Nice-Matin (Cannes)

VOILE « Envie de l’apprécier »

La Niçoise Alexia Barrier participe pour la première fois à l’épreuve. La 15e Transatlan­tique de sa vie (la 5e en solitaire) doit lui ouvrir les portes de son rêve ultime : le Vendée Globe en 2020

- PROPOS RECUEILLIS PAR C. ROUX

Le a Route du Rhum n’est qu’une étape. Les  milles qui séparent SaintMalo de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) ne sont qu’un long tremplin. Parce qu’Alexia Barrier ne fait pas dans le minimalism­e. Elle vise plus haut, plus loin, plus fort. En bouclant la Transatlan­tique, elle compostera son billet pour le Vendée Globe . La course d’une vie qui dessine ses rêves de gamine depuis ses  ans. Un tour du monde, l’essence d’une passion entretenue par les exploits de Florence Arthaud, idole partie trop tôt. A  ans, la native de Paris, débarquée à Nice à  ans et aujourd’hui domiciliée à Biot, a les idées claires et l’ambition en bandoulièr­e. Elle se bat pour que son projet avance. C’est ce qu’elle a confié à quelques jours de se lancer avec son Imoca, ‘‘myplanet’’, dans le tumulte de la course qu’elle entend terminer en laissant « quelques mecs derrière ».

Alexia, comment avez-vous géré l’approche du grand départ ?

Cette course est importante. Elle peut me permettre de me qualifier pour le Vendée Globe (elle devra la terminer pour composter son billet pour les Sables d’Olonne le  novembre  à h, ndlr)*. Je me sens prête. Je n’ai pas eu le temps de stresser donc c’est chouette (rire). Je suis restée concentrée parce qu’il y avait encore pas mal de choses à faire sur le bateau. On a changé les boutes, les écoutes de spi. On a géré aussi le ravitaille­ment en nourriture. J’ai fait appel à un traiteur italien de Vallauris. Je mangerai donc de la nourriture du Sud (rire).

Quel type de nourriture ?

Certains skippers préfèrent n’embarquer que des plats lyophilisé­s. De mon côté, j’ai pris des pâtes, des sauces et des poissons gras, riches en oméga-. Ils aident à la récupérati­on et seront importants puisqu’on dort peu.

Malgré votre expérience, ce sera votre première Route du Rhum, que craignez-vous le plus ?

On sera  bateaux très différents sur la ligne de départ (dont  femmes,  en Imoca). Ce sera un moment délicat à gérer. Ensuite (dès mardi), la météo s’annonce assez musclée à la sortie du Golfe de Gascogne.

Ça s’annonce même dantesque…

Je vais gérer ça en bon marin. Il faut s’économiser pour ne pas subir le bateau, savoir quand on peut se mettre dans le rouge. Je commence à avoir une expérience de navigatric­e. Même si ce sont les éléments qui dictent le rythme. Je suis d’un naturel optimiste donc je n’ai pas de craintes ou d’inquiétude­s. C’est ma première Route du Rhum et j’ai envie de l’apprécier. Bien sûr, je ne pourrai pas gagner avec ce bateau parce qu’il est un petit peu plus lent que les autres, mais je suis très heureuse de retrouver des skippers que je n’avais pas vus depuis longtemps.

Vous devrez boucler la course et en même temps pousser le bateau pour tirer des enseigneme­nts sur sa fiabilité. Pas simple…

L’objectif prioritair­e, c’est de ne pas casser le matériel. Le bateau est assez vétuste et, pour l’instant, on n’a pas les finances pour changer les pièces. De nouveaux partenaire­s vont nous rejoindre après la Route du Rhum pour nous permettre de changer ce matériel. Là, on pourra naviguer dans un souci d’optimisati­on.

Vous évoquez votre budget, où en êtes-vous après avoir obtenu l’aide du départemen­t ( € sur  ans) et lancée une campagne de crowdfundi­ng (€ récoltés sur  espérés) ?

On n’a pas encore tous nos budgets. On est super en retard financière­ment parlant. On n’a pas encore trouvé de partenaire titre. On a démarré il n’y a pas longtemps (elle a récupéré son bateau en mai après l’avoir acheté en février). On a déjà  sociétés qui nous suivent grâce à notre financemen­t collaborat­if. On espère en avoir  qui nous accompagne­nt à hauteur de € par an pendant trois ans. Ce qui est extraordin­aire, ce sont ces gens qui aident bénévoleme­nt pour la préparatio­n du bateau, la communicat­ion. Quand je vois les efforts des acteurs du nautisme, des pros et du grand public, je n’ai aucune excuse pour baisser les bras. Comme le dit le slogan d’une grande marque, ça donne des ailes. C’est très énergisant. Quand on est lancé à fond dans un tel projet, ne craint-on pas les coups de pompe ? Il y a une semaine, je suis allée faire un raid pendant quatre jours en Croatie, en mode sportif. Depuis que je suis à Saint-Malo, je suis bien. Ce n’est plus qu’un épuisement psychologi­que, une tension nerveuse. Je sais que les premiers jours seront difficiles. Ce sera à moi d’essayer de bien récupérer, avec des phases de sommeil un peu plus longues.

Avez-vous pu échanger avec Jean-Pierre Dick (le skipper niçois), qui compte quatre Vendée ?

C’est un honneur d’avoir le soutien du départemen­t après Jean-Pierre Dick. Je n’ai pas d’échanges réels avec lui étant donné qu’il est très pris par ses projets. J’échange avec des skippers expériment­és de la classe Imoca comme Arnaud Boissières ou Vincent Riou, qui m’a bien aidé au début de mon projet. Ils sont expériment­és et ont connu le Vendée Globe ( fois pour Boissières,  pour Riou). Je peux leur demander conseil sans problème.

Femmes et petits gabarits (, m pour elle) ne sont pas en marge…

La voile est un monde très masculin mais il n’y a pas de discrimina­tion de la part des skippers et des préparateu­rs des bateaux. On va faire face aux mêmes éléments. Je suis dans cette famille depuis l’âge de  ans (elle a bouclé sa première Transat AGR en ) et je me sens dans mon élément. Le marin barbu, grand et qui sent mauvais des pieds, c’est une caricature.

Comme vous l’ambitionne­z au Vendée avec votre associatio­n ‘‘myplanet’’, allez-vous récupérer des données scientifiq­ues pendant la Route du Rhum ?

On souhaitait déjà mettre des instrument­s de mesure à bord mais on n’a pas les budgets. Du coup, je vais me contenter d’observer la mégafaune. Je serai suivie par cinquante classes de primaire, collège et lycée sur la Route du Rhum. Il y aura des news du bord également télécharge­ables sur le site alexiasail­ingteam.com et un concours de dessins digital. * En cas d’échec,Alexia Barrier tentera de se qualifier en achevant la course « The Transat » en mai 2020.

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L’Azuréenne ( ans) a terminé e des Monaco Globe Series en juin, première étape des Imoca Globe Series, circuit lancé cette année et dont le Vendée sera le point d’orgue.

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