La Nouvelle-Calédonie choisit de rester française
L’archipel a fait le choix, hier, du non à l’indépendance avec 56,4 % des voix, au terme d’un référendum d’autodétermination historique. Mais le camp indépendantiste progresse
Les électeurs de cet archipel français, colonisé en 1853 et disposant d’importantes réserves de nickel, étaient appelés à dire s’ils voulaient ou non «que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ». Selon des résultats définitifs sur les 284 bureaux, le non à l’indépendance l’a emporté avec 56,4 % des voix contre 43,6 % pour le oui, un score en faveur du maintien nettement moins large que prévu par les sondeurs.
Emmanuel Macron : « Une immense fierté »
La participation a été massive, avec 80,63 % de votants, a indiqué le Haut-Commissariat. Peu avant la proclamation définitive des résultats, Emmanuel Macron a exprimé son « immense fierté que nous ayons passé ensemble cette étape historique » ,ensefélicitant d’une « marque de confiance dans la République française ». « Je veux aussi dire la fierté pour le chef de l’État que la majorité des Calédoniens ait choisi la France », a ajouté M. Macron dans une allocution télévisée depuis l’Élysée, en estimant qu’il n’y avait désormais « pas d’autre chemin que celui du dialogue ». Le Premier ministre Édouard Philippe est attendu sur place aujourd’hui, en provenance du Vietnam. Si le non à l’indépendance l’a emporté, le résultat a aussi été salué par les indépendantistes, qui s’estiment confortés par leur score, alors que les sondages tablaient sur une large victoire du non, dans une fourchette de 63 à 75 %.
Deux autres référendums possibles
Malgré ce résultat, la question de l’indépendance n’est pas close. Comme le prévoit l’accord de Nouméa signé en 1988, deux autres consultations sur l’indépendance sont possibles dans les quatre prochaines années. Des élections provinciales sont maintenues pour mai 2019. Si un tiers des membres du nouveau congrès (assemblée calédonienne) élu demandent un deuxième référendum, cette consultation devra être organisée dans les dix-huit mois suivants. Pour Louis Mapou, chef du groupe UNI-FLNKS au Congrès, « les indépendantistes sont encore plus motivés qu’avant pour demander le 2e et 3e référendum. Dès demain on va préparer la mariée pour qu’elle soit encore plus belle en 2020 », at-il dit. « Les Kanaks ont pris conscience que c’était à eux de montrer leur détermination à être enfin libres. On est à deux doigts de la victoire, et il nous reste deux consultations à venir », a aussi souligné Alosio Sako, président du rassemblement démocratique océanien (FLNKS). Philippe Michel, secrétaire général de Calédonie Ensemble, le principal parti non indépendantiste, « continue de penser que c’est mieux si on peut se passer d’un deuxième et d’un troisième référendum » mais qu’il ne s’opposerait pas à l’accord de Nouméa, qui est « constitutionnalisé ». « Est-ce que la Nouvelle-Calédonie a vraiment quatre ans à perdre ? », a de son côté demandé Sonia Backès, présidente du groupe Les Républicains au Congrès. Elle plaide pour « trouver une solution et remplacer ce deuxième et troisième référendum » afin de « stabiliser enfin la Nouvelle-Calédonie ».
« Une forte mobilisation des indépendantistes »
Selon Pierre-Christophe Pantz, docteur en géopolitique, il est « clair qu’on ne discute pas de la même manière quand on fait 43 % plutôt que 30 % ». « Cela va forcer les non indépendantistes à revoir leur copie », ajoute l’expert, qui explique ce score élevé par « une forte mobilisation jamais atteinte dans les communes indépendantistes de la Grande Terre ». Alors que les différents responsables politiques ont salué la large participation et le déroulé du scrutin, plusieurs voitures ont été brûlées et deux « faits de caillassage » ont été signalés, selon le Hautcommissariat.