Etats-Unis - Europe, une mésentente cordiale?
de Ils sont venus, ils étaient tous là. Sous la verrière qui les abritait autour de la tombe du Soldat inconnu, pour célébrer les ans de l’armistice de , Vladimir Poutine était au côté de Brigitte Macron, Donald Trump était assis à côté d’Angela Merkel. Plus de chefs d’Etat et de gouvernement remontant ensemble, d’un pas égal, les Champs-Elysées vers l’Arc de triomphe, c’est l’image que l’on retiendra de la journée d’hier. Un réel succès diplomatique pour Emmanuel Macron qui en avait bien besoin après une difficile semaine d’itinérance dans l’Est et dans le Nord. Pourtant, les cérémonies, au déroulement impeccable, émouvantes souvent, ne sont pas arrivées à masquer la réalité : l’Europe et les Etats-Unis ne sont plus au diapason. Symbole de cette désunion : Donald Trump qui avait débarqué en France de très mauvaise humeur contre le Président français et avait paru se rasséréner par la suite, a choisi de faire cavalier seul dimanche après-midi. Alors qu’Emmanuel Macron et Angela Merkel ouvraient ensemble le forum international pour la paix à la Halle de la Villette de Paris, le Président américain, près du mont Valérien, rendait hommage aux soldats américains morts pendant la Grande Guerre. D’un côté, seul, Trump saluait à la fois les combattants d’hier et les militaires d’aujourd’hui ; de l’autre, le duo Merkel-Macron ouvrait le débat sur l’avenir dans le monde et en Europe. Les deux dirigeants le font au moment où l’Europe, précisément, n’est pas au mieux de sa forme : d’abord parce qu’elle ne peut plus compter désormais, ou si peu, sur les Etats-Unis pour assurer sa sécurité. Ensuite parce qu’on en mesure, en ce moment même, la fragilité. Angela Merkel contrainte d’annoncer qu’elle ne se sollicitera pas un nouveau mandat en , Theresa May confrontée à un Brexit difficile – absente d’ailleurs aux cérémonies parisiennes - la montée en Italie, en Hongrie, en Allemagne, d’un fort courant eurosceptique, parfois populiste, où patriotisme et nationalisme se confondent, autant de marques de ses faiblesses, peut-être irrémédiables. Y a-t-il une autre voie pour l’Europe de demain, ou bien celle-ci est condamnée, à moyenne ou brève échéance, à une crise mortelle ? Emmanuel Macron et Angela Merkel se tenaient par la main dans le wagon de l’armistice à Rethondes. Ce geste suffira-t-il pour sauver un nouvel ordre mondial dont ne veut plus Donald Trump.