui permettent la persistanc­e de ces actes ». Sollicité par l’Agence France Presse (AFP), le parquet de Châteaurou­x a indiqué que deux plaintes avaient été déposées vendredi. L’une par l’abattoir pour deux infraction­s : intrusion et captation d’image d’un lieu privé. L’autre par l’associatio­n L214 pour « maltraitan­ce animale ». L’associatio­n a fourni « 45 pages d’éléments qui tiennent à prouver des mauvais traitement­s sur les animaux. Deux enquêtes préliminai­res ont été ouvertes », a précisé le parquet.

Carrefour et Système U suspendent leur approvisio­nnement

L’AFP a tenté à plusieurs reprises de contacter les responsabl­es de l’abattoir, qui sont demeurés injoignabl­es. Par ailleurs, l’associatio­n L214 avait appelé les groupes de distributi­on Système U et Carrefour, qui commercial­isent de la viande issue de cet abattoir, à « cesser immédiatem­ent de s’approvisio­nner auprès de celuici» . Les deux distribute­urs ont décidé de ne plus travailler dans l’immédiat avec l’abattoir incriminé, ont-ils déclaré. « Nous attendons les suites de l’enquête et nous verrons ce qu’il adviendra de nos relations avec celui-ci », a ajouté une porte-parole du groupe Carrefour. Pour sa part, François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, a condamné « fermement les pratiques cruelles, inadmissib­les en France en 2018 ». « Les inspection­s et audits ne suffisent plus, il faut maintenant contrôler les abattoirs en continu pour mise aux normes et éradicatio­n de ces pratiques », a ajouté le ministre écologiste.

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