Nice-Matin (Cannes)

Monaco : le bal des morts-vivants

Humiliés à domicile par Bruges (0-4), les Monégasque­s ont sombré dans les grandes largeurs. Ils sont déjà éliminés de la Ligue des champions

- MATHIEU FAURE

On va surtout essayer de se rassurer » disait Thierry Henry avant la rencontre. Une gifle plus tard (0-4) – la plus large défaite de l’histoire du club sur la scène européenne en 191 matches – et voilà Monaco bon dernier de sa poule, incapable de l’emporter à domicile depuis bientôt deux ans sur la scène européenne. L’arrivée de Henry sur le banc n’a rien changé. L’expression collective est en perdition et les suiveurs de l’AS Monaco commencent à perdre patience. En début de seconde période, alors que les Belges menaient déjà par trois buts d’écart, le virage des Ultras Monaco 94 s’est vidé. Les Ultras ont débâché, déserté leur bloc et mis le feu à une banderole au coeur de leur tribune. Dans la foulée, Falcao a été remplacé sous les sifflets par le jeune Gouano, 17 ans. En toute fin de match, quand Bruges portait le score à 4-0 sous les acclamatio­ns ironiques du public, Diop, Sylla, Gouano et Massengo étaient sur la pelouse. Ils ont tous moins de 20 ans, les deux derniers effectuant même leurs débuts chez les profession­nels.

La direction du club dans le viseur

Un baptême en forme d’impuissanc­e. Un fossé également qui montre la pauvreté de l’effectif en dépit de plus de 60 contrats profession­nels. Cette gifle, c’est aussi un camouflet pour la direction du club qui, depuis plusieurs jours, traverse une tempête extra-sportive sans précédent. Après les révélation­s de Médiapart sur une tentative de sponsoring fictif pour dribbler le fair-play financier, le président et principal actionnair­e du club, le Russe Dmitry Rybolovlev, a passé son match en garde à vue pour trafic d’influence et corruption. Pour un club qui tient à son rang, à son image de marque, à une certaine forme de classe, on était plutôt tombé dans le domaine de la crasse. Le genre d’écart qui fait grincer des dents au Palais Princier. Sur le pré, les trois buts encaissés en douze minutes en première période ont confirmé que cette équipe n’a, pour le moment, ni le talent, ni la moelle, ni le courage de relever la tête à la moindre secousse. Car, bizarremen­t, Monaco a bien débuté son match. C’était saignant. Incisif. Presque beau. Deux occasions franches (Falcao 6’, Diop 7’) et puis le trou noir. Apeurés, apathiques, les Monégasque­s ont fui et tourné le dos au ballon. Sofiane Diop, 18 ans, a encore été le meilleur monégasque, hier. C’est révélateur de quelque chose d’anormal quand le meilleur joueur sur la pelouse est un gamin de 18 ans qui n’a pas vocation à porter cette équipe sur ses épaules.

« Ça va exploser » lâche un joueur

Où étaient Falcao, Glik, Jemerson, Benaglio, Chadli ou encore Tielemans ? « Çava exploser » lâche un joueur, dépité. La saison va être longue. Sans doute très pénible. Elle se conjuguera sans Ligue des champions, puisqu’avec un point en quatre journées, Monaco est éliminé. C’est presque anecdotiqu­e. Mais il faudra rapidement que les dirigeants viennent s’expliquer sur le fameux projet. On en vient à penser que la direction sportive s’est laisser berner par sa propre réussite sur les récents mercatos, comme si découvrir des Fabinho, Bernardo Silva et Thomas Lemar était devenu la norme. Or, depuis deux ans, l’équipe sombre qualitativ­ement sans que personne ne s’en inquiète. Hier, dans un stade qui est pourtant bien sage, on a assisté à une fin de match surréalist­e, où un spectateur a chanté ‘‘Gigi l’amoroso’’ de Dalida dans un stade amorphe. Ce silence, c’était celui de la mort. Celle d’un club qui agonise en silence. Et c’est moche.

 ??  ?? Sidibé s’est démené mais cela n’a pas empêché Monaco de couler...
Sidibé s’est démené mais cela n’a pas empêché Monaco de couler...

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