Hausse des carburants: l’Etat réfléchit à des mesures d’accompagnement
Le gouvernement, qui peine à éteindre l’incendie suscité par la flambée des prix des carburants, n’écarte plus désormais des mesures pour atténuer notamment la hausse des taxes sur laquelle se concentre la colère des Français. Emmanuel Macron a rejoint, hier, ses ministres dans l’opération de défense de la politique fiscale du gouvernement. «J’assume parfaitement que la fiscalité due au diesel soit au niveau de celle de l’essence et je préfère la taxation du carburant à la taxation du travail », a affirmé le président dans un entretien aux journaux du groupe Ebra. Mais il a aussi ouvert la voie à un accompagnement de l’État et une réunion interministérielle s’est tenue dans la matinée sur le sujet, selon des sources gouvernementales concordantes. « La région Hauts-de-France a proposé une aide au transport pour ceux qui ont plus de 30 km par jour de déplacement. J’ai demandé au gouvernement de voir comment nous pouvons accompagner cela », a-t-il indiqué, évoquant une défiscalisation de cette aide. En un an, le prix du diesel à la pompe a progressé d’environ 23 % contre 15 % pour celui de l’essence, surtout à cause de la hausse des cours du pétrole, même si une baisse s’est amorcée depuis deux semaines. Le mécontentement est monté en puissance ces dernières semaines, avec des pétitions rassemblant des centaines de milliers de signatures, et un appel à bloquer les routes et les autoroutes le 17 novembre. Certains responsables politiques, comme le Rassemblement national, des élus LR ou le patron de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan, ont apporté leur soutien à ces mouvements, tandis que des parlementaires de tous bords demandent au gouvernement des mesures d’aides pour les ménages précaires. Que d’inutiles polémiques sur l’itinérance mémorielle d’Emmanuel Macron tout au long de cette semaine dans l’est et le nord pour célébrer le centième anniversaire de l’armistice du novembre ! Le chef de l’Etat a fait un choix respectable : rendre hommage aux soldats tombés au cours de ce long massacre de quatre ans et célébrer la paix qui a bien besoin de l’être en ces temps troublés qui voient l’idée de démocratie ici et là vaciller. Pour autant, il serait naïf de croire que le chef de l’Etat a entrepris cette longue déambulation sans poursuivre le moindre objectif politique. Son périple est aussi conçu comme le chemin de reconquête d’une opinion qui se dérobe de plus en plus. Le voyage a donc été minutieusement concocté. D’abord pour évoquer le passé et s’inscrire dans l’histoire longue afin de retrouver une posture présidentielle jupitérienne. Ensuite pour s’immerger dans la population, la rencontrer, aussi
bien dans les villes « Il a l’illusion de se
visitées que dans reconnecter avec le des entreprises afin de renouer pays mais... il demeure
avec la France loin de ceux qu’il croit d’aujourd’hui qui travaille. Enfin approcher. » pour retrouver une stature internationale avec la réunion autour de lui à Paris le novembre de plus de chefs d’Etat ou de gouvernement. La réussite de cette vaste opération de communication n’est pas acquise d’avance. Ces voyages présidentiels ont leurs limites : le chef de l’Etat traverse le paysage plus qu’il ne l’explore. Il a l’illusion de se reconnecter avec le pays mais, sécurité et protocole obligent, il demeure loin de ceux qu’il croit approcher. Il n’est pas si facile non plus de conjuguer célébration de la mémoire et visées politiques. Surtout lorsqu’on donne le sentiment de vouloir instrumentaliser le passé. Ce qu’Emmanuel Macron fait dans cette itinérance. Ne l’a-t-il pas débutée en agitant le spectre des années , de l’entre-deux-guerres et de la lèpre nationaliste, propos historiquement discutables, mais surtout propos électoraux dans la perspective du scrutin européen du printemps , premier test électoral national pour le chef de l’Etat depuis son accession à l’Elysée. Cette stratégie est en fait risquée car contradictoire : elle est clivante alors que cette itinérance d’une semaine a pour but de prôner l’unité nationale. Elle peut aussi être contreproductive puisqu’elle démontre en creux que l’Europe que défend le chef de l’Etat a échoué. Comme toujours, Emmanuel Macron veut faire du « en même temps » mais ce temps-là est peut-être révolu dans l’opinion.