Maubeuge : Macron monte au front
Au 5e jour de son « itinérance mémorielle », le chef de l’Etat en a profité pour aller au contact des salariés d’une usine Renault. Et il n’a pas été déçu...
Poursuivant dans le Nord son périple de commémoration de la guerre de 14-18, Emmanuel Macron était en visite, hier, dans une usine Renault près de Maubeuge. Il a défendu avec force sa politique économique face à un ouvrier syndicaliste protestataire, hué par ses collègues, qui lui criait: « Vous n’êtes pas le bienvenu ! » Il a passé ensuite l’aprèsmidi à Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), site de la plus grande nécropole militaire française où reposent vingt-deux mille combattants. Il a également visité l’Anneau de la mémoire, où sont gravés les noms de 580 000 soldats morts, sans distinction de nationalité. Pour le cinquième jour de son « itinérance » devenue chaotique, le président de la République a très vite été rattrapé par la polémique sur la figure du maréchal Pétain [lire ci-dessous]. Il faut dire que depuis le début de la semaine, le Président fait le grand écart entre les sujets mémoriels et les dossiers d’actualité, comme la hausse des prix du carburant. La visite à l’usine Renault, qui emploie 2 200 personnes, n’a pas dérogé à cette règle. Il a été accueilli par le P.-D.G. de Renault Carlos Ghosn qui lui a présenté les investissements du groupe, dont celui d’un milliard d’euros dans les véhicules électriques sur cinq ans, annoncé en juin.
« Vous êtes ridicule »
S’adressant au personnel de l’usine, le chef de l’Etat a eu la surprise de se faire prendre à partie par un syndicaliste de SUD. « M. Macron, vous n’êtes pas le bienvenu ici », lui a crié cet homme, Samuel Beauvois. « On est là tous ensemble pour réussir », a répliqué le président. « On réussit sans vous », a rétorqué le syndicaliste, sifflé par nombre de ses collègues qui ont applaudi le Président. « Je veux expliquer pourquoi je suis là, cet engagement… » « C’est pas grâce à vous », l’a coupé son interlocuteur. « Là vous êtes ridicule, pardon de vous le dire », s’est énervé le chef de l’Etat. Ce voyage permet au chef de l’Etat, très bas dans les sondages, de multiplier les bains de foule, son exercice de communication favori. Mais il est confronté chaque jour à des expressions de colère, contre le faible montant des retraites ou la cherté des carburants, à une semaine d’un appel à bloquer les routes le 17 novembre.
Du « bonheur »
Alors que des médias ont évoqué un chemin de croix, Macron a, en réponse à un journaliste, parlé du « bonheur » que lui procure ce périple. Il lui permet de « capter plein de choses » dont il fera son « miel », a-t-il ajouté. Emmanuel Macron profite aussi de cette semaine pour investir les médias alors que ses interviews étaient jusqu’ici rares. Après Europe 1 mardi, France 3 Hauts-de-France et France 3 Grand Est hier soir, le chef de l’Etat sera, dimanche, l’invité de la chaîne américaine CNN.