Nice-Matin (Cannes)

Gigantesqu­e arnaque entre Nice et Israël

20 millions d’euros de préjudice pour 3000 victimes. Une affaire partie de plaintes au procureur de la République de Nice

- STÉPHANIE GASIGLIA

L’affaire est partie de Nice en 2011. Une arnaque géante aux annuaires profession­nels et au référencem­ent Internet venue tout droit d’Israël. Une escroqueri­e à 20 millions d’euros, avec plus de 3 000 personnes flouées à travers toute la France, selon nos confrères de La Voix du Nord. Des associatio­ns, des commerçant­s, des sociétés, des PME, des banques. Et même un diocèse… Une affaire hors-norme qui a été jugée par le tribunal correction­nel de Paris. Trois semaines de débats avec 27 prévenus. Deux d’entre eux ont été condamnés à 5 ans de prison dont trois avec sursis et une mise à l’épreuve pendant 3 ans. Il s’agit des cerveaux de l’affaire. Les deux quadragéna­ires qui, depuis Tel Aviv, pilotaient des sociétés de référencem­ent et des sociétés écran.

Sociétés écran, menaces et harcèlemen­t

Leur arnaque était bien rodée. Et redoutable­ment efficace. Les victimes payaient des sommes parfois faramineus­es pensant s’acquitter de la totalité d’une prestation : des parutions dans des annuaires profession­nels ou un référencem­ent sur Internet. Mais une fois le délai de rétractati­on passé, les malheureux comprenaie­nt que la somme déboursée était, en fait, une mensualité… et qu’il fallait payer le reste! Et on leur faisait bien comprendre qu’ils avaient intérêt. Face à des clients récalcitra­nts, les escrocs n’hésitaient pas à se faire passer pour de faux huissiers, de faux avocats et même de faux gendarmes. À grands coups de menaces et harcèlemen­t.

Tracfin s’en mêle

C’est donc de Nice que l’affaire est partie. En 2011, le procureur de la République reçoit de nombreuses plaintes à propos d’une société niçoise de référencem­ent Web. Des plaintes qui arrivaient en cascade de toute la France. Deux ans après, Tracfin (Traitement du renseignem­ent et action contre les circuits financiers clandestin­s), organisme gouverneme­ntal chargé de la lutte contre la fraude, le blanchimen­t d’argent, s’invite dans le dossier en émettant deux signalemen­ts sur des opérations financière­s douteuses via la GrandeBret­agne ou encore la Lettonie. Le procureur de Nice ouvre alors une enquête préliminai­re, confiée au service national des douanes judiciaire­s. Mais le magistrat niçois se dessaisira au profit du procureur de Paris. C’est en avril 2016 que le réseau est démantelé. Vingt-sept personnes sont identifiée­s. Certaines d’entre elles interpellé­es. Dont les deux cerveaux de la gigantesqu­e arnaque, arrêtés à l’aéroport de Roissy. En tout, 24 sociétés écrans et une trentaine d’enseignes de référencem­ent Web ont été débusquées et mises en cause.

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