Nice-Matin (Cannes)

Sylvie Melikian, super mamie… gâteau!

Cette Cannoise de 61 ans est candidate au concours Super mamie Côte d’Azur 2018 qui se déroulera ce soir, à 21 heures, au casino de Menton. Zoom sur un destin haut en couleur

- CLÉMENT TIBERGHIEN ctiberghie­n@nicematin.fr

Sylvie a, dans le regard, l’éclat de ceux qui ont parcouru le monde. Assise d’une demifesse sur l’épais coussin rouge de sa chaise de rotin blanc, elle raconte son histoire. « Ma mère vient de la ville de Mouchetsi (Arménie) et mon père de Kiliss (Arménie occidental­e). Je suis arrivée en France à l’âge de 7 ans, en provenance du Liban. Le 2 novembre 1966, nous sommes arrivés à Marseille, par bateau. Nous nous sommes installés à Issy-les-Moulineaux et petit à petit on a fait notre nid » explique-t-elle, les yeux brillants de souvenirs. À l’image d’un Charles Aznavour, parti trop tôt, Sylvie se sent «100 % arménienne et 100 % française. » En 2007, à force d’allers et retours, Sylvie devient cannoise. Elle amène, dans son sillage, sa fille Julie, âgée de 15 ans à l’époque. «Ma mère était là depuis 1992, en face de la pharmacie Esterel à Cannes-laBocca. Nous étions venus plusieurs fois en vacances et puis je me suis décidée, mon coeur a penché pour Cannes » explique-t-elle, l’oeil malicieux. Depuis, elle savoure les plaisirs de la vie cannoise. « J’adore cuisiner et manger avec mon petit-fils Lucas, c’est mon petit prince. Il aura 10 ans le 5 janvier, le jour de Noël arménien. » Sylvie collection­ne les peluches, qu’elle a glanées au cours de sa vie. « Chacune a son histoire, reliée aux villes par lesquelles je suis passée: Las Vegas, Boston ... MalleretBo­ussac (Creuse), etc.» précise-telle. Elle est de celles qui ne baissent jamais les bras, jamais. « J’ai travaillé dans le

‘‘ Sentier à 17 ans suite à la mort de mon père. Je voulais continuer mes études après mon BEP commercial de vente, mais je devais travailler. Depuis ce jour-là, je cours, je ne peux pas m’arrêter c’est plus fort que moi » raconte Sylvie. Prescripte­ur des assurances, responsabl­e des services de la compagnie hôtelière de tourisme, responsabl­e d’agence immobilièr­e à la Napoule, Sylvie a eu mille vies. «Après tous mes voyages et toutes mes aventures, j’ai décidé de rester à Cannes. D’ailleurs, j’étais déjà venue à Nice à l’âge de 18 ans ». Dans la famille, les concours de beauté, on a ça dans le sang : « Mes filles ne se trouvaient pas jolies alors je les ai inscrites à des concours de beauté vers la fin des années 90. Elles ont gagné toutes les deux (miss Balaruc-les-Bains et miss Frontignan) ! » « Ma plus grande fille Angéline, âgée de 24 ans à l’époque, est venue en 2009 pour fêter Noël. C’était mon premier grand moment avec mon petitfils Lucas qui n’avait qu’un an et que je n’avais vu que brièvement auparavant. C’était mon cadeau de Noël, un moment familial magnifique, j’étais tellement heureuse d’avoir mes filles autour de moi » raconte Sylvie, l’oeil brillant. Cette grand-mère hors du commun fait partie de plusieurs associatio­ns : l’Union Arménienne Cannes et environs, les Anciens Combattant­s arméniens PACA, et le Comité de l’Arménien Occidental. «Mes grands-parents ont fui l’Arménie occidental­e, raconte Sylvie, ma grandmère maternelle s’appelait Maritza et mon grand-père Amissak. Je ne l’ai vu qu’une seule fois étant enfant (5 ans) au Liban. Ils ont dû se déguiser, et le frère de ma grand-mère a conduit l’âne pour pouvoir traverser les frontières et se sauver du génocide arménien en 1914. Seule ma grand-mère s’en est sortie, tous les autres frères et soeurs de ma grandmère maternelle ont été exterminés avant de réussir à fuir » raconte Sylvie. Chaque été, la Cannoise pense à sa grand-mère : « Maritza ça veut dire Marie et je suis née le 15 août!» Cuisiner, danser (en particulie­r la danse traditionn­elle

‘‘ arménienne : le kotchari), sont, pour Sylvie, une véritable catharsis. «Quand je danse, j’oublie tout et ça fait bouger le corps, ça fait vraiment du bien. Quand j’étais plus jeune, je faisais partie d’une troupe de danse folkloriqu­e à Paris, on s’est même produit à Londres ! » Alors Sylvie passe son temps aux Belles-Rives de Juan-les-pins, à l’Abri-Côtier de golfe juan, au Soft de Grasse, de temps en temps à Saint Aygulf ou sur le port de SaintRapha­ël, bref, voilà une grand-mère qui, par amour pour la danse, écume les boîtes alentours. « Le but du jeu, c’est de bouger explique-t-elle. J’ai porté une béquille pendant 10 ans, aujourd’hui quand je danse ça me fait tout oublier. Je me sens bien dans ma tête et c’est moi la plus belle. Avec mes genoux fichus je danse et je suis très fière de moi! On me disait que j’allais finir en fauteuil roulant et bien non, la Côte d’Azur ça garde la jeunesse!» se réjouit Sylvie. Aujourd’hui, elle travaille sur les marchés mouansois où elle vend ses bons petits plats. Pas le choix pour cette femme de 61 ans que plus personne ne veut embaucher «aucun employeur ne veut me donner du travail parce que je suis trop âgée» regrette Sylvie. Ce soir, cette super mamie compte bien faire danser le public, et embarquer l’assistance dans son univers! Rens. www.supermamie.com Tel. 04.75.37.55.75.

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(Photo Clément Tiberghien)

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