Nice-Matin (Cannes)

L’armistice avec les Français

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de En s’engageant demain sur les traces de la Grande Guerre, Emmanuel Macron parviendra-t-il à signer un armistice avec les Français ? Le long voyage mémoriel qu’il entreprend cette semaine, de Verdun (Meuse) à Notre-Dame-de-Lorette (Pas-deCalais), sur les lieux marqués, dans l’Est et au Nord, par les combats et les cimetières, lui permettra-t-il de retisser avec les Français des liens qui ne cessent de se détendre ? Emmanuel Macron n’est ni aveugle ni sourd : il ne peut pas ignorer la grogne et la rogne qui montent autour de lui. La CSG et les retraités, la montée du prix du pétrole et des taxes qui l’accompagne­nt, un pouvoir d’achat en berne pour beaucoup : tout cela efface largement toutes les annonces positives sur lesquelles le Président comptait pour rebondir. La réduction de la taxe d’habitation, la disparitio­n des cotisation­s salariales, la revalorisa­tion des retraites complément­aires s’engloutiss­ent dans le mécontente­ment général. Juste, injuste ? C’est ainsi. Au bout d’un an et demi de mandat, le Président est à la peine. D’abord parce que les résultats de sa politique ne sont pas au rendez-vous. Il se heurte au temps politique, plus lent que le temps médiatique, au rythme duquel vivent les Français. Il l’apprend durement à ses dépens aujourd’hui. Il voulait aller vite, plus vite que tous ses prédécesse­urs. La réalité l’a rattrapé. Ensuite parce qu’il n’arrive pas, décidément, à se débarrasse­r d’une image qui lui colle à la peau depuis le début, depuis la réforme de l’ISF et la réduction drastique des contrats aidés: le Président des riches. Des «trèsriches », avait même ajouté, pour faire bon poids, François Hollande. Après Nicolas Sarkozy, flingué lui aussi dès les premières semaines de son mandat par son dîner au Fouquet’s, Emmanuel Macron n’en finit pas de payer ses débuts à l’Elysée. Il avait été élu pour sa jeunesse, pour sa volonté de rupture avec les vieux partis, pour son parler-vrai. La jeunesse est devenue inexpérien­ce, le parler vrai, maladresse, et les vieux partis, quoique profondéme­nt divisés, ne se rejoignent que pour le combattre. Arrogant, l’adjectif lui colle à la peau. Dans ce pèlerinage autour de la Grande Guerre, le Président retrouvera-t-il la France profonde ? C’est aussi, et peut-être surtout, l’objectif poursuivi.

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