Nice-Matin (Cannes)

Aidé que desservi »

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Cette nuit du  au  juin, vous y repensez ?

Non… C’était pour une bêtise mais, comme je te l’ai déjà dit, c’est le destin. Je devais aller en Thaïlande durant cette période. J’aurais pu avoir un accident d’avion. Tu ne peux pas fuir, la mort quand elle est là, elle est là. En l’occurrence, moi, elle n’était pas là. Ça devait m’arriver, je le savais.

Avez-vous des souvenirs de l’accident ?

Je dormais. Je me suis réveillé dix jours après. A l’hôpital, j’étais super agité. J’avais des tuyaux dans la bouche, dans la gorge, dans le nez. J’ai tout arraché. Ils m’ont rendormi. Je me rappelle très bien le jour où ils m’ont dit que j’étais paraplégiq­ue, que je ne remarchera­i plus. Je l’ai bien pris mais, une semaine plus tard, j’ai craqué. J’ai pleuré des torrents, je ne voyais plus personne devant moi. Je me suis demandé ce que j’allais devenir, ce que j’allais faire de ma vie. Tout s’est mélangé dans ma tête, le foot, mes jambes… Cela a duré deux jours. Je voulais que ma femme vienne me chercher, elle ne pouvait pas. Je pétais les plombs, j’en voulais à la terre entière, je voulais me battre avec les médecins. J’avais des décharges électrique­s dans tout le corps, c’était insupporta­ble. La morphine me faisait délirer. Je pensais pouvoir me lever. Ensuite, je me suis calmé, heureuseme­nt.

Voyez-vous toujours les personnes avec qui l’accident s’est produit ?

On était quatre. Il y avait mon cousin, que je vois encore… Je ne dormais jamais en voiture et là je me suis endormi. Je ne montais jamais à l’arrière et là je suis allé à l’arrière… Avant de m’endormir, je me suis dit que si on avait un accident je ne sentirais rien.

Avez-vous des nouvelles du conducteur ?

Non.

Il y a eu un procès…

Je n’y suis pas allé.

Pourquoi ?

Je ne lui en veux pas. Je ne voulais pas qu’on soit confronté, qu’il soit puni… Je crois qu’il a été condamné, qu’il portait un bracelet. Je n’ai plus de contact.

Le monde du football vous a-t-il soutenu ?

Ce qui a été fait à Nice, c’est incroyable. Voir mon numéro, le , retiré, l’hommage à la e minute, ça me touche. Tu ne peux pas faire mieux. Nice, c’est mon équipe. Le club m’a envoyé des maillots. Ces marques d’affection, ça fait un bien fou. J’aurais pu jouer toute ma carrière dans ce club.

Claude Puel disait que vous aviez le potentiel pour être un internatio­nal. Cela vous faisait quoi ?

J’étais touché quand on me flattait. J’y croyais car j’étais conscient de mes capacités. Mais je n’arrivais pas à être constant. Quand je vois certains milieux français, je me dis que j’aurais largement pu être à leur place. Mais à l’époque, je n’étais pas dans une optique de performanc­es. A  %, je n’étais pas en dessous d’un Pogba. Mais lui est ambitieux, sait où il veut aller et a su apprivoise­r l’environnem­ent dans lequel il évolue.

Didier Digard, c’est plus qu’un ami ?

Il sait… C’est mon gars. Je n’aime pas trop en dire parce qu’il est là. C’est beau. Il me connaît. Il sait qui je suis, je sais qui il est.

Le but à Toulouse, qui donne la victoire -, en mars , c’est un grand souvenir ?

Il fait partie des meilleurs moments. Je me revois courir vers les supporters après ma frappe. C’est comme s’ils avaient un aimant. J’ai foncé vers eux. Je tapais sur mon torse, on a communié. C’était un moment magique. J’avais un lien fort avec eux. On se comprenait. Ils m’ont offert une cagoule, je l’ai toujours. On parlait après les entraîneme­nts. J’aimais bien leur délire.

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L’une des filles jumelles de Didier Digard.
 ?? Avec Tya et Kim, les deux filles aînées de Didier Digard. (Photos V.M.) ??
Avec Tya et Kim, les deux filles aînées de Didier Digard. (Photos V.M.)
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Avec Didier Digard, son ami depuis leur formation commune au Havre.

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