Honoré Colomas: «Les maires ont un sentiment d’abandon»
Les maires des Alpes-Maritimes, qui tenaient hier leur salon annuel à Nice, ont une nouvelle fois fait part de leur désarroi. Outre davantage de moyens, ils réclament à l’Etat plus de considération
Il y a les chiffres. Têtus. Le député LREM Loïc Dombreval comme le préfet Georges-François Leclerc ont tenu à les rappeler hier : pour la première fois depuis sept ans, la dotation globale de l’Etat aux collectivités a été stabilisée en 2018, et même très légèrement augmentée, à hauteur de 48,2 milliards. Et puis il y a le ressenti des élus locaux. Lancinant. Honoré Colomas, président de l’Association des maires des Alpes-Maritimes, s’en est une fois encore fait l’écho lors de leur salon annuel à Nice. Audelà des difficultés financières, il a pointé un manque de considération et un excès normatif qui complique la tâche des édiles, ruraux en particulier : «La charge de travail est colossale. Il est devenu impossible pour un maire d’exercer une activité professionnelle. Les maires colmatent les fractures du pays et répondent avec toujours moins de moyens aux préoccupations des administrés. Il faut faire toujours plus avec toujours moins : moins de crédits, moins d’ingénierie de la part de l’Etat, moins de considération à travers la campagne honteuse Balance ton maire. Les mesures qui vont à l’encontre de la libre administration communale ne cessent d’augmenter. On assiste à une recentralisation, l’Etat organise la suppression des communes.»
Huit démissions
Pour lui, il ne faut pas chercher plus loin les raisons du « burn-out généralisé des maires des petites et moyennes communes. Au plan national, on a enregistré 55 % de démissions en plus par rapport à la même période lors du mandat municipal précédent. Rien que dans les AlpesMaritimes, huit maires (sur 163, ndlr) ont démissionné depuis 2014. La coupe est pleine. Ils ont un sentiment d’abandon, d’être là pour gérer la pénurie financière ». Des propos tempérés par le préfet, pour qui « seules une ou deux démissions relèvent d’une réelle lassitude » , les autres tenant à des raisons personnelles. Pêle-mêle, les maires ruraux ont détaillé leurs principaux soucis: prix du carburant, attaques du loup dans les zones pastorales, services postaux devenus payants ou de sécurité de certaines manifestations