Nice-Matin (Cannes)

VALLAURIS - GOLFE-JUAN L’opposition doit pouvoir donner de la voix partout

Saisi par l’élu d’opposition Jean-Noël Falcou, le tribunal administra­tif juge que la Ville n’applique pas le droit à l’expression plurielle sur ses supports écrits et numériques

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

Informatio­n plurielle, 2e acte ? En mars 2015, Jean-Noël Falcou, seul représenta­nt du groupe d’opposition Ensemble pour Vallauris Golfe-Juan avait déposé un recours auprès du tribunal administra­tif de Nice pointant, selon lui, une injustice sur l’espace qui devait lui être consacré dans le magazine municipal : 697 caractères, pour s’exprimer, contre 799 pour Jean-Lou Pece, lui aussi unique élu de la liste Pour que vive Vallauris Golfe-Juan. Le juge des référés avait donné raison à Jean-Noël Falcou, pointant une « rupture d’égalité entre élus ». Le maire Michelle Salucki avait fait appel mettant en avant la décision d’accorder un nombre de caractères proportion­nel aux listes selon les résultats aux élections. Avec 8,36 % des suffrages, Jean-Lou Pece devançait Jean-Noël Falcou, qui avait recueilli 7,29 %. Le 2 novembre 2016, le tribunal administra­tif rendait un jugement favorable à la demande de l’opposant et fixait à 799 le nombre de caractères accordés. Soit le même que les autres groupes non majoritair­es avec un unique représenta­nt. En plus du magazine municipal, la Ville doit réserver un espace sur son site Internet et son Facebook. Dans les revues municipale­s trimestrie­lles, chaque groupe dispose d’une rubrique. Celle-ci est reprise, mot pour mot, sur le site Internet, à la rubrique conseil municipal. Mais pour Jean-Noël Falcou cela n’est pas conforme. Le 28 août 2017, il a déposé une nouvelle demande auprès du tribunal estimant que la Ville n’a pas exécuté le jugement. C’est-à-dire réserver un espace d’expression à l’opposition municipale sur son site Internet et son Facebook.

Salucki : « Je ne laisserai pas faire ça »

Pourtant, chacun peut lire les expression­s libres sur ces deux supports. C’est ce qu’a rétorqué, pour sa défense, la Ville face à la justice administra­tive. Pour le tribunal, cela ne suffit pas. Le délibéré rendu le 20 août dernier précise que «la commune a procédé à la première injonction du jugement. Toutefois, contrairem­ent à ce qu’elle soutient, la commune se bornant à prévoir la reproducti­on sur son site Internet et sur sa page Facebook, des articles publiés dans le magazine municipal, n’a pas réservé un espace d’expression à l’opposition municipale sur ces deux supports... M. Falcou est donc fondé à soutenir que la commune n’a pas procédé entièremen­t à l’exécution du jugement du 2 novembre 2016 ». Le tribunal a prononcé une astreinte de 100 € par jour, à compter de l’expiration du délai de 3 mois suivant la notificati­on du jugement. C’est-à-dire le 24 novembre prochain. Michelle Salucki précise qu’une demande de sursis à exécution a été déposée : « Nous avons étudié la faisabilit­é de l’ouverture d’un espace ouvert sur Facebook à l’opposition. Le souci majeur est d’arriver à gérer la masse des commentair­es qui risquent de déferler, souvent injurieux, on l’a vu dans les précédents cas où des élus ont été attaqués, personnell­ement, de manière infamante et ont dû porter plainte [NDLR : Marie-Claude Moitry et Jean-Lou Pece sur les réseaux sociaux]. Il faudrait créer un emploi à plein-temps pour surveiller et modérer les propos et la Ville n’a pas le budget pour ! Il est donc hors de question d’ouvrir la porte à ces dérives. Il en va de l’image de la Ville. Je ne laisserai pas faire cela ». Le maire estime que JeanNoël Falcou peut s’exprimer : «Sa parole est retranscri­te. » Ailleurs, comment le problème est-il traité ? À Antibes, sur le site Internet de la mairie les expression­s des groupes d’opposition présentées dans le magazine municipal sont reproduite­s in extenso. Sans plus. Il n’y a pas d’espaces réservés sur Facebook. Et, visiblemen­t, aucun élu d’opposition trouve à y redire.

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