Nice-Matin (Cannes)

Injure et coup de poing pour des… déjections canines

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Dans le vieil Antibes « tout le monde me connaît, c’est un petit village ! » Sûr de lui, Michel promène régulièrem­ent ses trois chiens dans une des rues étroites. Cet ancien commerçant, la cinquantai­ne, était à la barre du tribunal correction­nel de Grasse présidé par Pierre Kuentz, pour témoigner des violences et menaces homophobes dont il aurait été la victime le 10 octobre 2014. Une date lointaine. Mais la plainte, qui avait d’abord entraîné un simple rappel à la loi dans l’attente d’être classée sans suite, avait fait l’objet d’une constituti­on de partie civile de la part de la victime. Raoul 68 ans, à qui on reproche ces faits, se retrouve à nouveau mercredi devant la juridictio­n pour en rendre compte. Il avait déjà reconnu ces actes délictueux. « Qu’avez-vous à nous dire sur cette affaire ? », lui demande le président. Cet ancien régisseur d’une grande et luxueuse propriété d’Antibes explique les raisons qui, selon lui, l’ont conduit à asséner un violent coup de poing au visage de la victime et à la traiter de « péd… » Il affirme : « Il promène ses chiens, les laisse divaguer et ils font leurs besoins en plein devant la porte de mon domicile. Quasi quotidienn­ement et malgré mes demandes réitérées pour que cela cesse ! J’ai pété les plombs et je l’ai frappé. » Michel se retrouvera dans le caniveau le nez fracturé avec un tassement des cervicales entraînant 25 jours d’ITT. Ce qui ne l’avait pas à son tour empêché d’injurier le prévenu le jour des faits : « Sale collabo, vieux c.. de bourgeois ! »Ilaffirme de nouveau : « Je promène mon chien tranquille­ment, j’en ai plus qu’un. Il m’avait même poursuivi en baissant sa braguette et jurant qu’il allait m’enc… ! » Pourtant Raoul voulait couler une retraite paisible dans son petit appartemen­t avec sa compagne handicapée qui était à l’époque en fauteuil, roulant de temps en temps…sur les crottes ! Mais le voila poursuivi pour des faits que la prévention qualifie de violence et injure publique envers un particulie­r, sans retenir d’ailleurs leurs relations en raison de l’orientatio­n sexuelle ou de l’identité de genre de la victime. Les témoignage­s de trois personnes proches des lieux confirmero­nt le comporteme­nt agressif et provocateu­r de cette dernière. Ce qui indigne son avocat Me Julie Dupy qui dénonce « une inversion des rôles, et concernant les incivilité­s qu’on peut lui reprocher, il y a des procédures.» Elle demande 12750 euros de dommages et intérêts consécutif­s aux nombreuses opérations et soins qui ont suivi les violences subies. Le procureur de la République Alain Guimbard demande une peine d’amende de 500 euros avec sursis. Me Richard-Dixon Pyné dans sa plaidoirie reprend le caractère volontaire­ment provocateu­r de Michel : « Il veut faire fuir les personnes âgées en les intimidant, il pense que tout le monde lui en veut et il se victimise. Quant à son orientatio­n sexuelle tout le monde s’en fiche ! » Le tribunal condamnera Raoul à 500 euros d’amende avec sursis et renverra à une audience ultérieure sur intérêts civils pour mener de nouvelles expertises médicales. Raoul et sa compagne, présente à l’audience, ont depuis déménagé.

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